Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  24 novembre 2024 — Fête du Christ, Roi de l’Univers — Année B — Clôture de la visite pastorale à Notre-Dame de la Mer en Pays fouesnantais — Église Saint-Pierre — (Fouesnant) (29)

24 novembre 2024 — Fête du Christ, Roi de l’Univers — Année B — Clôture de la visite pastorale à Notre-Dame de la Mer en Pays fouesnantais — Église Saint-Pierre — (Fouesnant) (29)

Dn 7, 13-14 ; Ps 92 ; Ap 1, 5-8 ; Jn 18, 33b-37

Frères et sœurs,

Nous clôturons aujourd’hui cette belle semaine de visite pastorale, et il se trouve que cela tombe en cette fête du Christ, Roi de l’univers. Et, justement, comme nous allons le voir, cela donne sens à toutes les activités que vous mettez en œuvre dans la paroisse.

Évidemment, l’expression « Roi de l’Univers » attribuée à Jésus peut surprendre ! D’ailleurs, Jésus ne renie pas le fait qu’il est roi, mais Il dit clairement : « ma royauté n’est pas de ce monde. » Il se méfie de ce titre quand il répond à Pilate : « c’est toi-même qui dis que je suis roi. » C’est un titre ambigu ! De fait, la royauté du Christ n’est vraiment pas « de ce monde », elle ne correspond pas du tout à la manière dont les rois de la terre exercent leur pouvoir. Comme Jésus le dit lui-même, il n’a pas d’armée pour se défendre, il est vulnérable et il n’a pas échappé à la mort sur la croix.

Mais alors, pourquoi lui donner ce titre de roi ? Et en plus Roi de l’univers ! Comment se manifeste cette royauté pour nous aujourd’hui ?

Jésus est roi, car il a un pouvoir sur la création. Non pas pour la détruire, mais pour la sauver. Sa royauté est universelle, car son pouvoir s’étend sur toute la création dont il est le co-auteur. Mais paradoxalement, Jésus révèle aussi pleinement sa royauté sur la Croix où Il a donné sa vie par amour pour nous. Un amour qui est allé jusqu’à la souffrance la plus extrême. Par sa Résurrection et le don de l’Esprit Saint, il continue de nous donner sa vie pour que l’humanité soit sauvée. Et cela jusqu’au jour où sa royauté sera manifestée à tous lors de son Avènement à la fin des temps. « Tout œil le verra, ils le verront, ceux qui l’ont transpercé. », comme nous l’avons entendu dans le livre de l’Apocalypse.
Mais d’ici là, seuls ceux qui écoutent la voix du Christ appartiennent à la vérité. La royauté du Christ ne s’impose pas par la force, puisqu’elle n’est pas de ce monde, mais elle se réalise en chacun de nous lorsque nous mettons en Jésus notre foi et que nous accueillons le don de son Esprit. Nous permettons alors au Christ de régner sur nous, et Lui nous fait entrer dans son Royaume qui est déjà au milieu de nous.
C’est bien ce Règne du Christ que l’Église s’efforce de faire grandir en mettant en œuvre la mission que Jésus lui a confiée d’annoncer la Bonne Nouvelle, de prier pour l’humanité souffrante, de célébrer les sacrements, de prendre soin des plus pauvres et de ceux qui sont loin, et de conduire le peuple de Dieu sur le chemin de la vie.

En cette fin de visite pastorale, il est bon de nous rappeler que nous sommes rassemblés ici pour étendre le Règne du Christ précisément. Bien sûr, je n’ai pas pu voir tout le monde ni visiter toutes les activités, mais cette immersion de cinq jours m’a permis tout de même de voir et d’écouter beaucoup de fidèles qui sont engagés dans un service paroissial.
Cette visite a permis aussi aux uns et aux autres de mieux se connaître et de réaliser qu’il y avait de nombreuses activités dans la paroisse : ceux qui assurent l’accueil, ceux qui participent à l’initiation chrétienne des jeunes et des adultes, le Service Évangélique aux malades, les groupes de prière, ceux qui préparent et animent la liturgie, les guides de funérailles, la solidarité avec les plus pauvres, ceux qui ont en charge la vie économique et l’entretien des bâtiments de la paroisse, ceux qui font le ménage de l’église, et bien d’autres.
Et bien sûr l’équipe pastorale appelée par le Père Matthieu pour le soutenir dans sa charge de conduire le peuple de Dieu que je lui ai confié au nom du Christ. En fait, c’est dans ce tissu de relations et d’activités paroissiales, où l’Esprit Saint est pleinement à l’œuvre, que le Royaume de Dieu se construit comme le levain dans la pâte !

Je ne vais pas développer cela de façon exhaustive, mais j’aimerais simplement évoquer quelques défis que je souhaite souligner ce matin.
D’abord la responsabilité commune que nous avons de soutenir nos écoles catholiques. J’ai entendu des critiques sur l’Enseignement catholique en particulier qu’elle n’était plus assez catholique. En fait, nos écoles subissent la sécularisation de la société, comme nos territoires paroissiaux. Elles sont donc devenues des terres de mission.
Les directrices que nous avons rencontrées sont motivées, mais elles ont besoin d’être soutenues par les parents et ceux-ci ne sont pas tous chrétiens. Comme partout nous avons besoin de témoins de la foi, car les enfants sont ouverts à cela. Merci aux paroissiennes qui s’y investissent pour la catéchèse. Il y a aussi un beau travail qui se poursuit actuellement à la Direction de l’Enseignement catholique pour chercher à rendre nos écoles catholiques plus missionnaires.
Un autre défi, qui est toujours à relever, c’est l’unité de la paroisse autour de son pasteur. Nous savons bien que beaucoup de choses peuvent diviser les fidèles : les sensibilités politiques ou religieuses, les options pastorales, sans parler des différences de caractère. Ce n’est pas nouveau et c’est comme cela dans toutes les paroisses !
Mais ce qui unit des fidèles si différents, c’est précisément que nous sommes tous là pour permettre au Christ de régner dans nos vies et dans la vie du monde. Les dons de son Esprit nous permettent de surmonter nos différences pour nous attacher à l’essentiel pour lequel nous aurons à rendre des comptes. C’est la mission que le Seigneur nous a confiée et pour laquelle nous sommes unis par notre baptême et notre confirmation. Celui qui fait l’unité, c’est le Christ. « Sans moi vous ne pouvez rien faire », dit Jésus (Jn 15, 5). Mettons toujours nos pas dans ceux de Jésus pour surmonter nos divisions, notamment par la prière sous toutes ses formes, très développée dans la paroisse.
Pour faire grandir cette unité, vous avez aussi la chance dans cette paroisse, d’avoir de nombreuses occasions de rencontres conviviales. Ces rencontres gratuites ne sont pas seulement sympathiques, elles sont vitales. Elles permettent d’apaiser les tensions entre les personnes. Les non-dits peuvent se dire, mais de façon charitable. On peut ainsi progresser ensemble dans la fraternité qui est toujours à construire avec l’aide du Seigneur.
Concernant la liturgie, vous avez pu méditer l’an dernier sur ma lettre pastorale : « Que tous soient un » (juin 2023). La liturgie est souvent une source de tension alors qu’elle devrait être au contraire un lieu de communion. Cela demande un effort de chacun.
Nous savons qu’il y a une grande variété de chants et c’est une vraie richesse, mais certains fidèles sont plus à l’aise dans des célébrations plus méditatives, plus classiques, d’autres apprécient plutôt l’animation par les jeunes, c’est normal. Mais finalement tout le monde peut être heureux dans cette diversité quand la liturgie est célébrée de façon digne et respectueuse de ce que demande l’Église, notamment pour la célébration des sacrements qui ne s’improvise pas. Il peut donc y avoir une grande diversité dans l’animation y compris dans des veillées de louange comme celle que nous avons eue vendredi soir.

Bien sûr, tout n’est pas parfait dans la paroisse. Nous avons encore beaucoup à faire pour nous convertir afin que nous soyons unis dans la diversité et que par notre témoignage le Règne du Christ puisse toucher les cœurs de tous les habitants de ce territoire.
Je promulguerai pour cela de nouvelles orientations diocésaines pour la mission lors de la grande fête diocésaine qui aura lieu au parc des expositions de la Penfeld à Brest le jour de la Pentecôte, le 8 juin prochain. Vous êtes tous invités pour cette journée de fête.

Rendons grâce à Dieu pour tout ce qu’il réalise au milieu de nous. Continuez à soutenir votre curé. Le Seigneur nous comble toujours bien au-delà de ce que nous pouvons désirer ou même imaginer. Amen.

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon