3 Jn 5-8 ; Ps 111 (112) ; Lc 18, 1-8
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et sœurs,
Au moment où nous reconnaissons à cette école son caractère ecclésial, nous recevons ces textes de la Parole de Dieu. Ce sont les textes du jour. On ne les a pas choisis spécialement pour aujourd’hui, mais je vous invite à accueillir cette Parole de Dieu qui nous est adressée en cette messe d’Action de grâce.
Je relève deux grands thèmes qui nous concernent particulièrement en ce jour : la question de la vérité — cette vérité que nous essayons évidemment de rejoindre dans l’enseignement intégral de l’école — et l’importance de la prière, en particulier ici la prière de demande.
Dans la première lecture, tirée de la troisième lettre de saint Jean, un des textes les plus courts de la Bible, il est beaucoup question de la vérité. Dans les premiers versets que nous n’avons pas entendus, saint Jean évoque ceux qui ont « rendu témoignage à la vérité » — c’est son expression — et il parle de la manière dont Gaïos, à qui il s’adresse, « marche dans la vérité ». Dans le passage que nous avons lu, il est question des « collaborateurs de la vérité », avec un rappel insistant sur cette notion fondamentale. Mais « qu’est-ce que la vérité ? », demandait Pilate à Jésus.
Dans cette lettre de saint Jean, la vérité, c’est vraiment le Christ et la Bonne Nouvelle qu’il a révélée. Jésus nous le dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6). Sa Parole est Vérité. En la méditant, telle qu’elle nous est rapportée dans les Évangiles, nous sommes absolument certains d’être sur le chemin de la vie, sur le chemin de la Vérité.
Cela guide aussi votre charte, où j’ai trouvé les quatre grands axes que vous suivez : la transmission d’un savoir, bien sûr, mais aussi l’éducation intégrale, corps, cœur, esprit. La foi, bien entendu, c’est-à-dire une relation avec le Christ, et pas seulement une connaissance du Credo. Et enfin, le service, dans lequel les parents s’investissent, et qui est vraiment au cœur de l’attitude évangélique, comme nous le rappelle le lavement des pieds, ce testament que Jésus a laissé à ses apôtres.
Tout cela se vit autour d’un fil rouge, celui de la vérité de l’Évangile, de la Parole du Christ, qui est vivant au milieu de nous et qui nous comble des dons de l’Esprit Saint.
L’objectif de l’école est donc d’aider les jeunes, et à travers eux leurs familles, à devenir des « collaborateurs de la vérité », pour relever deux défis majeurs d’aujourd’hui.
Le premier défi est de tenir bon dans la fidélité à l’Évangile, dans un monde sécularisé, traversé par des idéologies souvent très éloignées de la vérité. Et dans lequel, nous devons donc être capables de discerner entre ce qui est bon et ce qui ne l’est pas, entre ce qui fait grandir la dignité de la personne humaine et ce qui la met en danger. Pour cela, il est essentiel de nous former et de nous entraîner au combat spirituel, comme Jésus l’a vécu dans le désert, afin de conduire notre vie dans la vérité. Saint Paul nous dit : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien. » (Rm 12, 21)
Le deuxième défi est de devenir de vrais disciples de Jésus, des disciples-missionnaires. Cette école ne se veut pas comme une forteresse assiégée qui se protège du mal extérieur, mais plutôt comme un lieu où les enfants peuvent grandir solidement dans leur foi et leur vie, pour ne pas craindre de s’engager dans la société comme le levain dans la pâte, pour être des témoins joyeux de l’amour du Christ dans le monde. Un monde qui, au fond, n’est peut-être pas si éloigné du Seigneur, car nous faisons l’expérience actuellement que l’Esprit Saint agit vraiment dans les cœurs de personnes qui nous paraissent pourtant très éloignées de l’Église, avec une demande de baptême qui augmente beaucoup de la part de jeunes et d’adultes, mais aussi des adultes qui sont recommençants, c’est-à-dire qui ont été baptisés enfants et qui souhaitent maintenant recevoir la confirmation. Cette école doit donc aider les enfants et leurs familles à ne pas se replier sur elles-mêmes, mais à répondre à leur vocation de fonder des « églises domestiques » comme le disait saint Jean-Paul II, là où le Christ nous appelle et nous envoie vers ce monde qui a tant besoin d’être sauvé. C’est dans cet esprit que la tutelle de l’Emmanuel accepte de prendre cette école en charge : pour en faire une école de disciples-missionnaires, appelés à annoncer la Bonne Nouvelle.
Le second appel que nous recevons aujourd’hui dans l’Évangile, c’est celui de prier sans nous décourager. Dans cette école, la prière a déjà une grande place. On prie chaque jour. Je pense bien sûr à la prière de louange, où nous chantons notre joie de croire et notre amour du Seigneur. Une prière gratuite qui nous fait grandir dans la foi. Mais Jésus nous parle ici de la prière de demande, la prière d’intercession. Il nous demande de prier sans nous décourager.
Pourquoi pourrions-nous nous décourager ? Quand nous avons le sentiment de ne pas être exaucés, ou que notre prière pour les autres semble inutile. Cela peut nous amener à penser que cela ne sert à rien. Mais Jésus nous met en garde contre ce manque de foi, qui peut surgir face aux épreuves et aux difficultés. Sa dernière phrase est terrible : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Autrement dit, à son retour dans la gloire, y aura-t-il encore des croyants ? Est-ce que le feu d’amour qu’il a allumé sera encore présent et actif dans les cœurs ? Sera-t-il toujours accueilli par les personnes ? Bien sûr, cette mise en garde est un appel. Jésus nous dit : « Attention, ne soyez pas comme cela. » Il nous invite donc à prier avec foi, c’est-à-dire avec la conviction absolue que le Seigneur nous aime, qu’il nous écoute et qu’il nous donne ce qui est juste. Cela ne signifie pas qu’il nous donne toujours exactement ce que nous demandons, comme nous le souhaitons, car l’expression « Il leur fera justice » nous montre que nous ne pouvons donc pas demander n’importe quoi dans la prière. Celle-ci doit être ajustée à la volonté de Dieu. La prière juste est même celle qu’il nous inspire lui-même, car, comme l’écrit saint Paul : « Nous ne savons pas prier comme il faut. » (Rm 8, 26)
Recevons donc cet appel de Jésus à prier avec foi, sans nous décourager. Comme le dit le psaume : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain » (Ps 126, 1). Mettons l’avenir de nos enfants entre les mains du Seigneur. Mettons l’avenir du Cours Notre-Dame de Rumengol entre les mains du Seigneur afin qu’il nous aide à surmonter tous les défis qui se présentent. Prions également pour nos écoles de l’Enseignement catholique sous contrat, qui sont aujourd’hui de vraies terres de mission, et nous avons besoin d’y envoyer des témoins du Christ. Prions pour l’unité de l’Église, dont le Cours Notre-Dame de Rumengol est désormais un membre à part entière. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon