Jos 8, 30-35 ; Ps 117 ; Mt 5, 23-24
Chers amis,
Dans ce bref passage d’Évangile, Jésus montre à quel point l’autel est un lieu sacré et la démarche d’offrir un sacrifice pour se réconcilier avec Dieu nous engage aussi à régler nos conflits de personnes. Il y a un lien direct entre l’offrande faite sur l’autel, par amour de Dieu, et l’offrande de notre vie pour nos frères. « Si quelqu’un dit “j’aime Dieu”, alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur », nous dit saint Jean (1 Jn 4, 20). L’autel apparaît alors comme un lieu où s’exprime quelque chose d’essentiel dans notre relation à Dieu et aux autres. Or, lorsque Jésus va offrir sa propre vie sur la Croix pour nous sauver, en faisant précéder ce geste par l’institution de l’eucharistie à la dernière cène. C’est ce sacrifice de Jésus, ce don de sa vie, que nous continuons à célébrer sur l’autel. Comme le dit saint Paul : « Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. » (1 Co 11, 26)
Dans sa lettre DESIDERIO DESIDERAVI, le pape François nous dit : « Nous ne devrions pas nous permettre ne serait-ce qu’un seul instant de repos, sachant que tous n’ont pas encore reçu l’invitation à ce repas, ou que d’autres l’ont oubliée ou se sont perdus en chemin dans les méandres de la vie humaine. (…) afin que tous puissent s’asseoir au repas du sacrifice de l’Agneau et vivre de Lui. » (n° 5)
C’est dire à quel point l’autel est un lieu particulièrement sacré dans l’église !
Dans la prière de consécration que je vais chanter, il y a trois attributs qui nous font bien comprendre ce que représente l’autel placé dans le chœur de l’église : le symbole du Christ, la table de fête et la source d’unité de son peuple.
Je voudrais reprendre ces trois aspects :
Avec le sacrifice de Jésus, la signification de l’autel a trouvé vraiment son sens, mais il y a un lien très profond avec ce qui se célébrait déjà dans l’Ancienne Alliance. Pour nous, ce ne sont plus des animaux bien sûr que nous sacrifions sur l’autel en signe de communion, c’est le Christ qui a versé son sang une fois pour toutes sur l’autel de la croix et ce sang, signe de vie, nous délivre de nos péchés et nous fait entrer en communion parfaite avec Dieu.
C’est pourquoi cet autel recevra l’onction de Saint-Chrême, l’huile sainte… car le nom de Christ, signifie celui a reçu l’onction du Saint Esprit, comme nous l’avons reçue nous-mêmes à notre baptême et à notre confirmation.
Lorsqu’au début de la messe, le prêtre s’incline devant l’autel, le vénère en l’embrassant et qu’il l’encense, c’est bien le Christ qu’il vénère ainsi. Ce n’est pas un meuble ordinaire ! Et l’encensement manifeste aussi la présence de Dieu.
Accueillons ces belles paroles du pape François : « Continuons à nous émerveiller de la beauté de la liturgie. La Pâque nous a été donnée. Laissons-nous toucher par le désir que le Seigneur continue d’avoir de manger sa Pâque avec nous. » (DESIDERIO-DESIDERAVI n° 65)
En ce lieu où Saint Suliau est honoré pour avoir contribué à l’évangélisation de cette terre de Bretagne il y a environ 1400 ans, la consécration de cet autel est une nouvelle étape de l’annonce de la Bonne Nouvelle du Salut. Sur cet autel, le Christ continue de donner sa vie aux fidèles qui viendront participer à la messe et à nous qui y participons ce soir. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon