Ac3, 13-15.17-19 ; 1Jn 2, 1-5a ; Ps 117 Lc 24, 35-48
Intervention retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et sœurs,
Les textes du temps pascal nous aident à réfléchir sur le mystère de la mort et de la résurrection du Christ et chaque dimanche nous apporte des éléments nouveaux.
Aujourd’hui, les trois textes nous parlent du lien entre la mort et la résurrection du Christ et le pardon des péchés.
Spontanément, nous pouvons nous interroger sur le lien qui existe entre la Résurrection de Jésus et le pardon des péchés.
Dans la prédication que Jésus a faite avec ses disciples, en particulier les commentaires bibliques, pour leur faire comprendre le sens de sa mort et de sa résurrection, il y a un texte qui ressort et qui est lu dans la liturgie chrétienne le jour du Vendredi Saint : un passage du livre d’Isaïe aux chapitres 53, qui est un des « poèmes du Serviteur souffrant » ; textes très étonnants dans lesquels on a reconnu le visage du Christ. Lui-même a sûrement fait référence à ce texte lorsqu’Il a voulu faire comprendre à ses apôtres les Écritures.
Ce texte indique que le Serviteur souffrant a reçu sur ses épaules toutes les souffrances et les péchés du monde et a offert sa vie en sacrifice expiatoire, « par ses blessures nous sommes guéris », dit le prophète Isaïe. Ceci, nous ne pouvons pas le dire pour n’importe quel homme. Jésus, lui, incarne cette parole, car Il est le fils de Dieu lui-même et c’est sa résurrection qui va permettre aux apôtres de comprendre que, de fait, la mort du Christ est source de Salut pour l’humanité.
Une fois que l’on a compris cela, le lien entre la résurrection du Christ et le pardon des péchés apparaît comme une évidence.
Concrètement, comment cela se passe-t-il pour nous ?
Lorsque nous lisons les textes qui suivent la résurrection, dans les témoignages qui nous sont donnés, il y a comme un processus qui commence par la méditation des Écritures (et on le voit bien avec les disciples d’Emmaüs) qui nous permet de grandir dans la foi et de croire que Jésus est vraiment le Messie annoncé. Cette foi nous permet de passer à l’étape suivante qui est la conversion, les paroles du Christ devenant source de changement de vie. Cette conversion aboutit à un don de Dieu qui est le sacrement du baptême qui efface tous les péchés et nous fait entrer dans la vie de Dieu.
Nous constatons que ce processus correspond très exactement à la préparation des catéchumènes pour le baptême : nous commençons avec les catéchumènes par méditer la Parole de Dieu, nous les aidons à grandir dans la foi en Jésus qui est vraiment « le chemin, la vérité et la vie », de leur montrer que cela ne suffit pas d’avoir la foi, mais qu’il est nécessaire de changer de vie (renoncer à certaines pratiques, changer sa manière d’être avec les autres…) pour recevoir le baptême et les sacrements de l’initiation chrétienne (la confirmation et l’Eucharistie) qui vont donc être l’aboutissement de leur cheminement et l’entrée dans la vie nouvelle de chrétien.
C’est de cette manière, par le Mystère pascal, que le Seigneur nous sauve très concrètement dans notre existence.
Ce processus, très important pour les catéchumènes, nous le vivons nous-mêmes constamment en reprenant sans cesse ces différentes étapes par la méditation de la Parole de Dieu, car les chrétiens la méditent leur vie durant, elle nous aide à grandir dans la foi qui nous permet de grandir en sainteté et d’accueillir le don de Dieu dans le sacrement de pénitence et de réconciliation qui est en quelque sorte le renouvellement du baptême, et également bien sûr dans le sacrement de l’Eucharistie qui est la source et le sommet de toute la vie chrétienne.
C’est pour cette raison que ce sacrement de pénitence et de réconciliation est absolument nécessaire et non pas optionnel… car nous avons besoin de recevoir la grâce de Dieu pour vivre et accueillir les fruits du mystère pascal dans notre vie en étant pardonnés de nos péchés et en progressant dans notre vie chrétienne ! Comme le dit saint Jean dans la 2e lecture : « C’est lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement des nôtres, mais encore de ceux du monde entier. »
Pour conclure, je dirais que nous avons besoin nous-mêmes de ne pas abandonner ce chemin et de constamment faire ce cheminement de renouvellement de notre foi, sans baisser les bras, et donc de nous entraider les uns les autres par exemple au sein de groupes où l’on médite la Parole de Dieu, en redonnant aux sacrements toute leur importance. Tout cela est absolument nécessaire et vital dans notre vie chrétienne pour qu’elle soit vraiment renouvelée.
Frères et sœurs, demandons au Seigneur que ce temps pascal soit pour nous l’occasion de renouveler notre vie et notre engagement chrétien dans un monde qui est compliqué et où beaucoup de violences se développent un peu partout et à tous les niveaux (vie familiale, vie conjugale, vie scolaire, vie sociétale et vie du monde). En tant que chrétiens, si nous voulons être les témoins de la paix du Christ, de son espérance, de ce pardon et de ce Salut qu’Il apporte, nous avons le devoir de nous renouveler et de nous sanctifier sans cesse nous-mêmes. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon