EUR GER D’AL LENNER
(Ragskrid)
Sant Yann n’eo ket bet lakeet war roll ar zent. An Aotrou ’n Eskob Lamarche, eskob Kemper, e-noa greet kalz difreou e-keñver ar bureviou e Rom o klask kaoud e houlenn, med eun dra bennag a vanke d’ar mare-ze. Red e vefe bet kaoud paperiou o tiskouez e oa bet devosion evid ar zant etre 1534 ha 1580. Evel-se e oa al lezenn (lezenn embannet gand ar Pab Urbain VIII (1634). Seurt paperiou a zo bet kavet abaoe, hag an Aotrou ’n eskob Barbu e-noa lakeet en e zoñj kas an traou da benn. Greet e-neus ar goulenn. Goueliou braz a vo neuze e Sant-Nouga, e Landevenneg, e Roazon hag e Kemper. Mad e vefe rei da anaoud gwelloh buez ar zantig-mañ.
E galleg ez eus bet embannet kalzig traou :
– Da genta e levr an tad dominikan a Vontroulez, Albert Le Grand, « Vie des Saints de la Bretagne Armorique » (1637).
– Dom Lobineau « Vie des Saints de Bretagne » (1725).
– Gilberte Taburet (1959).
– An Tad Norbert (1911) diwar eun dornskrid eus ar 14 ed kantved.
Mad e oa ivez embann e vuez e brezoneg. Aotrou Person Sant Nouga, an Aotrou J. LE GRAND e-neus goulennet diganin ober al labour.
Goude beza lennet ar pez a zo bet skrivet e galleg (d’ezo eo lavared bennoz Doue, n’eo ket d-in-me) am-eus dastumet el levrig-mañ ar pez a gave d’in a blijfe d’al lenneier a hirio, na re hir, na re verr.
E Brezoneg ema, ar yez e-neus komzet Sant Yann diarhenn en e vugaleaj hag en e yaouankiz kenta.
Ar re n’int ket barreg war ar brezoneg a gavo, war lerh, bu-ez Santig Du e galleg.
AMZER AR ZANTIG DU E BREIZ
An amzer ma veve Santig Du a zo bet eun amzer a drubuill evid Breiz. Darvoudou poaniuz a zo deuet da waska or bro baour : ar gernez, ar vosenn, al lorgnez hag a-benn ar fin, ar brezel etre bretoned dispartiet e diou gostezenn.
AR BREZEL BLEIZ-MONFORZ
An Dug a Vreiz, Yann IIIed a varvas er bloavez 1341. Piou a gemero e blas ? Piou e-neus gwir war dugêlêz Vreiz hervez al lezenn hag ar hustummou ? N’eo ket sklêr ar gont tamm ebed.
Bez ez-eus Yann a Vonforz, hanter-breur d’an dug eet da anaon hag a gred dezañ ema ar gwir gantañ, ha Janed a Benthievre, nizez d’an dug maro, dimezet gand Charlez Bleiz, niz da Philippe de Valois, roue Frañz. Charlez Bleiz, eñ ive, a lavar eo dezañ beza dug a Vreiz warlerh Yann IIIed. An eil hag egile a zalhas mort hag e strakas ar brezel. Yann a Vonforz a oa harpet ha sikouret gand roue Bro-Zaoz. Tri bloaz war n-ugent e pado ar brezel gand freuz ha reuz (1341-1364). E Alre e oa ar hrogad diweza d’an 29 a viz gwengolo 1364 ; Charlez Bleiz a oa lazet hag e armead dismantret. Janed a Benthievre ne glaskas ket mond pelloh hag e oe sinet ar peoh e Guerande.
SALAUN AR FOLL
E doug ar brezel-se eo e kavom istor Salaun ar Foll. (War-dro 1360 e vez deiziet burzud al lilienn savet war e vez). Salaün a zo ganet moarvad e bro Leon hervez an Tad Noel Mars (1648). Goude-ze e vije bet skoliet e abbati Landevenneg ; bevet e-neus ’giz ermit e koajou Lampigou. Eun dervez e tegouezas gand eur vandenn soudarded, diouz kostez Lesneven, hag e oe goulennet outañ gand piou edo a-du, pe gand Bleiz pe gand Monforz : « Me emezañ, n’emaon a-du na gand Bleiz na gand Monforz ; me a zo servijer an ltron Varia ! – Ave Maria Salaün a zebrfe bara ! » – Hag e oe lezet da vond en e roud gand, a lavar lod, eur skolpad mad a vara-torz, bara segal, roet dezañ gand ar zoudarded.
AR FRANSISKANED
Santig Du a oa fransiskan. Ar Fransiskaned a zeuas abred da Vreiz. Sant Fransez a oa maro er bloavez 1226 ha setu digoret nebeud amzer goude koueñchou e Breiz : Kemper ha Roazon e 1230, an Naoned e 1250, Gwened e 1260.
SANT ERWAN
Amzer ar Zantig Du a zo ivez hini Sant Erwan Helouri ganet e minihy-Landreger e 1253 ha maro e Landreger e 1303, er bloavez end-eeun ma oa beleget Santig Du, d’an oad a bevar bloaz war ’n ugent. Buan awalh o-dije kejet an eil gand egile ; med Santig Du da vianna n’oa ket bet heb beza klevet brud euz santelez aotrou Person Tredrez ha Louaneg, parreziou euz eskopti Landreger ; Sant Erwan a oe bet lakeet war roll ar zent er bloavez 1347 d’an 19 a viz mae, daou vloaz araog maro Santig Du.
Er poenchou-se ivez e veve Sant Anton a Badoue en ltali (1195-1231) ha Sant Visant Ferrier e Bro Katalonia (1357-1419). Eur breizad all, brudet, Du Guesclin, ganet e Broons er bloavez 1320 a oa en em lakeet e servij Charlez Bleiz.
Plijet gand Doue lakaad da vleunia e-touez bretoned on amzer ar perziou mad o-deus greet santelez Sant Yann : mad da bedi, troet da ober pinijenn, distag diouz madou hag enoriou ar bed.
Plijet gand an Iliz renta d’or zantig bian a Vreiz an enor a zo dleet dezañ !
Visant FAVE
Saint Jean Discalcéat n’a pas [encore] été canonisé, inscrit sur la liste des saints. Mgr Lamarche, évêque de Quimper [de 1887 à 1892], avait fait maintes requêtes auprès des congrégations romaines pour promouvoir la cause, mais il manquait certains éléments : [ainsi], il eût fallu, selon le droit de l’Église (la constitution [Cælestis Hierusalem] promulguée par le pape Urbain VIII en 1634), pouvoir présenter des documents montrant que la dévotion pour [notre] saint avait été ininterrompue, notamment entre 1534 et 1580. De tels documents ont été retrouvés, et Mgr Barbu [évêque de Quimper de 1968 à 1989] a pensé relancer la procédure. Il en a fait la demande. [Si la procédure aboutit] il y aura alors de grandes fêtes à Saint-Vougay, Landévennec, Rennes et Quimper. Il serait souhaitable de faire mieux connaître la vie de ce petit saint.
Plusieurs ouvrages ont paru en français sur lui :
– En premier lieu, une notice dans la Vie des Saints de Bretagne du père dominicain de Morlaix, Albert Le Grand (1637).
– Une notice également dans Dom Lobineau, Vie des Saints de Bretagne (1725).
– [Plus récemment], Santik-du 1280-1349 de Gilberte Taburet (1959).
– L’ouvrage du Père Norbert (1911) d’après un manuscrit du 14e siècle.
Il était également souhaitable de publier sa vie en breton. Monsieur le Recteur de Saint-Vougay, Monsieur LE GRAND m’a demandé de bien vouloir faire ce travail.
Après avoir lu ce qui avait été écrit en français (et ce sont ces auteurs qu’il faut remercier, non pas moi), j’ai recueilli dans ce petit livre ce qui me semblait de nature à plaire au lecteur d’aujourd’hui, en n’étant ni trop long, ni trop court.
L’ouvrage est donc rédigé en breton, la langue parlée par saint Jean Discalcéat dans son enfance et dans sa première jeunesse.
Pour ceux qui ne maîtriseraient pas le breton, on donnera à la suite, en français, cette vie de Santig Du.
À l’époque de Santig Du, la Bretagne vivait des temps troublés. Une succession de fléaux était venue opprimer notre pauvre pays : la famine, la peste, la lèpre, et si ce n’était pas suffisant, la guerre entre Bretons où deux partis s’affrontaient.
Le Duc de Bretagne Jean III mourut dans l’année 1341. Qui prendrait sa suite ? Qui avait des droits sur le duché de Bretagne, selon la loi et la coutume ? Cela n’était pas clair du tout.
Il y avait [d’une part] Jean de Montfort, demi-frère du défunt duc, qui croyait avoir le droit pour lui, et [d’autre part] Jeanne de Penthièvre, nièce du défunt, mariée à Charles de Blois, neveu de Philippe de Valois, roi de France. Charles de Blois disait qu’il lui revenait d’être duc de Bretagne après Jean III. L’un et l’autre campèrent sur leurs positions et la guerre éclata. Jean de Montfort eut l’appui et le secours du roi d’Angleterre. La guerre dura vingt-trois ans, avec son cortège de destructions et de ravages (1341-1364). Le dernier combat eut lieu à Auray le 29 septembre 1364 ; Charles de Blois fut tué et son armée fut écrasée. Jeanne de Penthièvre ne chercha pas à poursuivre la guerre, et signa la paix à Guérande.
C’est au cours de cette guerre que se place l’histoire de Salaün ar Fol. (On date de 1360 le miracle du lys sur sa tombe). Selon le Père [bénédictin] Noël Mars (de Landévennec, qui écrivait en 1648), Salaün est sans doute né dans le Léon. Il aurait été scolarisé à l’abbaye de Landévennec, puis il vécut en ermite dans les bois de Lampigou. Un jour, non loin de Lesneven, il tomba sur une bande de soldats, qui lui demandèrent de quel côté était-il, avec Blois ou avec Montfort. « Moi, répondit-il, je ne suis ni avec Blois ni avec Montfort ; je suis le serviteur de Notre-Dame ! » Il ajouta : « Ave Maria, Salaün mangerait du pain ! » Les soldats le laissèrent là, et selon certains, en lui donnant un bon morceau d’une miche de pain de seigle.
Santig Du était franciscain. Les franciscains étaient venus tôt en Bretagne. Saint François était mort en 1226 et voilà qu’un peu plus tard des couvents furent fondés en Bretagne : à Quimper et à Rennes en 1230, à Nantes en 1250, et à Vannes en 1260.
L’époque de Santig Du est aussi celle de Saint Yves, né au Minihi Tréguier en 1253 et mort à Tréguier en 1303, précisément l’année où Santig Du fut ordonné prêtre, à l’âge de vingt-quatre ans. Ils furent assez vite associés ; mais Santig Du dans sa jeunesse avait sans aucun doute entendu parler de la réputation de sainteté du saint Recteur des paroisses de Trédrez et de Louannec, dans le diocèse de Tréguier ; saint Yves fut canonisé le 19 mai de l’année 1347, deux années avant la mort de Santig Du.
Ce temps-là est aussi celui saint Antoine de Padoue en Italie (1195-1231) et de saint Vincent Ferrier en Catalogne (1357-1419). Et d’un autre breton, tout aussi célèbre, Du Guesclin, né à Broons en l’année 1320, qui s’était mis au service de Charles de Blois.
Plaise à Dieu que fleurissent parmi les bretons de notre temps les magnifiques vertus qui ont fait la sainteté de Jean Discalcéat : amour de la prière, pénitence, détachement des biens et des honneurs du monde !
Qu’il plaise à l’Église de rendre [un jour] à notre petit saint breton l’honneur qui lui est dû !
Visant FAVÉ
(traduction française par Hervé Queinnec)