Ac 10, 34a.37-43 ; Ps 117 (118) ; Col 3, 1-4 ; Jn 20, 1-9
Frères et sœurs,
Je voudrais à travers cette homélie, montrer à quel point la Résurrection du Christ a un impact dans notre vie. Un impact bienfaisant et salutaire. Notamment par l’expérience que nous pouvons faire nous-mêmes de la présence à nos côtés de Jésus vivant, mais aussi par l’engagement dans la vie du monde que cela représente pour nous baptisés.
Ce récit que nous venons d’entendre de la découverte du tombeau vide par Marie-Madeleine puis de Pierre et un autre disciple, Jean sans doute, fait partie des témoignages des premiers témoins de la Résurrection du Christ.
Contrairement à l’ensemble des récits évangéliques, ces témoignages, qui évoquent sa Résurrection, sont assez disparates et semblent parfois manquer de cohérence entre eux. Certains théologiens y voient là une origine primitive et une marque d’authenticité, d’autant plus qu’ils sont rapportés par des personnes très différentes. Ils nous donnent là une belle confirmation de la réalité de l’événement de la Résurrection.
Ces témoignages font ressortir l’expérience personnelle que les disciples ont faite de Jésus Ressuscité, et rarement isolée, car un témoignage n’est valable que sur le dire de deux ou trois témoins. Saint Paul dira même que Jésus est apparu à plus de 500 frères à la fois !
Cette expérience de la rencontre de Jésus passe par des signes. Ici la pierre très lourde du tombeau qui a été enlevée, mais aussi les linges et le suaire qui avaient recouvert le corps et la tête de Jésus et qui sont restés en place dans le tombeau. D’autres récits comme l’Évangile de cette nuit évoquaient un jeune homme vêtu de blanc qui leur annonce la Bonne Nouvelle et qui leur montre l’endroit du tombeau où Jésus avait été déposé. D’autres récits évangéliques évoquent bien sûr les apparitions de Jésus qui dureront jusqu’à l’Ascension.
Cette expérience de la rencontre de Jésus vivant, les néophytes, baptisés hier, l’ont faite aussi, de façon différente, car on ne peut plus voir Jésus, mais comme dans l’Évangile, il y a des signes qui les ont éclairés comme j’ai pu le lire dans les lettres qu’ils m’ont envoyées pour me demander le baptême.
Cela a pu être une grande épreuve personnelle qui a donné envie de trouver le chemin de la foi. Pour d’autres, une expérience d’Église particulièrement forte lors d’une belle cérémonie, ou d’un pardon breton. Notamment, le fait de s’y sentir bien, heureux, dans la paix. De ressentir un cœur brûlant comme les disciples d’Emmaüs.
Cela a pu venir aussi d’une lecture de la Bible qui a été éclairante… Ou encore la joie communicative d’une personne croyante, parfois de son conjoint ou même de ses propres enfants ! En fait c’est souvent un ensemble de signes qui ont donné déjà un germe de foi en Jésus et l’envie d’en savoir plus.
Nous aussi, déjà baptisés, il y a eu des moments forts dans notre vie personnelle et dans la vie de l’Église qui nous ont donné la conviction intérieure que Jésus est bien vivant et qu’il est là, à nos côtés.
Il est évident que nous ne faisons pas tous les jours une expérience forte, et pour certaines personnes, il n’y aura peut-être jamais d’expérience forte, mais plutôt une conviction intérieure, une paix. En tous les cas, il est important de garder en mémoire tous ces moments de notre vie où Dieu nous a visités, cela nous donne la force de tenir bon dans des moments plus difficiles en étant toujours habités par la foi, l’espérance et la charité.
Cette expérience personnelle et collective de la rencontre de Jésus, de façon très diverse comme je viens de le dire, est un premier aspect essentiel de notre vie de foi. C’est l’expérience que Jésus nous sauve. Il nous libère de la tristesse, de l’angoisse de la mort et nous donne une joie profonde de vivre et d’aimer.
En cette période de l’histoire marquée par des conflits armés et des défis à relever pour l’avenir de notre planète, il est essentiel de renforcer notre foi en Jésus vainqueur de la mort, par la prière, la méditation de l’Évangile, la fidélité aux sacrements du pardon et de l’eucharistie, et aussi une vie d’Église avec les autres fidèles en commençant par la prière commune.
Mais, comme je l’évoquais au début, cette expérience ne suffit pas, Jésus nous invite à le suivre, à nous engager, à témoigner de notre foi autour de nous, à être des témoins en ce monde de son amour et de l’espérance, et pour cela il nous donne la grâce de devenir ses disciples et même ses amis. C’est cette grâce que les catéchumènes ont reçue hier soir dans les sacrements de l’initiation chrétienne. Sacrements par lesquels Dieu lui-même, par le don de l’Esprit Saint, leur a accordé le pardon de tous leurs péchés et leur donne maintenant la force et la joie de vivre « une vie nouvelle » pour reprendre l’expression de saint Paul. Une vie selon l’Évangile et habitée par la présence aimante du Seigneur Jésus.
Et la fête de Pâques est pour nous tous, baptisés, l’occasion qui nous est donnée chaque année de raviver notre joie d’être chrétien et l’engagement que cela représente de vivre à la suite de Jésus. « Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre », nous dit saint Paul, c’est-à-dire mettons toujours comme priorité dans notre vie ce qui demeure, comme les belles relations humaines, et non à ce qui est périssable ! Nous serons jugés sur l’amour !
Enfin, ce don de Dieu n’est pas seulement pour cette vie, il nous fait entrer dès maintenant dans la vie éternelle. Car si nous sommes de fidèles disciples et amis de Jésus en cette vie, nous le serons toujours après notre mort, comme le dit saint Paul : « Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire. »
Frères et Sœurs, dans quelques instants nous allons chanter le Credo afin de renouveler notre engagement baptismal. Que cette fête de Pâques soit pour nous l’occasion d’accueillir de façons renouvelées la joie de l’espérance que nous donne la foi en Jésus Ressuscité. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon