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29 mars 2024 — Vendredi Saint — Cathédrale Saint-Corentin — Quimper (29)


Is 52, 13-53, 12 ; Ps 30 ; He 4, 14-16. 5, 7-9 ; Jn 18, 1-19, 42

Frères et sœurs,

Pourquoi la Croix ? Pourquoi toute cette souffrance ? Et en quoi cette souffrance et la mort de Jésus peuvent-elles être une source de vie pour nous et pour l’humanité ?

Dans l’histoire, il y a eu beaucoup d’hommes et de femmes qui ont donné leur vie pour sauver des personnes. On pense aux sauveteurs en mer, aux pompiers qui ont perdu la vie en sauvant des gens, on pense aussi à une figure remarquable comme le père saint Maximilien KOLBE qui a volontairement échangé sa vie contre celle d’un père de famille qui était condamné par les nazis à mourir de faim et de soif.
Pourtant, aucune de ces personnes remarquables ne peut être comparée à Jésus et au don qu’Il a fait de sa vie pour nous sauver. Comme le dit le prophète Isaïe dans la première lecture : « En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. » Mais qui peut prétendre porter nos souffrances ?
Et le prophète ajoute : « Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris. »
Mais qui sur la terre est capable de nous guérir par ses blessures ? Cela paraît tellement contradictoire, impossible !
Et plus encore, Isaïe nous dit « il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs. » Mais aucun être humain ne peut porter le péché des multitudes ! C’est impossible !

Jésus, pourtant, a pu réaliser tout cela non seulement par son humanité, mais aussi par sa divinité. Jésus a supporté dans sa chair, l’injustice, les moqueries, la souffrance et la mort, mais sans que le Mal puisse le dominer. Depuis les tentations au désert au début de son ministère public, jusqu’à sa mort sur la Croix, Jésus a lutté contre le Mal et Il en a délivré beaucoup de personnes, mais Il n’a jamais laissé le Mal le vaincre. Il n’a jugé ni condamné personne. Il n’a pas hésité à s’approcher des pécheurs et à leur tendre la main. Il a pardonné à ceux qui l’ont mis à mort. Il a incarné l’amour de Dieu dans sa perfection.
Déjà dans le désert, après sa victoire sur les tentations, les anges le servaient. Par sa Résurrection, son amour est sorti victorieux même de la mort et Il a ouvert la porte de la vie pour que nous puissions y entrer nous-mêmes.
Il a donc pu réaliser cela, car Il a vécu dans sa chair ce que les hommes et les femmes de ce monde peuvent vivre, mais le fait qu’il soit « Dieu, né de Dieu… » comme nous l’affirmons dans le Credo, lui donne le pouvoir de « porter le péché des multitudes et d’intercéder pour les pécheurs » que nous sommes.

Le salut par la Croix de Jésus est un grand mystère, mais nous accueillons ce que Jésus a dit aux disciples d’Emmaüs le soir de la Résurrection : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »
« Celui qui veut Jésus sans la croix, trouvera la croix sans Jésus. » Qu’est-ce que cela veut dire ?
Celui qui veut Jésus sans la croix, c’est celui qui ne retient de Jésus que son amour et sa miséricorde, mais qui refuse « d’entrer par la porte étroite » ou de porter sa croix à la suite de Jésus, c’est-à-dire de conformer sa vie aux exigences de l’Évangile. Je le dis pour les catéchumènes qui sont présents ce soir, devenir chrétiens c’est exigeant et cela demande un vrai don de soi et des renoncements pour imiter l’amour de Jésus et progresser sur un chemin de sainteté.
Mais en refusant cela, nous risquons de trouver la croix sans Jésus, c’est-à-dire les difficultés et les échecs de l’existence auxquels nous ne pouvons pas échapper, mais sans avoir le Salut que donne Jésus, et le réconfort de la joie spirituelle dont Il nous comble par le don de l’Esprit Saint.

Frères et sœurs,
Adorons la Croix de Jésus, car elle est devenue le signe de l’amour inconditionnel de Dieu à notre égard et la source de notre salut. Amen.

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon