Disons-le d’emblée : lors du vote à Versailles de lundi dernier, le courage n’a pas été du côté de ceux qui ont dit oui (780 votants), mais de ceux qui ont dit non (72 votants), car l’opinion était acquise à la réalité ‘transparente’ de l’embryon, au fait qu’il n’est rien, et donc qu’on n’en parle même pas dans les débats. On peut le supprimer, car il n’est pas une personne juridiquement parlant. Il n’est donc rien, philosophiquement parlant, pour 90 % des Français ! Depuis des décennies, l’école a bien fait son travail de sape dans les cours de biologie : nier l’identité de l’embryon comme être humain ! Et voici le jour où l’on inscrit dans le fondement de la loi de la République qu’il faut ‘sanctuariser’ le droit des femmes à l’interruption de grossesse, c’est-à-dire à nier ce qu’elles portent en elle : un enfant à naître !
Seule l’Église catholique, comme institution, s’est opposée à cette inscription. Le courage est aussi de son côté !
Le prêtre que je suis réagit ainsi à partir de deux types d’expériences :
Ces deux types d’expérience (d’écoute et de réflexion) m’ont appris à ne pas me réjouir des ouvertures de la loi à l’avortement : passer de 12 semaines à 14 semaines puis à 16 semaines, enlever la clause de détresse, etc… et maintenant inscrire dans la Constitution française le ‘droit’ à l’IVG. On oublie le droit de l’embryon à être respecté : « la loi assure la primauté de la personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie » (article 16 du Code civil), l’avortement restant une exception à cette loi. C’est ce que disait Simone Veil dans son discours à l’Assemblée en 1975 : « Je le dis avec toute ma conviction : l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue. Mais comment le tolérer sans qu’il perde ce caractère d’exception, sans que la société paraisse l’encourager ». Combat de deux droits ou plutôt oubli du droit de l’être humain qu’est l’embryon ?
Tout cela est atterrant : le fondement de la loi française contient maintenant dans son cadre structurant de République le ‘droit de tuer’, alors qu’a été supprimée la peine de mort en 1981. « Fierté française, message universel », s’est félicité, sur X, le chef de l’État, Emmanuel Macron. J’avoue mon écœurement en voyant la liesse du Parlement après le vote ! Certes, nous sommes en démocratie : c’est la loi du plus grand nombre qui prévaut… mais on a le droit de dire son désaccord en conscience ! Le 29 février dernier, les évêques de France exprimaient déjà leur « tristesse » face au vote du Sénat et elle complétait : « Alors que sont mises à la lumière les violences nombreuses faites aux femmes et aux enfants, la Constitution de notre pays se serait honorée d’inscrire en son cœur la protection des femmes et des enfants ».
Protection de l’enfant à naître aujourd’hui ; protection du vieillard qui va mourir demain ! Rendez-vous dans deux mois pour une autre ‘mise en mort’ : la dépénalisation de l’euthanasie ! La France va mal ! Qui s’en soucie ?
Père Jean-Michel Moysan, prêtre, formateur en éthique chrétienne, curé de Morlaix