Is 9, 1-6 ; Ps 95 ; Tite 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14
Intervention retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et sœurs,
Dans l’allégresse, avec les enfants, nous venons de cheminer en procession en direction de la crèche. La crèche revêt une fascination universelle, et pas seulement pour les enfants, qui va au-delà du fait culturel. La crèche s’avère toutefois dérangeante pour certains qui ne supportent pas qu’elle puisse être exposée dans les lieux publics, car c’est un symbole religieux. La crèche, en silence, délivre donc un message… un message qui parle à tous, un langage muet, mais profond. Elle nous parle de l’amour de Dieu et nous dit beaucoup de choses sur cet amour de Dieu. Aujourd’hui, je souhaite partager avec vous trois aspects que j’ai relevés sur cette humble étable qu’est la crèche.
En premier lieu, lorsque nous contemplons la crèche, au-delà de la Sainte Famille que forme Jésus, Marie et Joseph, il y a l’âne, le bœuf et la paille. Nous ne sommes donc pas dans une maternité ! Tout cela révèle la pauvreté et à travers elle l’humilité de Dieu. Le nom même « Jésus » signifie « le Seigneur sauve ». Mais, concrètement, Il sauve de quoi ? Il nous délivre de notre orgueil, du mal dans notre cœur, de nos manques d’amour. Il vient nous pardonner, s’incarnant parmi nous, se faisant homme pour que nous entrions dans la vie de Dieu pour toujours, même après la mort.
Jésus n’utilise pas la force ni la violence pour cela. Il ne nous sauve pas d’en haut, mais d’en bas, en se faisant l’un de nous, et en choisissant la paille de l’étable comme berceau.
L’humilité de Dieu révèle une vulnérabilité apparente, à l’image de la Croix, mais aussi une force incommensurable : celle de l’amour qui sauve le monde.
Dans un monde marqué par la violence et la guerre, Jésus vient apporter la tendresse et l’amour, dans l’humilité d’une naissance pauvre dans des conditions précaires. En cette nuit de Noël, laissons-nous toucher par l’amour de Dieu qui s’est fait homme en Jésus pour nous sauver.
Ensuite, devant la crèche, se tiennent les bergers et les mages. Leur présence n’est pas motivée par la simple curiosité. Ils viennent adorer non pas un simple nouveau-né, mais le Messie de Dieu, Dieu lui-même.
Frères et sœurs, ce n’est pas nous qui sommes à la recherche de Dieu, comme s’il se cachait quelque part dans le ciel ; c’est Dieu qui vient vers nous ; c’est Lui qui nous cherche. Il frappe à la porte de notre cœur, attendant patiemment que nous lui ouvrions notre cœur, notre intelligence et nos mains pour le servir auprès de nos frères dans le besoin.
Enfin, devant la crèche, se dressent divers santons représentants non seulement de grands saints, mais également des personnes ordinaires — une représentation de la grande famille de l’humanité. Pourquoi avoir ajouté des santons ? Ce n’est pas dans l’Évangile pourtant. En fait, ils nous représentent. Ce sont les hommes et les femmes de toutes les époques. Leur présence souligne que la naissance de Jésus, il y a 2023 ans, n’est pas pour autant un événement qui appartient au passé. Non, c’est un événement toujours actuel, incarné par l’Emmanuel, Dieu avec nous. « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 16-20) nous dit Jésus et de fait, Il l’est : par son Église qui continue de faire connaître sa Parole de vie, de célébrer les sacrements et par son Esprit Saint et les multiples dons dont il nous comble.
Frères et sœurs, ne faisons pas comme si Jésus n’était pas là en gardant notre porte fermée comme la salle commune de Bethléem qui a refusé de le recevoir. En faisant ainsi, nous passerions alors à côté de l’essentiel : notre vie, notre avenir, notre salut et celui de toute l’humanité. En ce monde inquiet pour son avenir, Jésus nous rappelle qu’Il est bien là et que dans l’humilité, son amour continue de travailler le cœur de beaucoup de personnes, jusqu’à son retour dans la gloire, à la fin des temps, quand il viendra pour juger les vivants et les morts. En cette nuit de Noël, soyons remplis de joie et d’espérance en cette nuit de Noël, car Jésus vient nous sauver. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon