Is 63, 16b-17.19b ; 64, 2b-7 ; Ps 79 ; 1 Co 1, 3-9 ; Mc 13, 33-37
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et sœurs,
Je ne vous cache pas que j’ai été choqué ces derniers temps par les propositions commerciales entourant les calendriers de l’Avent : pour vendre des saucissons, des confitures, des chocolats ou des cosmétiques… Même la SNCF propose un calendrier de l’Avent… Tous ignorent sans doute la véritable signification du mot « Avent » !
Pour nous, ici, c’est clair : le terme Avent vient du mot « Avènement », l’Avènement du Christ, un Avènement par étapes, pour ainsi dire :
Tout d’abord, son Avènement dans le monde, son Incarnation que nous nous apprêtons à célébrer à Noël ;
Et son Avènement à la fin des temps, lorsqu’il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts.
Ces deux Avènements sont liés dans le temps de l’Avent, et entre eux, s’intercale un troisième : son Avènement au cœur de son Église avec l’annonce de la Bonne Nouvelle et les sacrements qui sont donnés. Ainsi, le Christ continue de nous accompagner jusqu’à l’Avènement final qui peut sembler éloigné, mais, comme le rappelle saint Pierre, « un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour ». Nos perceptions temporelles diffèrent donc radicalement.
Le temps de l’Avent doit ainsi nous aider à nous préparer à accueillir cet Avènement du Christ dans notre vie et dans la vie du monde. Un calendrier de l’Avent digne de ce nom doit nous aider jour après jour à vivre un renouvellement de notre foi et de notre espérance, un temps de conversion pour replacer le Christ au cœur de notre existence et de celle de nos familles et de l’Église. Plus que jamais, nous devons raviver notre foi en l’Avènement du Christ qui donne sens à notre existence de croyants face à l’évolution du monde et de la société. Il nous faut ancrer dans nos cœurs un cap, une espérance : la certitude que l’œuvre de Salut s’accomplit en Jésus-Christ et se réalise, malgré les apparences, comme le levain dans la pâte, jusqu’à son Avènement glorieux à la fin des temps.
Les lectures liturgiques de l’Avent nous disent l’urgence de nous réveiller, car la parole du prophète Isaïe que nous avons entendue en première lecture est aussi la nôtre : « “Notre-rédempteur-depuis-toujours”, tel est ton nom. Pourquoi, Seigneur, nous laisses-tu errer hors de tes chemins ? » Un vibrant appel qui trouve sa réponse dans le même texte et qui s’est réalisé dans l’Avènement du Christ, comme le prophète l’avait annoncé : « Voici que tu es descendu (…) jamais on n’a entendu, jamais on a ouï dire, nul œil n’a jamais vu un autre Dieu que toi agir ainsi pour celui qui l’attend. », et un peu plus loin « Tu viens rencontrer celui qui pratique avec joie la justice, qui se souvient de toi en suivant tes chemins. »
Ce grand chant d’espérance et de foi, j’ai pu l’entendre et le constater dans les différentes rencontres de cette visite pastorale qui s’achève. Il est impressionnant de combien de personnes qui ont répondu à l’appel du Christ dans une grande diversité d’engagements :
Les étudiants et jeunes professionnels qui viennent chaque semaine à Duc in Altum pour approfondir leur foi et adorer le Christ,
Tout ce qui se fait à Misson Saint-Luc où j’ai effectué ma visite pastorale le 4 octobre dernier,
Les équipes d’aumôneries de la Santé qui se font proches des malades et des personnes en fin de vie, que ce soit à l’hôpital, dans les EHPADs ou à domicile,
Les personnes qui préparent les familles aux sacrements du baptême, du mariage et qui accompagnent les familles en deuil
Les personnes qui assurent la catéchèse des enfants, des jeunes ou des adultes,
Les éducateurs et les enseignants dans les établissements scolaires,
Tous ceux en charge des affaires économiques de la paroisse et des aspects matériels,
Ceux qui apportent du réconfort aux personnes sans domicile ou en grande précarité matérielle et morale,
Ceux qui se rassemblent pour une prière d’intercession ou pour participent à l’adoration perpétuelle du Saint-Sacrement, qui reprend ce soir à Saint-Louis
Les religieuses, les diacres, les laïcs qui ont répondu à l’appel du Seigneur pour annoncer la Bonne Nouvelle de différentes manières,
Les prêtres qui agissent au nom du Christ pour conduire le peuple de Dieu et le sanctifier par les sacrements,
Toutes les œuvres d’apostolat que nous accomplissons dans cette paroisse, et dans toute l’Église, contribuent à étendre le Règne de Dieu dans le cœur des personnes. C’est notre manière de veiller, comme nous y invite Jésus dans l’Évangile.
Entre son Avènement en ce monde et son Retour dans la gloire, Jésus « a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et demandé au portier de veiller. »
Le portier, c’est peut-être moi, puisque le mot « évêque » veut dire, entre autres « veilleur ». Je veille sur le Peuple que Dieu m’a confié, et c’est pourquoi j’ai effectué cette visite pastorale dans votre paroisse.
Cependant, Jésus nous invite tous à veiller en travaillant à son œuvre de Salut.
Frères et sœurs, le risque pour nous serait de nous décourager face au défi de vivre et d’annoncer l’Évangile aux hommes de ce temps, face à l’incroyance, face à la violence des vents contraires. C’est pour cette raison que Jésus nous met en garde : « Il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis », et il ajoute « ce que je vous dis là, je le dis à tous : “Veillez !”. » C’est justement pour être de bons veilleurs et pour ne pas nous endormir que nous entrons dans cette période de l’Avent, avec une liturgie quotidienne qui nous prépare à cet Avènement. Il existe de très bons calendriers de l’Avent… Sachons choisir celui qui peut nous aider et aider nos enfants qui ont besoin aussi de sentir cette progression. Le Seigneur est là pour nous accompagner dans cette démarche qui nous prépare à fêter l’Avènement du Christ qui a eu lieu à Bethléem, mais aussi son Avènement glorieux à la fin des temps, lorsque son œuvre de Salut pour toute l’humanité arrivera à son aboutissement et que nous serons avec Lui pour toujours. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon