Ez 34, 11-12.15-17 ; Ps 22 ; 1 Co 15, 20-26a.28 ; Mt 25, 31-46
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et sœurs,
Cette nuit, en cette fête du Christ Roi de l’Univers, un certain nombre de jeunes et de prêtres ont marché et ont prié pour les vocations.
Permettez-moi de partager avec vous quelques réflexions sur ces vocations et sur notre vocation commune.
Nous croyons que Dieu appelle chacun d’entre nous à s’engager à sa suite de différentes manières, à travers diverses vocations.
Certaines plus spécifiques, comme celle de prêtre, sans laquelle l’Église ne peut se construire ni vivre sa mission, car autrement nous serions un troupeau sans berger, vulnérable et à la merci du mal !
Nous avons également besoin de religieux, hommes et femmes, et laïcs consacrés, car le Seigneur appelle certains à tout donner pour se consacrer entièrement à l’annonce de la Bonne Nouvelle et à la prière. Ils sont un signe prophétique essentiel dans un monde qui cherche des repères, car témoignant ainsi d’amour gratuit, donné !
Le mariage est une vocation qui nous consacre aussi. En effet, le Pape souligne que le mariage nécessite un discernement vocationnel pour fonder une famille, et saint Jean-Paul II qualifiait la famille d’« Église domestique », car socle de l’Église tout entière, et même de la société !
N’oublions pas les célibataires qui, bien qu’ils ne soient pas consacrés, sont aussi des pierres vivantes de l’Église par leur plus grande disponibilité au service des autres. Ils sont un soutien essentiel dans la vie de l’Église.
Ainsi, quel que soit notre état de vie, nous sommes tous appelés à être disciples de Jésus et même ses amis en imitant son amour ! Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus le soulignait très justement : « l’Amour renferme toutes les vocations […] l’Amour est tout […] il embrasse tous les temps et tous lieux en un mot […] il est éternel ! » Elle ne voyait sa vocation que dans cet Amour, car elle avait compris que l’Amour seul faisait battre le cœur de l’Église, comme elle le dit si bien !
Le Seigneur nous guide à travers l’Évangile indiquant à chacun sa mission, quelle que soit sa vocation, et nous pouvons puiser dans les exemples que Jésus donne dans l’Évangile de ce jour pour trouver mille manières de prendre soin des autres.
Nous sommes dans une période de l’histoire de l’humanité où, après la mort et la Résurrection du Christ, l’Esprit Saint donné à la Pentecôte continue d’irriguer la vie des disciples dans l’Église et même au-delà, chez les hommes et les femmes de bonne volonté, pour que s’accomplisse le dessein de Salut voulu par Dieu jusqu’à sa réalisation définitive : le retour du Christ et la fin du pouvoir du mal et de la mort, comme saint Paul le rappelait dans la deuxième lecture.
Il est important de se situer dans ce contexte surtout dans notre monde actuel marqué par les guerres, les conflits de tout ordre, les défis environnementaux… En tant que disciples de Jésus, chacun selon sa vocation, nous sommes tous appelés à être non pas simples spectateurs, mais acteurs avec la force de l’Esprit Saint. Et, parce que nous savons que Dieu continue d’agir en ce monde pour le sauver, nous pouvons affirmer que nous sommes vraiment « joyeux dans l’Espérance ». Cela ne nous empêche pas pour autant d’avoir à tenir bon quand nous sommes dans la détresse et à prier sans nous décourager, comme nous le demande saint Paul (Cf. Rm 12, 12).
L’Évangile de ce jour nous situe donc à la fin des temps, au jugement dernier. Jésus nous rappelle que nous aurons à ce moment-là à rendre des comptes de la manière dont nous aurons vécu en ce monde, que nous serons jugés sur l’amour ; un amour qui va au-delà de la simple affection que nous pouvons avoir pour les autres. Car, l’amour véritable est don de soi.
En Église, nous utilisons une expression fréquente dans l’Évangile : donner sa vie à la suite du Christ. Que signifie-t-elle véritablement ?
Avec les différents exemples que Jésus nous a donnés, nous remarquons que ce sont des actes simples vis-à-vis de ceux qui souffrent du manque du nécessaire matériellement ou moralement. Des actes très banals finalement (visites à des personnes malades, à des détenus, donner à manger à ceux qui ont faim…), mais que nous ne faisons pas forcément spontanément… Il faut y penser, être attentifs, faire la démarche et prendre du temps pour cela… Dans la Parabole, certains n’ont pas pris conscience de cela. Ils n’ont pas cette attention aimante qui va à l’encontre de l’individualisme ambiant et de notre égoïsme !
Bien entendu, beaucoup de non-croyants font cela également. Alors, qu’est-ce que cela change de le faire « au nom du Christ », en tant que ses disciples ? Eh bien, cela nous pousse à aller beaucoup plus loin dans le don de nous-mêmes, jusqu’à, éventuellement, donner toute notre vie comme dans les vocations consacrées !
Pourquoi ? Parce que dans l’Évangile, Jésus s’identifie à ceux qui souffrent, qui manquent du nécessaire. C’est plus qu’une identification symbolique ou même compassionnelle : Jésus prend sur lui toutes nos souffrances. Il souffre avec nous et porte nos souffrances, comme Il les a portées sur la croix. Nous sommes donc appelés à reconnaître Jésus en ceux qui souffrent. Cela change tout ! Mère Teresa disait qu’elle et ses sœurs n’auraient jamais pu s’occuper des plus pauvres qui étaient en train de mourir dans la rue si elles n’avaient pas reconnu en eux le visage du Christ.
Beaucoup de chrétiens se sont engagés, dans la vie religieuse ou autre, en ayant au fond du cœur ce passage d’Évangile : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. ». Ce passage nourrit toutes les vocations et nous pousse à donner notre vie pour nos frères et à répondre généreusement sans avoir peur de répondre à un appel particulier (sacerdoce, vie religieuse…).
Pour résumer, en cette fête du Christ Roi de l’Univers, Jésus nous donne un enseignement sur son Royaume d’amour ! Il nous rappelle que nous serons jugés sur l’amour que nous aurons manifesté de mille manières, au quotidien, au cours de notre vie. Cet amour loin d’être simplement un sentiment, demande un engagement total de notre part. Un engagement qui nécessite un don de soi qui peut être coûteux parfois ! Cet amour se déploie en différentes vocations selon l’appel que le Seigneur nous adresse au fond de notre cœur. En répondant sans avoir peur à cette vocation, nous entrons pleinement dans son Royaume et nous y trouvons la joie et la paix dont nous bénéficierons pour l’éternité.
Frères et sœurs, n’ayons pas peur de répondre aux appels du Seigneur et de nous engager à sa suite. C’est la seule manière de vraiment réussir notre vie en entrant dans son Royaume. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon