1Tm 3, 14-16 ; Ps 110 (111) ; Lc 7, 31-35
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et sœurs,
Au moment où nous installons Jean-Yves DIROU comme chanoine de la cathédrale, accueillons ces textes de la Parole de Dieu qui nous sont donnés comme un appel et un encouragement dans cette charge qui lui est confiée avec ses confrères du chapitre.
Dans la première lecture de saint Paul à Timothée, saint Paul parle de l’Église du Dieu vivant comme « pilier et soutien de la vérité. » J’ai envie de dire qu’au cœur de l’Église diocésaine, le chapitre cathédral contribue pour sa part à être « pilier et soutien de la vérité ».
Cette mission est précieuse dans une société « liquide » comme disent les sociologues, c’est-à-dire une société où les repères sont flous, où nous ne savons plus où est la vérité, où l’individualisme domine, où des tensions existent y compris à l’intérieur de l’Église.
Dans l’Évangile, nous avons entendu que Jésus était déjà confronté à ces attitudes contradictoires de la part de croyants qui étaient incapables de discerner l’œuvre de Dieu, incapables de repérer que Jésus était vraiment le Salut qui leur était destiné. Ils ne pouvaient pas distinguer la vérité, et pour eux, Jean-Baptiste était un possédé et Jésus un glouton… Dans notre société actuelle, nous pourrions repérer des attitudes semblables même si elles s’expriment de façon différente. Il est donc nécessaire que l’Église soit « (le) pilier et (le) soutien de la vérité. » C’est la mission que le Seigneur lui a confiée par l’annonce de l’Évangile ! Bien sûr, l’Église n’est pas elle-même la Vérité, car c’est le Christ qui l’est ! Saint Paul le rappelle à sa manière en citant cet hymne primitif qui exprime le cœur de la foi : « Christ, manifesté dans la chair, justifié dans l’Esprit, apparu aux anges, proclamé dans les nations, cru dans le monde, enlevé dans la gloire ! »
Le chapitre, en s’appuyant sur ce cœur de la foi qu’est la vérité, exerce son rôle de pilier et de soutien à travers les charges exprimées symboliquement dans cette célébration :
– la Liturgie des Heures, cette prière commune source de la communion avec Dieu, car la vérité n’est pas le fruit d’une recherche personnelle, mais l’accueil du don de Dieu. C’est une Révélation à recevoir dans l’humilité et la beauté de la prière des heures qu’ils proclament dans cette cathédrale ;
– l’Eucharistie qui est célébrée chaque jour depuis l’origine de l’Église, et ici depuis la construction de cette cathédrale, avec une interruption à la Révolution française ou lors des guerres. Ici, le Christ se donne en sacrifice pour nous délivrer du péché et nous fait rentrer dans sa vie qui est plus forte que la mort. Et vous, les fidèles ici présents, en venant à la messe vous participez avec les chanoines à proclamer la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’Il vienne comme le dit saint Paul ;
– la Croix pectorale que portent les chanoines est un repère de leur charge, mais elle nous rappelle aussi que nous portons ensemble la mission que le Seigneur nous a confiée d’annoncer la Bonne Nouvelle au monde et de donner notre vie au service des autres. Comme Jésus qui a donné sa vie pour nous sur la croix, nous aussi nous devons donner notre vie pour nos frères. La croix des chanoines nous le remémore ;
– l’Évangile qu’ils ont la charge d’annoncer, comme tous les prêtres, mais particulièrement ici au cœur de cette cathédrale qui est le lieu symbolique de l’Église diocésaine, à tous ceux qui viennent puiser à la source de leur vie chrétienne. L’annonce de l’Évangile est un défi de toujours : beaucoup de personnes, y compris parmi celles qui viennent visiter la cathédrale, n’ont jamais entendu parler de l’Évangile. Cette Parole de vie nous fait entrer dans le Mystère du Salut et donc dans la vérité dont nous avons tant besoin en ce monde doit être sans cesse annoncée. J’ajoute que j’ai confié au père Jean-Yves DIROU la responsabilité de la formation diocésaine. C’est un poste clef qui est essentiel, notamment dans la conversion missionnaire qui marque l’orientation générale que le diocèse prend actuellement.
Merci au Père Jean-Yves DIROU d’avoir accepté cette charge de chanoine avec ses confrères. Le chapitre cathédral est comme un conseil de sages pour l’Évêque et c’est également un pilier et un soutien pour l’Évêque de savoir qu’il y a des frères qui ont une belle expérience pastorale, qui connaissent bien le diocèse, qui sont engagés depuis longtemps dans leur ministère de prêtre et qui sont capables de veiller et de discerner ce qui se passe dans l’Église diocésaine et de pouvoir le conseiller.
Les Chanoines prient pour nous et pour que l’Église diocésaine exerce pleinement sa mission « de pilier et de soutien de la vérité. » Prions aussi pour eux. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon