Ex 19, 2-6a ; Ps 99 ; Rm 5, 6-11 ; Mt 9, 36-10, 8
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et sœurs,
Aujourd’hui, nous célébrons non seulement un dimanche ordinaire, mais également la profession de foi de neuf jeunes. Alors j’ai envie de vous poser la question à vous, les jeunes : qu’est-ce que la foi pour vous ? La foi, est-ce seulement croire que Dieu existe ? Croire qu’il y a quelqu’un au-dessus ? Mais, les démons aussi croient cela ! Ils disent à Jésus : « Nous savons, nous que tu es le Saint de Dieu. ». Donc, la foi, n’est-ce pas plus que cette croyance ?
On peut d’abord dire que la profession de foi que vous allez faire est avant tout l’adhésion à la foi de l’Église, à la foi de votre baptême. Cela ne signifie pas que vous comprenez tout, mais que vous en avez appris assez et vous avez pu faire des expériences spirituelles qui vous permettent de faire confiance à ce que les apôtres ont pu transmettre dans les Évangiles et à ce que l’Église nous a transmis depuis 2000 ans.
Il est donc déjà bien de pouvoir adhérer à la foi de l’Église, mais il manque encore un aspect important ! Quoi donc ?
Dans l’Évangile de ce jour, Jésus appelle des disciples et il les envoie pour annoncer la Bonne Nouvelle à un peuple qui est « désemparé et abattu comme des brebis sans berger ». En fait, nous sommes tous appelés par le Seigneur à nous engager à sa suite pour témoigner auprès de nos proches de la joie de l’Évangile. Pour nous mettre aussi au service des autres en renonçant à tout égoïsme.
Avoir la foi, ce n’est pas seulement croire que Dieu existe, que Jésus est Dieu fait homme venu pour nous sauver. C’est s’engager à être ses disciples, ses amis même ! Et, cela change tout dans la vie. La foi est un engagement de toute la vie, et pas seulement une adhésion du cœur ou de l’intelligence. On croit avec ses bras, avec ses jambes, avec ses mains aussi !
C’est le sens de l’Évangile que nous venons d’entendre. « Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. »
En entendant cette Parole, je pense à ce que nous vivons aujourd’hui : les foules d’aujourd’hui ressemblent beaucoup aux foules d’hier. Bien sûr, les foules ne sont pas forcément abattues, elles ne sont pas forcément désemparées, mais beaucoup de personnes sont travaillées par des soifs : la soif d’un sens à donner à leur vie, notamment après la pandémie de Covid19 ; la soif d’espérance (par rapport à la peur de l’avenir, aux guerres, au défi climatique…) ; la soif de vérité dans un monde où chacun se forge sa vérité (en particulier sur les réseaux sociaux), mais sur des bases qui ressemblent souvent à des sables mouvants ! La soif d’amour, de respect, de fraternité, dans un monde où il y a manifestement trop de violence. Toutes ses soifs sont déjà l’œuvre de l’Esprit Saint qui travaille le cœur des hommes et des femmes de notre temps.
Or, Jésus compte sur nous pour apporter à ces foules (nos camarades de classe, nos amis, notre famille, nos proches) le témoignage de notre foi, de notre espérance et de notre charité (amour engagé).
Pour s’engager dans cette foi-là, il ne faut pas se contenter de faire sa profession de foi. Il faut ensuite nourrir sa foi en participant par exemple à la Pastorale des jeunes, en ayant une vie de prière personnelle et communautaire, en allant à la messe pour replacer l’eucharistie au cœur de notre vie chrétienne, car elle est la source et le sommet de toute la vie chrétienne. En effet, c’est le moment où le Seigneur nous invite et nous partage sa vie dans sa Parole et dans son Corps. Il se donne à nous comme Alexandre va en faire l’expérience lui-même en faisant sa première communion. Si notre foi ne reste que superficielle, à l’image d’une plante magnifique, mais que l’on cesse d’arroser, elle se dessèche et meurt.
Ce que je viens de dire est aussi valable pour les parents ! À notre époque, il y a de nombreux adultes qui n’ont pas eu de formation chrétienne et qui aspirent à pouvoir mieux connaître la foi chrétienne. Nous avons donc de plus en plus d’adultes qui participent à des catéchèses d’adultes. Il y a de nombreux catéchumènes dans notre diocèse, qui sont baptisés tous les ans à la Vigile pascale. Il y a également de nombreux confirmands adultes qui sont confirmés tous les ans. Surtout, n’hésitez pas à faire cette démarche !
Je termine par cet appel de Jésus : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » Qui sont ces ouvriers ? C’est nous, c’est vous, comme je viens de l’exprimer. Le Seigneur appelle chacun d’entre nous, jeunes comme adultes, à prendre sa place dans la communauté chrétienne afin que la Bonne Nouvelle du Salut soit annoncée et célébrée à cette grande foule de personnes qui ont soif de l’essentiel, mais ne savent pas où se désaltérer.
Et aujourd’hui, je souhaite souligner un appel plus particulier puisque nous venons t’entendre l’Évangile où Jésus a choisi ses apôtres et les a envoyés, c’est la vocation un peu plus spécifique des prêtres, des religieux et des religieuses. Jésus nous appelle donc à prier : « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson ».
Pourquoi faut-il prier pour les vocations ? Cela peut paraître étrange, car au fond, si nous prions c’est que nous souhaitons que le Seigneur connaisse nos besoins. Mais Dieu connaît très bien nos besoins ! Il sait très bien que nous avons besoin de prêtres, de religieux et de religieuses. Si nous prions, ce n’est donc pas pour Lui faire connaître nos besoins. Si nous prions pour les vocations, c’est pour transformer nos cœurs afin que nous soyons capables d’accueillir les grâces qu’Il veut nous donner et d’entendre les appels qu’Il nous adresse au plus profond de notre cœur. Il y a quelques décennies, les parents poussaient certains de leurs enfants à devenir prêtres ou religieux ou religieuses. Aujourd’hui, dans bien des familles, même pratiquantes, lorsqu’un de leurs enfants annonce qu’il se sent appelé, cela n’est pas toujours une bonne nouvelle, et il y a même de la résistance ! Pourquoi ? Parce que les parents craignent que leur enfant ne soit pas heureux, or, quand on est appelé par le Seigneur à sa moisson, il y a une grande joie qui vient de l’Esprit Saint ! Les familles sont donc concernées pour accueillir la vocation de leur enfant et l’aider à grandir, mais toute la communauté chrétienne est également concernée pour soutenir et encourager les jeunes qui se sentent appelés à engager toute leur vie pour le Seigneur, au service de leurs frères et sœurs.
Dans une semaine, je vais ordonner deux nouveaux prêtres pour le diocèse, Jean et Samuel, à la cathédrale de Quimper. Nous avons commencé hier une neuvaine de prière de tout le diocèse pour nous ouvrir à ces vocations. Vous avez à disposition des livrets, où chaque jour il y a une prière à dire, seul, en communauté, en couple ou en famille afin d’être tous unis dans la prière durant toute cette semaine.
Je suis convaincu que cette neuvaine de prière va nous rendre accueillants à tout ce que le Seigneur veut susciter dans nos cœurs. Je parle pour vous les jeunes qui allez faire votre profession de foi, car le Seigneur vous appelle, mais aussi à vous les parents qui pouvez saisir cette occasion pour raviver la foi de votre baptême. Une foi qui donne beaucoup de joie et qui nous relève lorsque nous sommes « désemparés et abattus ». Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon