À l’occasion de la messe de Pâques célébrée au sein de la maison d’arrêt de Brest, deux détenus ont témoigné.
Pour plusieurs d’entre nous, il s’agissait de notre premier carême en détention. Chacun a pu le vivre de façon différente. Certains ont supprimé de leur quotidien la TV, la musique, pour avoir plus de temps pour réfléchir sur soi-même en détention et après la détention… Le calme met l’accent sur ce qui est important, le calme est apaisant. Se poser comme une retraite.
Certains ont pris du temps pour lire et dessiner, prier en silence quand cela est possible. Il n’y a que très peu d’espace de silence en détention.
Tous nous avons pris du temps sur notre quotidien pour participer à ces 5 vendredis de carême pour échanger autour de la parole de Dieu.
Les privations nous amènent progressivement à s’interroger sur ce qui est important. Être en paix avec soi-même. Ça passe aussi par la découverte et l’expérience du pardon : Se pardonner à soi-même, j’ai admis mon erreur. Envisager une démarche de pardon vers l’autre. Accepter de recevoir le pardon des autres pour se reconstruire.
Tu aimeras ton prochain comme toi-même : qui est le prochain ? Peut-être nous même !
Durant ce temps nous avons fait l’expérience de la découverte du Christ et en particulier sa tentation au désert. Cela fait écho à ce que nous vivons ici; lieù de tentation.
Parfois la colère s’invite dans notre quotidien : il est important d’en identifier la cause. Le texte de la résurrection de Lazare a beaucoup aidé à faire ce travaiI, et de s’ouvrir à la confiance, à la foi.
En prison, on se sent seul, abandonné, et pourtant il y a dans la vie beaucoup de personnes qui sont prêtes à vous aider.
La passion du Christ est un peu la nôtre ; attente angoissée du jugement et de la peine. Peur ; La situation est imposée par les évènements à venir pour vivre une autre vie.
Découvrir notre pauvreté nous donne l’occasion d’accéder un peu plus à notre humanité. En prison on est entouré, dehors il faut trouver les bonnes personnes pour être entouré. Il faut garder la force d’oser frapper à une porte… »
Cette force on la trouve dans la prière et dans la foi en Jésus Christ ressuscité.
J’ai reçu le sacrement de pardon avec le prêtre Louis, c’est un moment gravé en moi. À jamais. Se libérer petit à petit, percevoir la lumière s’agrandir chaque jour.
Je doute parfois, je sais que Dieu m’a pardonné. Mais est-ce que je suis légitime de rentrer dans la lumière du Christ. Pourtant, chaque jour, il est là. Je fais attention chaque jour à mes mots, mes actes envers mon prochain ; j’ai tant de culpabilité, alors pourquoi il m’accueille dans son Royaume avec autant de lumière ? Comment expliquer à autrui que malgré les raisons que je suis ici en prison, je vais mieux. Je me reconnais plus dans mon changement, dans ma foi chrétienne. J’ai bien conscience que ma foi m’aide chaque jour et Dieu Père, Jésus Christ fils de Dieu, Marie sont là, me protègent.
J’aimerais tant que mes enfants voient cette lumière.
Il y a des lectures du magnificat, paroles de liberté, le livre du Père René Luc, des prières du père Antoine Chevrier, si touchant. Les épreuves seront lointaines et la paix, sérénité seront pleines. Je n’ose pas encore me mettre à genoux lors des messes. En cellule, pour être en communion avec Dieu Père, et le Seigneur Jésus Christ, leur parler, je suis au sol, mon chapelet en main, je ferme les yeux, la lumière au loin, cette lumière lumineuse, presque blanche. Il est là, je lui parle. Je pourrais rester ainsi, c’est un moment de paix et de prière. Hâte de pouvoir me procurer, m’offrir la croix et me la mettre autour de mon cou. Le remercier chaque jour et de la force que j’ai et ma guérison et continuer mon chemin. A.