Ac 4, 32-37 ; Ps 92 ; Jn 3, 7 b — 15
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et sœurs,
Il me semble que les lectures que nous venons d’entendre nous introduisent bien dans notre pèlerinage, ne trouvez-vous pas ?
Même si ce n’est pas évident à première vue ! Je retiens trois appels qui nous mettent vraiment et de manière très intéressante dans l’esprit de ce pèlerinage diocésain.
Tout d’abord, le premier appel se trouve dans les Actes des Apôtres, la première lecture, où le texte nous narre la manière dont les premiers chrétiens construisaient l’Église, comme une famille, avec le souci des uns et des autres. Ils avaient « un seul cœur et une seule âme », nous dit-on. C’est une expression forte ! C’est ce que nous avons à réaliser ensemble pendant ce pèlerinage. Concrètement, à l’époque, les biens étaient mis en commun et saint Luc nous dit qu’« aucun d’entre eux n’était dans l’indigence ». Cette indigence peut être d’un autre ordre : morale, amicale… et l’expression peut se comprendre aussi dans le sens où aucun d’entre eux n’était dans son coin, isolé, aucun ne manquait d’amitié ni d’aide ou de soutien. Il faut prêter une grande attention aux uns et aux autres afin d’être effectivement « un seul cœur et une seule âme ». C’est facile à dire, mais ce n’est pas donné d’avance ! Nous avons à être très vigilants pour être vraiment attentifs les uns envers les autres.
Le deuxième appel se trouve dans l’Évangile, dans les paroles de Jésus à Nicodème « Il vous faut naître d’en haut ». Qu’est-ce que cela signifie ? Jésus dans la suite du texte nous dit que ceux qui naissent d’en haut sont ceux qui naissent « du souffle de l’Esprit ». Nous pouvons l’accueillir comme un appel à nous laisser conduire par l’Esprit Saint au cœur de ce pèlerinage. Dans un pèlerinage, nous savons où nous allons, car tout est bien organisé et nous sommes invités à participer aux activités, aux célébrations, aux temps de convivialité… Pourtant, comme dit Jésus à propos de celui qui est né d’en haut, autrement dit né du souffle de l’Esprit Saint : « Tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va. » Et de fait, au cours de ce pèlerinage, chacun de nous pourra être touché d’une manière ou d’une autre par la grâce de l’Esprit Saint. C’est très différent pour chacun, tout dépendant de la manière avec laquelle nous sommes venus dans ce pèlerinage, ou encore de notre histoire personnelle, de nos soucis du moment, de nos recherches, de nos questions et de nos doutes. Dans un pèlerinage, le Seigneur grâce à son Esprit Saint parvient à toucher l’un ou l’autre d’une manière différente. C’est ainsi que nous pouvons comprendre le fait de se laisser guider par le souffle de l’Esprit Saint ! C’est permettre au Seigneur de s’inviter dans notre vie. Cela demande bien entendu une certaine disponibilité. Et il nous touchera autant dans les temps de prière et de célébration que dans les rencontres, les échanges, les visites, les relations entre nous, les temps de détente et de convivialité. Tout est question de disponibilité intérieure, et cela non plus, n’est pas si évident !
Enfin, le troisième appel de Jésus : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le fils de l’homme soit élevé afin que tout homme qui croit ait la vie éternelle ». Ce serpent de bronze, vous savez de quoi il s’agit ? Jésus fait référence au Livre des Nombres (Nb 21, 6-9). Il y avait une invasion de serpents venimeux dans le désert et beaucoup de gens mourraient. Dieu dit à Moïse d’élever un serpent en bronze sur un mât, et ceux qui, mordus, levaient les yeux vers ce serpent de bronze étaient sauvés… par l’acte de foi qu’ils y mettaient, évidemment. C’est nous maintenant qui pouvons être mordus par le mal, le péché, par nos manques d’amour, par nos enfermements sur nous-mêmes, par nos désespérances. Nous pouvons l’accueillir comme un appel pendant ce pèlerinage à élever nos yeux vers le Christ, le Christ en croix qui a pris sur lui nos péchés, mais aussi le Christ ressuscité qui nous libère et nous relève et nous redonne l’espérance.
Alors, frères et sœurs, chers amis, vivons ce pèlerinage en essayant d’être « un seul cœur et une seule âme », en nous laissant conduire et toucher par l’Esprit Saint dans les activités du pèlerinage, en nous laissant libérer et guérir par le Christ, notre Sauveur par les sacrements qui nous sont proposés. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon