Lc 6, 43-49
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et sœurs,
Je trouve qu’il y a de nombreuses images dans ce passage d’Évangile. On y évoque « l’arbre mauvais », de « bons arbres », de « bons fruits », de « mauvais fruits », on parle aussi d’un trésor, d’une maison qui se construit… Tout cela finit par nous embrouiller un peu.
Pour ma part, je vais retenir une image, directement liée au thème du pèlerinage que nous commençons : celle de la maison qui se construit, qui est, je trouve une très belle image que Jésus utilise.
Mais, qu’est-ce donc que cette maison ? Si je fais le rapprochement avec la chapelle que la Vierge Marie demande à Bernadette de faire construire, ici, à Lourdes, nous comprenons bien que lorsque l’on parle d’une telle construction, on ne parle pas uniquement du bâtiment ! La chapelle que l’on construit, c’est d’abord nous-mêmes ! Nous sommes des pierres vivantes de l’édifice !
Je suis content que ce soit Samuel LE CORRE qui ait lu ce passage d’Évangile, car il va être ordonné dans deux mois, le 25 juin prochain, et il se trouve qu’il a une formation d’architecte et sait combien il est important de creuser de bonnes fondations !
Cette image de la maison peut représenter plusieurs choses.
D’abord, notre propre vie. Nous avons une maison à construire : notre existence ! Et nous souhaitons la construire non comme une simple maison, mais comme une chapelle, c’est-à-dire habitée par le Seigneur. Cette maison, les jeunes la construisent, et lorsque nous sommes adolescents, nous avons l’avenir devant nous et nous avons plein d’idées sur ce que nous souhaitons faire plus tard, et sur comment nous allons construire notre vie. Mais, même nous qui sommes plus âgés, et quelque soit notre condition, nous continuons à construire notre maison c’est-à-dire à grandir en sainteté, à faire en sorte que notre vie soit toujours habitée par le Seigneur.
Cette maison peut également représenter, plus largement, l’Église elle-même. Saint Pierre utilise l’image de la « construction d’un édifice spirituel » où nous sommes les pierres vivantes pour désigner l’Église. Notre pèlerinage, tel qu’il est construit, avec une telle diversité de personnes en termes d’âges, de conditions, de lieux, est une magnifique image de cette belle construction qu’est l’Église, cette communauté humaine, cette famille que l’on construit en permettant au Seigneur de nous guider et à son Esprit Saint de nous unir les uns aux autres.
Que nous dit le Seigneur vis-à-vis de cette construction ?
D’abord, qu’il nous faut creuser très profond pour poser les fondations. Que devons-nous comprendre ? Creuser profond, c’est déjà avoir une vie de prière, une vie sacramentelle, essayer de faire en sorte que notre vie soit habitée par le Seigneur et vouloir que notre Église soit une Église priante où le Seigneur est vraiment présent dans les sacrements, une Église qui témoigne de sa foi au milieu du monde. Nous avons donc besoin de creuser pour approfondir notre foi, et, le Seigneur nous le dit, afin de poser les fondations sur le roc. Le roc, c’est la Parole du Seigneur, et Jésus nous dit que les fondations sont solides si nous écoutons sa Parole et si nous la mettons également en pratique. Poser les fondations très profondément, c’est aussi enraciner notre vie dans l’Évangile et faire en sorte que notre vie soit évangélique, en étant aussi des témoins de l’Amour du Christ au milieu du monde !
Le Seigneur nous parle aussi des torrents qui débordent, et envahissent cette maison. C’est une image que nous pouvons avoir en tête face aux catastrophes climatiques qui peuvent se produire dans le monde. Elle représente, il me semble, tout ce qui dans la vie nous empêche de construire cette maison ! Ce peut être des épreuves personnelles, des périodes de doute, des périodes difficiles qui mettent à l’épreuve notre foi, mais ce peut-être aussi le Démon qui est en ce monde et qui cherche à nous empêcher d’être unis les uns aux autres, qui veut nous diviser, qui veut nous faire prendre le mauvais chemin au lieu de celui du Seigneur. Nous pouvons être ébranlés dans notre vie personnelle, mais aussi dans notre foi, notre espérance et notre charité par les événements du monde qui nous entoure (les guerres, les défis pour la planète, les événements sociétaux…). Le Seigneur nous dit donc que celui qui a construit de bonnes fondations qui s’appuient sur sa Parole et la met en pratique, celui-là ne risque rien : ce qu’il a construit ne sera pas détruit et sa foi ne sera pas ébranlée par tout ce qui se passe dans le monde, car c’est Lui qui nous aide et nous soutient et qui nous permet de tenir bon.
Alors, frères et sœurs, je voudrais que ce pèlerinage qui nous unit les uns aux autres puisse être justement l’occasion d’approfondir encore plus nos fondations : celles de notre maison personnelle et celles de notre Église diocésaine aussi. Approfondir notre foi par la prière, la louange, les enseignements, par toutes les activités diverses et variées qui sont proposées durant ce pèlerinage et qui vont nous aider à grandir dans la foi et dans l’espérance et dans la charité. En étant unis étroitement les uns aux autres, par les soutiens que nous pouvons nous apporter, cela nous permettra de tenir bon dans le Seigneur. Nous n’oublions pas non plus dans ce pèlerinage, tous ceux, nombreux, qui n’ont pas pu venir pour différentes raisons. Nous les portons dans notre prière : nous sommes les représentants de toute notre Église diocésaine de Quimper et Léon, et nous avons préparé un petit message vidéo à leur attention, pour les assurer de notre prière afin qu’ils grandissent eux aussi dans la foi et que notre Église diocésaine en soit embellie, qu’elle soit un beau lieu de témoignages et d’accueil de ceux qui cherchent le Seigneur, de joie spirituelle, de joie dans l’espérance comme nous l’avons chanté tout à l’heure. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon