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Catéchuménat : Adultes, ils rencontrent le Christ

Recevoir le baptême à l’âge adulte. Pour quoi faire ? Pour qui ? Quelle rencontre avec le Seigneur ? L’Église accompagne ces personnes grâce au catéchuménat.

Cette année, 40 catéchumènes cheminent vers le baptême. « À travers leur cheminement, qui est tout sauf linéaire, ils ont fait la rencontre du Christ, introduit Hélène Olivier, déléguée diocésaine au catéchuménat. Avec des obstacles qui les ont obligés à reculer, parfois à attendre. » Pourtant, la question de la foi chrétienne et d’un Dieu qui les aime eux personnellement était déjà présente bien avant leur entrée en catéchuménat. Avant même qu’ils frappent à la porte de l’Église. « Dieu ne nous force jamais la main mais il revient frapper à la porte lorsqu’il a l’impression qu’on est prêt, poursuit Hélène. Je crois que c’est cette image qu’il faut garder en tête : Dieu est respectueux de la vie humaine et du temps qu’il nous faut. Il me respecte, me laisse libre et ne me manipule pas. Il permet de faire la vérité dans son cœur. »
Changer. Le parcours du catéchuménat permet de prendre conscience qu’il y a des « choses qui doivent changer dans leur vie. Dans la démarche catéchuménale, il y a quelque chose du renoncement. Nous ne maîtrisons pas tout. Le baptême n’est pas lié au mérite. C’est un cadeau qui m’est fait. La question est de savoir ce que je vais faire de ce don. » « Croire en Dieu demande de l’investissement, confie Laurine, catéchumène. Cela doit transparaître dans ta vie. »

Témoigner
« Une Église où on témoigne donne envie aux gens de se poser la question de Dieu, du baptême », confie Hélène Olivier. Ce sont les témoignages de sa famille qui ont permis à Laurence de cheminer. « Lorsque mon frère cadet a demandé le baptême en 6e, je me suis posé la question de ce que j’allais faire. J’ai poursuivi mon chemin. Je me suis mariée à l’église. Des années plus tard, lorsque ma fille a demandé le baptême, je l’ai accompagnée. Je me suis fait catéchiser au passage, raconte-t-elle, avec le sourire. Mais je n’étais pas prête. »

Oser franchir le seuil

Manquer
« Beaucoup de ceux qui entrent en catéchuménat ressentent un manque dans leur vie, malgré tout ce que la société peut proposer. Ce qu’ils vivent ne les comble pas. Certains mettent du temps à franchir le seuil parce qu’ils ont grandi avec l’idée qu’être catho, c’est ringard. » Pour d’autres, c’est un oubli. « Ma grand-mère est très pratiquante et elle avait demandé à mes parents si je pouvais recevoir le baptême, raconte Laurine, catéchumène brestoise. Lorsque je leur demande pourquoi cela n’a pas été le cas, ils disent avoir oublié. Étudiante en droit, je suis tombée malade et j’ai dû être hospitalisée pendant plusieurs mois. J’ai beaucoup réfléchi, je me suis remise en question et j’ai pris conscience qu’il me manquait quelque chose pour surmonter ce que je vivais. À plusieurs reprises, je suis passée devant l’aumônerie de l’hôpital, sans oser frapper à la porte. »
Laurent a grandi dans une famille de tradition catholique. Pour autant, il n’a pas reçu le baptême, enfant. « Plus jeune, j’ai eu des discussions avec un ami catholique sur la vie de Jésus, sur la Bible. Il y avait beaucoup de choses qui me semblaient logiques et qui faisaient écho à la religion, comme bien se comporter, respecter les autres. » Il y a dix ans, il perd ses parents. Une épreuve qui le pousse à se poser la question du baptême. « Cela m’a semblé logique. C’était une façon de suivre l’héritage de mes parents. »

Rencontrer
Le sacrement du baptême est une rencontre personnelle avec Dieu. « Cela va irriguer toutes mes relations. Cela interroge toutes les facettes d’une vie. La foi n’est pas un monde merveilleux, prévient la déléguée diocésaine au catéchuménat. Il y a des moments de combats spirituels forts et d’autres où tout semble clair. » C’est ce qui s’est passé pour Laurine. « En sortant de l’hôpital, j’ai ressenti le besoin de demander le baptême. J’ai intégré le groupe de préparation aux sacrements de ma paroisse. J’étais tellement heureuse lorsque j’ai reçu le mail de confirmation. » Pour Laurence, c’est une retraite à Landévennec en 2019 qui a été l’élément déclencheur. « Je me suis rendu compte qu’il ne me restait qu’à prendre la décision de cet engagement. J’étais prête depuis longtemps. » Pendant deux ans, un peu plus ou un peu moins, – « Nous proposons un itinéraire au cas par cas » -, les adultes suivent le parcours Rencontre avec Jésus le Christ. « Ils sont touchés par cela, ajoute Hélène. Le temps que nous leur donnons est un cadeau. Ils ont besoin de mots pour comprendre leur relation avec le Seigneur. » « La première année est faite de premières fois, raconte Laurence. Noël, Carême, Pâques, Pentecôte… Tout prend une ampleur extraordinaire. Tout ce que l’on vit a une autre couleur. » Pour Laurent, catéchumène, au départ, c’était un simple questionnement. Puis est venu le temps de la rencontre, de l’engagement. « J’avais besoin de donner du sens à certaines choses dans ma vie. Pour moi, promesse, engagement, lien sont des mots qui ont du sens. Aujourd’hui, tout prend du sens. »
Pierre-Yves a fait une première expérience de la rencontre avec Dieu dans les années 2000. « Je sentais que quelqu’un m’approchait mais il m’a fallu du temps. En 2018, lors d’un voyage en Galice, je me suis senti comme aspiré par un endroit : le couvent de sœur Lucie de Fatima. Là, j’ai ressenti une paix intérieure profonde. Je n’ai pas su quoi faire tout de suite. » Il y a deux ans, il rencontre un prêtre pour partager des épreuves personnelles. « Il m’a dit de prier et cela m’a semblé évident. J’ai récité le rosaire, puis le Credo. Je me suis rendu compte que je pouvais répondre ‘oui’ à tout ce que je disais. Cela a été une évidence : j’étais chrétien. Ça a été une joie de découvrir cela. C’était comme un puzzle de 5000 pièces qu’on a du mal à terminer. Il me restait le ciel à assembler et là, je recevais toute l’aide dont j’avais besoin depuis longtemps. »

Passeurs

Accompagner
« Les accompagnateurs sont des passeurs pour ces catéchumènes, définit Hélène. Ils aident le catéchumène à entrer dans la communauté. Accompagner fait bouger dans ta propre foi. Souvent, ce sont les catéchumènes qui disent le mieux ce que nous vivons depuis longtemps. » Nicolas accompagne les catéchumènes depuis quelques années sur la paroisse Brest – Notre-Dame au Levant. Lui est un recommençant. Baptisé à sa naissance, il s’est ensuite totalement éloigné de l’Église après le décès de son père, alors qu’il avait 5 ans. « Ça m’est retombé dessus lors de l’assassinat du père Hamel. Le jour-même, j’ai ressenti le besoin incontrôlable d’aller à l’église pour prier. Ça a été un appel de la foi. » Nicolas reprend son chemin de foi et reçoit communion et confirmation. « À partir de là, j’ai ressenti le besoin d’accompagner d’autres adultes dans leur parcours. »

Accueillir dans la communauté

Et après ? Comment aider la communauté paroissiale à prendre le relai de l’équipe d’accompagnement. Comment aider le catéchumène à trouver sa place et le néophyte à s’intégrer dans la communauté ? « Cette dernière doit s’interroger quand on ne revoit plus le néophyte après son baptême », poursuit Hélène.

Accueillir
« Si la communauté ecclésiale ne prend pas le temps d’accueillir, cela ne marche pas, avertit Hélène Olivier. Nous devons accueillir les catéchumènes et les rendre visibles. » Cet accueil, Laurine l’a vécu concrètement. « Je me suis sentie intégrée à ma paroisse. On trouve une vraie famille. » Rapidement, elle a intégré la chorale paroissiale. « J’aime chanter et je voulais m’engager. Je fais ce que je peux à mon niveau. » Un engagement partagé par Laurence, baptisée à Pâques 2022.
Pierre-Yves a, lui, été mis en contact avec deux paroissiens de son quartier. « Ils m’ont invité à démarrer un parcours Alpha, à participer à des lectio divina, à un rosaire… Je me suis senti accueilli. »
Prier. Certains catéchumènes ont très tôt une vie de prière sans le savoir. « Le catéchuménat est une occasion de découvrir celui vers qui ils se tournaient jusque-là pour se confier », ajoute Hélène. « Je me souviens qu’en primaire, une amie me disait que je ne pouvais faire de vœux car je n’étais pas baptisée, confie Laurine. Plus tard, au collège, je recherchais de temps en temps des prières catholiques. Je les apprenais, je les disais et je les oubliais. » Credo, Notre Père, Ave Maria… « Ce sont des mines d’or, poursuit Pierre-Yves. Lorsqu’on a trouvé à qui parler et qu’il y a quelqu’un au bout de la ligne, cela permet de faire un parcours paisible. Je prie pour mes proches. Certains, que je pensais très loin de la foi, saisissent la main que je leur tends. »

Recevoir le baptême
« Je prends souvent le passage de la Transfiguration comme exemple, poursuit Hélène Olivier. Ce jour-là, les apôtres vivent quelque chose d’inouï et pourtant, il faut redescendre et retourner à la vie. Le jour de leur baptême, les catéchumènes vivent quelque chose d’extraordinaire. Nous sommes là pour les accompagner vers une vie plus ordinaire, là où le Seigneur nous attend. »

Marine Jouannic

En chemin vers le baptême
Lucien, Mako-Fabrice et Pascal-Raoul sont originaires du Cameroun. Migrants, ils sont membres d’une fraternité à Brest. Là, ils ont démarré un parcours catéchuménal, après avoir rencontré le Christ.
« Chez moi, pour demander le baptême, il faut avoir au moins terminé l’école primaire. C’est la maison qui décide ensuite si on peut recevoir le baptême, raconte Pascal-Raoul. Lorsque j’ai eu l’âge en question, je traversais une période trop difficile et je n’ai pas pu faire la demande. Même si j’ai grandi dans une famille catholique pratiquante, rien n’était clair pour moi. » Une fois arrivé en France, le jeune homme se repose la question et démarre une démarche de catéchuménat sur la paroisse de Brest – Sainte-Trinité.
Un parcours qui fait écho à celui de Mako-Fabrice. Dans sa famille, la coutume veut qu’un enfant ne puisse demander le baptême que lorsqu’il est en âge de le décider lui-même. « Quand tu prends réellement conscience de ce en quoi tu t’engages, tu peux faire la demande. » Pour autant, il quitte le Cameroun avant d’entamer le parcours. « Ce sont les rencontres, ici, et notamment avec Alex, qui sera mon parrain, qui m’ont mis en route. Le groupe m’a donné envie de franchir le pas. J’y voyais plus clair, alors j’ai fait la demande. »
Lucien n’avait jamais été à l’église jusqu’à son arrivée en France. « Cela ne m’intéressait pas avant. Je crois que les difficultés que j’ai rencontrées à traverser la Méditerranée ont changé mon regard. Il y a des événements dans la vie où tu es obligé de croire qu’il y a une force supérieure. On a passé en bateau dans des situations très difficiles. Quand tu es proche d’une personne et que le lendemain matin, tu découvres qu’elle est morte dans la nuit, tu ne comprends pas pourquoi toi, tu es en vie. Tu te dis que c’est forcément l’être suprême qui t’a épargné et tu te demandes pourquoi. » Et Pascal-Raoul d’ajouter : « Nous sommes tous appelés mais peu entendent cet appel ». « Quand tu survis à un naufrage, deux emprisonnements, des brûlures… Tu te poses des questions, poursuit Mako-Fabrice. Il y a forcément une personne qui a réalisé ces miracles. Et tu entends l’appel dans ton cœur, tu entends qu’il y a quelqu’un là-haut qui te veut du bien. »
Catéchèse hebdomadaire, messe dominicale, fraternité de jeunes migrants… Les trois jeunes hommes cheminent vers le baptême, accompagnés par leur équipe. « Ça change tout dans notre vie. Il y a des choses que tu ne peux plus te permettre, confie Mako. Une fois que tu t’engages, tu as une autre perception de la vie. » Pour Lucien, le chemin débute juste. « Lorsque tu as toujours été loin de la foi et que tu crois en Dieu presque du jour au lendemain, il y a du travail. Je ressens un combat en moi. Mais j’ai la volonté, je suis encore sur la première marche mais je suis sur le chemin. »

Témoignage d’une confirmande adulte
« L’Esprit Saint est déjà avec toi puisque tu pries ! »
J’ai 59 ans, je viens de faire ma confirmation ! C’est un grand bonheur pour moi !
C’est pourquoi je voudrais apporter ce témoignage sur la raison qui m’a amenée à le faire à cet âge de la vie ! Pour que tous ceux qui hésitent encore à faire cette belle démarche n’aient pas peur, qu’ils sachent que l’appel du Saint-Esprit n’a pas d’âge et que sa présence auprès de chacun d’entre nous nous est merveilleuse !
Voici plusieurs années que dans l’emploi que j’occupe, j’enregistre les dates et les lieux de confirmation des années 60-70 à nos jours. Ils étaient alors très nombreux à être confirmés, parfois jusqu’à 300, voire 500 personnes le même jour… ce devait être très impressionnant à voir !
Après quelques années passées à enregistrer ces confirmations, ma foi étant active, je me suis demandée si moi aussi, dans ma jeunesse, j’avais fait ma confirmation. En regardant le registre de l’année de mon baptême, j’ai pu constater que ce n’était pas le cas.
Au moment où je me posais cette question paraissait dans la revue Église en Finistère un reportage sur les confirmands du moment. Les photos montraient des adultes d’un certain âge… Quel courage de faire cette démarche adulte, je trouvais cela très beau ! Mais je ne pensais pas que la confirmation soit pour moi : je prie, je vais à la messe, cela me suffit.
Seulement voilà, quelque chose en moi s’est produit…
Cette pensée qui m’avait traversé l’esprit ne m’a plus quittée… et si moi aussi je faisais cette belle démarche puisque je n’ai pas reçu la confirmation enfant ? Oui mais tant pis, pas à mon âge ! C’est trop tard ! Un an de préparation c’est long, je n’ai pas envie de sortir de mon chemin de confort.
J’en parle avec mes collègues de travail pour être confortée dans ma décision et je suis déjà prête à entendre que la confirmation n’est pas pour moi. « L’Esprit Saint est déjà avec toi puisque tu pries ! », me répond-t-on.
Cela me va très bien. Mais l’Esprit Saint ne m’abandonne pas, voilà qu’il me pousse, plusieurs fois je sens sa demande. Je suis timide et reste partagée par ce qu’il m’arrive, je ne me reconnais pas… Je ne peux pas rester comme ça, je dois me renseigner sur cette démarche de confirmation. Je n’ai pas le choix, c’est une force que je ne contrôle pas, qui me pousse à agir, Je suis très surprise, ce n’est pas moi… moi je suis timide… l’Esprit Saint est déjà à l’œuvre !
Après un cheminement d’une année de préparation, je suis habitée par deux émotions : j’ai hâte à ce beau jour qui arrive et j’ai à la fois une appréhension. L’Esprit Saint est si extraordinaire, que va-t-il m’arriver ? Comment vais-je vivre ce moment extraordinaire ?
Une amie m’a répondu : « C’est très beau tu verras, tu te sentiras réconfortée et en même temps, enveloppée dans une tendre et douce chaleur ». Alors je dis un grand OUI ! avec beaucoup de joie.

Article paru dans Église en Finistère • 26 janvier 2023 • n°364
PHOTO DE UNE : © David Fugère/Diocèse de Luçon