Is 9, 1-6 ; Ps 95 (96) ; Tite 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14
« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière… »
Cette phrase prononcée par le prophète Isaïe il y a si longtemps résonne étonnamment en cette nuit de Noël ! Des périodes obscures, il y en avait à l’époque, il y en a toujours.
Frères et sœurs, quelles sont nos ténèbres actuellement ? Il y a les ténèbres de notre monde comme la guerre en Ukraine et ses conséquences. Mais je veux parler aussi de nos ténèbres personnelles ?
Épreuves de santé, de conflits conjugaux ou familiaux. La solitude. Les difficultés professionnelles, financières. Les deuils aussi qui nous affectent.
Cette grande lumière qui vient illuminer nos ténèbres et nous remplit de joie et d’espérance, nous la fêtons ce soir dans la naissance de Jésus, petit enfant qui naît dans l’humilité d’une étable pour les animaux.
Frères et sœurs, la naissance de Jésus est un événement historique rappelé avec précision dans l’Évangile. Il est né dans notre nature humaine il y a 2022 ans. Nous comptons les années à partir de sa naissance, ce qui montre à quel point Il compte pour beaucoup de gens.
C’est un événement historique donc, mais ce n’est pas un événement du passé. Sa naissance se renouvelle en chacun de nous, dans l’attente, comme le dit St Paul de « la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ ». Autrement dit quand il reviendra à la fin des temps pour juger les vivants et les morts et établir de façon définitive son Règne de justice et de paix. Nous sommes donc dans cette période intermédiaire, le temps de la foi. Un temps pour accueillir sa lumière dans nos vies.
Mais, frères et sœurs,
En quoi concrètement sa venue en ce monde peut-elle illuminer nos ténèbres ? C’est quoi cette lumière ?
Je retiens 4 aspects :
Même les plus pauvres peuvent se sentir proches de lui. Même ceux qui vivent dans la rue, même ceux qui sont détenus et avec qui je célébrerai la messe demain matin à la Maison d’Arrêt de Brest. Personne ne peut dire qu’il n’est pas digne de le recevoir. Nous tous qui sommes ici dans cette cathédrale, il vient pour chacun de nous, il nous aime d’un amour que nous ne pouvons même pas imaginer. Ce n’est pas nous qui faisons la démarche d’aller vers Lui, c’est Lui qui vient vers nous. Cet amour inconditionnel est une grande lumière qui luit dans nos ténèbres.
Il vient guérir nos blessures. Les blessures de notre passé qui continuent peut-être de nous faire souffrir. Nos blessures morales, spirituelles et même parfois physiques ! Jésus, c’est Dieu qui nous sauve, et cela est une grande lumière qui brille dans nos ténèbres.
Il faut souligner que pour saint Paul, Jésus a été « établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection d’entre les morts. » Et, de fait, la naissance de ce petit enfant, même si elle est belle et surprenante, n’aurait jamais été reconnue comme Dieu venant au milieu de nous si Jésus n’était pas ensuite passé par la mort et la Résurrection. C’est la victoire de Jésus sur la mort qui donne sens à sa naissance et qui atteste ainsi que Jésus est vraiment homme et vraiment Dieu, qu’il est vraiment le Messie annoncé et qu’il est donc en mesure de nous sauver !
La lumière qui luit dans nos ténèbres, c’est donc aussi cette espérance de savoir qu’au-delà des épreuves de cette existence terrestre, Jésus nous fait entrer déjà dans une communion d’amour avec Lui que même la mort ne peut pas nous enlever. Avec Jésus, nos deuils sont illuminés par cette grande lumière de l’espérance.
Frères et sœurs,
En cette nuit de Noël, accueillons dans la joie le Christ qui vient nous sauver. Laissons-nous illuminer par son amour et sa tendresse. Que nos familles en soient comblées. Faisons le plein d’espérance. Nous en avons tellement besoin ! Amen
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon