Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  11 décembre 2022 — 3e dimanche de l’Avent – Année A – Pardon de saint Corentin – Cathédrale Saint-Corentin – Quimper (29)

11 décembre 2022 — 3e dimanche de l’Avent – Année A – Pardon de saint Corentin – Cathédrale Saint-Corentin – Quimper (29)

Is 35, 1-6a.10 ; Ps 145 ; Jc 5, 7-10 ; Mt 11, 2-11

Frères et Sœurs,

Il y a énormément de joie qui s’exprime dans ces textes ! Mais au fond qu’est-ce que le Seigneur veut nous dire par là dans le contexte qui est le nôtre aujourd’hui ?
Il se trouve que le pardon de saint Corentin tombe toujours en ce 3e dimanche de l’Avent, et c’est heureux, car c’est justement en ce dimanche que s’exprime de façon très forte l’espérance de la venue du Christ, cette attente joyeuse et active. Un temps où les cœurs s’ouvrent davantage à la grâce de Dieu et aussi à l’amour du prochain.
Nous en avons bien besoin en cette période d’inquiétudes, avec encore les effets collatéraux de la pandémie de COVID, avec aussi la guerre en Ukraine et l’avenir incertain qu’elle entraîne pour le monde, les contraintes financières qui affectent davantage ceux qui vivaient déjà dans la précarité et ceux qui y tombent maintenant.
Les graves dérives de certains membres de l’Église qui ressurgissent aujourd’hui après des décennies et qui font mal à tout le monde. Et les défis climatiques qui hypothèquent l’avenir de la planète, notre maison commune. Nous avons donc bien besoin d’une lumière d’espérance pour éclairer notre chemin !

Dans cette homélie, j’aimerais nous inviter à accueillir ce que nous disent ces textes pour raviver notre espérance et notre joie de croire, puis souligner les appels que nous pourrions retenir pour nous aider à vivre pleinement ce temps de l’Avent.

D’abord, quel est le message d’espérance que nous donne le Seigneur à travers ces textes ?
La parole de Jésus à la fin de l’Évangile de ce jour nous met sur la piste : « Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. » C’est une phrase un peu énigmatique. Saint Augustin l’explique de la façon suivante : « Le temps des promesses était le temps des prophètes jusqu’à Jean-Baptiste ; à partir de lui et jusqu’à la fin, c’est le temps d’accomplir ce qui a été promis. 1 »

1 Sermon de saint Augustin sur le psaume 109. Liturgie des heures, Tome I, page 83.


Jusqu’à Jean-Baptiste, c’était encore le temps où l’on annonçait ce qui allait arriver, notamment la venue du Messie qui établirait de façon définitive la justice et la paix. C’est cette grande vision que nous avons entendue dans la première lecture du prophète Isaïe.
Mais la venue de Jésus apporte un vrai changement, car, par sa mort et sa résurrection et le don de l’Esprit Saint, il accomplit déjà pour nous ce qui a été promis même si la pleine réalisation de ces promesses n’arrivera qu’à son Avènement glorieux à la fin des temps.
Nous sommes donc dans cette période intermédiaire de l’histoire entre l’Incarnation du Christ qui a eu lieu il y a 2000 ans et son Avènement glorieux à la fin des temps. Le Royaume des Cieux annoncé par Jésus est déjà là, et pas encore arrivé à son achèvement ! Mais il est déjà là au milieu de nous, et il essentiel d’en repérer les signes pour grandir dans la foi et l’espérance.
Les signes qui sont transmis à Jean-Baptiste pour l’aider dans son discernement, ce sont les « œuvres réalisées par le Christ » nous dit l’évangéliste, à savoir : « Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. »
Bien sûr, il faut comprendre aussi ces miracles sur le plan spirituel. Être aveugle, c’est aussi ne pas être capable de reconnaître son péché et d’être enfermé sur nous-mêmes. Nous avons besoin d’ouvrir nos yeux à la lumière du Seigneur. On pourrait en dire autant de la guérison de la surdité qui nous permet d’entendre et de reconnaître les textes de la Bible comme une parole révélée par Dieu ou encore de la résurrection des morts dans le sens où des personnes retrouvent un sens à leur vie et la joie de vivre dans la rencontre avec Jésus.
Ce qui change tout avec la venue du Christ, c’est que nous sommes libérés du péché et promis à la vie, que nous sommes éclairés par la Bonne Nouvelle annoncée aux pauvres, c’est-à-dire à ceux qui ont le cœur ouvert.
Pour donner des exemples concrets… Rien que la semaine dernière, j’ai rencontré deux personnes qui m’ont dit avoir été arrachées par Jésus du gouffre de détresse où elles étaient plongées, elles et leur famille. Elles ont ouvert leurs yeux et leurs oreilles à sa parole de vie et elles ont reçu les sacrements en son nom. Elles utilisaient d’ailleurs elles-mêmes le terme de résurrection !
Ces personnes ont trouvé une vraie joie de vivre. Pas la joie que l’on peut trouver dans les loisirs, mais une joie profonde qui inonde toute l’existence, tant dans la vie personnelle, que dans la vie familiale et professionnelle. « La joie de L’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. », comme l’écrit le pape François. Cela, nous le constatons vraiment.
Hier, j’ai prêché la récollection pour les adultes qui demandent à recevoir le baptême à Pâques prochain. Certains sont présents. Ils sont 44 inscrits. Ces personnes ont des itinéraires vers la foi chrétienne bien différents, certains ont vécu des conversions très surprenantes, d’autres moins, mais toutes expriment leur joie de cheminer vers le baptême et de pouvoir devenir pleinement disciples de Jésus.
Ce sont aussi des centaines d’enfants d’âge scolaire qui demandent le baptême et ils en sont très heureux. Cela bouleverse leurs familles au point que certains parents demandent à leur tour à recevoir le baptême ou la confirmation.
Ces signes ne font pas la UNE des journaux, on n’en parle pas, pourtant ils témoignent que le Seigneur accomplit bien son œuvre de salut en ce monde comme le levain dans la pâte. Tout cela éclatera au grand jour lors de l’Avènement glorieux du Christ au jugement dernier.

Je disais que le Royaume des Cieux est déjà là et nous en faisons l’expérience, mais il est encore en gestation, car le mal, la souffrance et la mort continuent leur œuvre en ce monde. Mais ces signes nous donnent déjà la joie de l’espérance, et la force de prendre une part active à l’annonce de l’Évangile, en paroles et en actes.
Alors quel appel pouvons-nous retenir pour ce temps de l’Avent ?
Peut-être simplement ce que saint Jacques nous demande dans la deuxième lecture ! Il compare notre vie chrétienne au travail du cultivateur. Le cultivateur travaille beaucoup, mais il est aussi patient et plein d’espérance, car ce n’est pas lui qui fait pousser et produire du fruit.
Pour nous, c’est pareil. Nous devons nous efforcer de témoigner de notre foi, d’annoncer la Bonne Nouvelle, et de nous mettre au service de nos frères pour plus de justice et de fraternité. Mais c’est le Seigneur qui fait produire du fruit et qui fait en sorte que tout cela contribue au bien de tous.
Comme le dit saint Jacques : « En attendant la venue du Seigneur, prenez patience. (…) ne gémissez pas les uns contre les autres, ainsi vous ne serez pas jugés. (…) prenez pour modèles d’endurance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. »

Frères et Sœurs,
Que ces paroles nous donnent du souffle en cette fête de saint Corentin et qu’en ce temps de l’Avent, elles nous comblent de la vraie joie, celle qui nous vient du Seigneur. Amen.

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon