2S 5, 1-3 ; Ps 121 ; Col 1, 12-20 ; Lc 23, 35-43
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Chers Amis,
Christ, Roi de l’Univers… C’est grand l’Univers, c’est même très grand ! Que signifie de dire que le Christ est Roi de l’Univers ? Tout d’abord, qu’il n’y a pas de limites, pas de frontières. C’est même au-delà de nos limites humaines, physiques et mentales. Ce n’est tout simplement pas imaginable pour nous !
Quelle est donc cette royauté de Jésus ? Quand on parle de Royaume de Dieu, de Royaume des Cieux, de quoi parle-t-on ? Sauriez-vous l’expliquer à vos enfants et petits-enfants, s’ils vous posaient la question ?
Dans les textes de ce jour, j’ai relevé trois points qui montrent que le Royaume de Jésus n’a pas de limites, ni dans l’espace ni dans l’univers, mais qu’il se déploie dans le temps (la vie) des hommes : la libération du mal ; Jésus règne aujourd’hui dans nos cœurs et dans nos vies et notre avenir avec Jésus au-delà de la mort.
Tout d’abord, premier point : la libération du mal. Saint Paul nous dit dans la deuxième lecture « Nous arrachant au pouvoir des ténèbres, il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé : en lui, nous avons la rédemption, le pardon des péchés. » Arrachés du mal : c’est vraiment une expression qui est très forte ! Elle signifie bien que le Royaume du Christ n’est pas compatible avec le mal, car le Royaume du Christ, c’est le Royaume du bien, le Royaume du bon, de l’amour, de la vie, du respect de l’autre, de la fraternité qui est source de paix !
Nous sommes entrés dans ce Royaume par le sacrement du baptême, qui nous arrache au pouvoir des ténèbres. Il est renouvelé par le sacrement du pardon qui continue, notre vie durant, de nous arracher au pouvoir des ténèbres. Ainsi, si nous le voulons bien, le Christ nous arrache aux ténèbres durant toute notre vie.
J’ignore si nous avons conscience de ce travail du Seigneur en nous pour nous faire entrer dans son Royaume. Prenons-nous les moyens de permettre au Christ de nous arracher au pouvoir des ténèbres et de nous placer dans son Royaume ?
Ensuite, deuxième point, Jésus règne aujourd’hui dans nos cœurs et dans nos vies. Saint Paul nous dit : « Jésus est la tête du corps, la tête de l’Église. » C’est pour cela que nous disons que l’Église est sainte, parce que le Christ est la tête. Nous savons que nous sommes des pécheurs, et que nous sommes sans cesse appelés au pardon. L’Église n’est pas synonyme du Royaume de Dieu. Mais elle est le signe et le moyen d’entrer dans le Royaume de Dieu, en particulier par l’annonce de l’Évangile et par les sacrements. Elle a donc aussi le pouvoir de nous arracher aux ténèbres. C’est tout un travail que nous avons à faire à l’intérieur et par l’Église. Cela ne signifie pas que l’Église est parfaite : elle est composée de pécheurs, car nous sommes tous pécheurs, mais des pécheurs pardonnés. Et, si nous rêvons, parfois, d’une Église composée de purs cela n’existe pas, c’est même une hérésie !
Le Royaume de Dieu c’est être avec Jésus, être son ami et grandir en sainteté en étant toujours plus ajusté à la volonté du Père.
Enfin, le troisième et dernier point, notre avenir avec le Christ au-delà de la mort que l’on trouve dans la phrase dite par le malfaiteur : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » À cette question, Jésus répond que c’est aujourd’hui qu’il va entrer dans son Royaume, et que cette vie avec Lui dans son Royaume, ne peut pas s’éteindre avec la mort de notre corps. Jésus poursuit : « Aujourd’hui, avec moi tu seras dans le Paradis. ». Ça, c’est vraiment notre foi, notre espérance, et c’est pour cela que nous sommes rassemblés ici ce matin.
Attardons-nous un instant sur l’expression du malfaiteur : « quand tu viendras dans ton Royaume. » Que veut-il dire ? Cela fait référence à l’avènement glorieux du Christ à la fin des temps auquel Jésus fait souvent allusion. Le Royaume du Christ n’a pas de limites, mais nous, tout comme l’humanité, en avons des limites, qu’elles soient physiques, temporelles ou autres !
Il me semble qu’en cette période difficile, que ce soit dans ou hors de l’Église (COP 27, guerres, situation économique…), il est d’autant plus important de raviver notre foi dans l’avènement glorieux du Christ à la fin des temps. Nous savons qu’à ce moment-là les racines du mal seront mises à nu et éradiquées. Le Christ viendra juger les vivants et les morts. Tous seront concernés, quelle que soit leur religion, leur foi ou leur incroyance. Son règne de justice et d’amour sera établi définitivement. C’est notre espérance. Qu’elle soit toujours comme un phare pour nous guider dans nos ténèbres, et parfois dans nos tempêtes. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon