Ml 3, 19-20a ; Ps 97 (98) ; 2 Th 3, 7-12 ; Lc 21, 5-19
Frères et Sœurs,
Nous vivons vraiment dans une période éprouvante, n’est-ce pas ?
Dans l’Évangile, Jésus évoque des périodes éprouvantes que nous constatons encore aujourd’hui : les guerres, les cataclysmes, les famines, les épidémies, les persécutions. Il parle aussi de désordres et nous pouvons y voir aussi les scandales provoqués par certains membres de l’Église. Tout cela nous choque profondément et nous pouvons en être déstabilisés au point de remettre en cause, sinon notre foi, au moins notre attachement à l’Église, la mère qui nous enfante à la vie divine !
En cette période troublée, cela m’a fait du bien de relire ce que le pasteur Dietrich BONHOEFFER, mort en déportation, avait écrit : « Dieu n’est pas un Dieu d’émotions sentimentales, mais un Dieu de vérité. C’est pourquoi seule la communauté qui ne craint pas la déception, qu’inévitablement elle éprouvera en prenant conscience de toutes ses tares, pourra commencer d’être telle que Dieu la veut et saisir par la foi la promesse qui lui est faite. »
Nous rêvons d’une Église parfaite. Pourtant, si nous progressons dans un chemin de conversion, elle n’en restera pas moins formée de pécheurs que nous sommes tous. Certes des pécheurs pardonnés, mais pas des pécheurs infaillibles. Nous en faisons tous l’expérience malheureusement. C’est le Christ qui, par la force de l’Esprit Saint, nous conduit et nous permet de croire et d’avancer ensemble malgré tout vers une Église plus sainte et plus sûre pour ses enfants. Il ne nous abandonne pas !
C’est avec cela dans la tête que j’ai été touché par la parole de Jésus dans l’Évangile de ce jour : « Ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. »
Dans cette homélie, en partant de cette fin que Jésus évoque, j’aimerais montrer que l’attention aux plus pauvres, leur place dans l’Église, est un enjeu essentiel de notre fidélité au Christ et de notre salut. Le moyen par excellence de surmonter nos égarements et de mettre nos pas dans ceux du Christ. C’est avec cette conviction que j’enverrai en mission dans quelques instants l’équipe diocésaine Place et Parole des Pauvres.
D’abord, quand Jésus parle de fin, à quoi fait-il allusion ?
S’il en parle, c’est que, effectivement, il y aura une fin. Quelle fin ?
Le passage du livre de Malachie lu en première lecture nous éclaire. Le prophète évoque le Jour du Seigneur comme un aboutissement de la vie de l’humanité où chacun devra rendre compte de ce qu’il a fait sur la terre. « Tous les arrogants, tous ceux qui commettent l’impiété, seront de la paille. », et brûlés au feu. Cette fin est donc bien le Jugement dernier qui interviendra au moment de l’Avènement du Christ dans la gloire. Malachie ajoute : « pour vous qui craignez mon nom, le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement. »
Cet Avènement du Christ, nous l’attendons, nous l’espérons. « Viens Seigneur Jésus » ! C’est par ces mots que se termine la Bible ! « Viens Seigneur Jésus ». Il est tellement important pour nous d’avoir cette perspective heureuse d’une vie éternelle où le mal aura été totalement éradiqué. Où une vraie justice interviendra.
Les navigateurs de la Route du Rhum, que nous suivons en ce moment, savent bien que lorsqu’ils traversent une tempête, il faut être très vigilant et tenir bon, car il y aura ensuite le calme et une navigation plus paisible. Pour nous aussi, la perspective de l’Avènement du Christ à la fin des temps est une espérance qui nous fait tenir bon dans la tempête. Mais il nous faut demeurer vigilants et actifs et rester fidèles à notre vocation baptismale.
Il y a un moyen, que Jésus a choisi lui-même et qui nous permet de garder le cap, c’est celui de la pauvreté. Saint Paul nous dit : « Vous connaissez en effet le don généreux de notre Seigneur Jésus Christ : lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. » (2 Co 8, 9).
Il y a une pauvreté qui est à combattre, c’est la misère, et une autre qui est à rechercher. Comme le dit le pape François : « Le message de Jésus nous montre la voie et nous fait découvrir qu’il existe une pauvreté qui humilie et tue, et qu’il existe une autre pauvreté, la sienne, qui libère et rend serein. »
Vous allez me dire, en quoi cette pauvreté-là peut-elle nous aider à tenir bon dans la tempête ?
Parce que c’est la seule attitude qui nous permet de suivre Jésus et d’entrer avec lui dans la vie. La pauvreté de Jésus, c’est le don de sa vie par amour. C’est le contraire de l’individualisme, de l’égoïsme. Il nous appelle à l’humilité, à un style de vie simple qui conduit au respect des autres, à la solidarité avec ceux qui vivent dans la misère, à l’amour vrai. Autrement dit à la fraternité.
Et je vois deux aspects de cette attention aux plus pauvres :
Frères et Sœurs,
En cette période éprouvante qui nous bouleverse tous, ravivons notre foi en cet Avènement glorieux du Christ qui donne sens à notre histoire et nous enracine dans l’espérance. Mettons les plus pauvres au cœur de notre Église pour qu’ils nous aident à suivre Jésus sur son chemin de vie. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon