Frères et Sœurs,
En méditant sur ces textes de l’Écriture qui nous sont proposés pour la fête de Sainte-Anne, j’ai été touché par cette phrase de la lettre aux Hébreux : « La foi est la manière de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître des réalités qu’on ne voit pas. »
Cette phrase, qui nous ouvre une fenêtre vers l’au-delà, résonne d’une manière particulière dans le contexte actuel d’un monde bouleversé et qui nous fait entrevoir l’avenir avec beaucoup d’incertitude.
Incertitude liée à la pandémie de Covid-19 dont nous n’avons pas encore mesuré les conséquences économiques, mais aussi sur la vie des personnes. Les peurs, les angoisses qu’elle suscite !
Incertitude sur le réchauffement climatique de notre planète et ses conséquences dont nous commençons à mesurer l’impact sur les populations et qui nous ouvre un avenir inquiétant.
Incertitude sur l’avenir de notre planète. La question des ressources dont les scientifiques nous disent que nous en épuisons plus que ce qu’elle est capable de produire naturellement.
Je ne vais pas allonger la liste et vous faire une description détaillée de ces défis dont les médias font état en permanence et qui distillent inévitablement une certaine angoisse dans la population. Au contraire, je veux souligner à quel point la foi, fait de nous des témoins de l’espérance et que cela nous fait tenir debout, en nous poussant à être solidaires et agissants au cœur de cette humanité !
« La foi est la manière de posséder déjà ce qu’on espère. » dit l’auteur de la lettre aux Hébreux. Mais qu’est-ce que nous espérons au juste ? Saint-Pierre affirme que, selon la promesse du Christ, nous espérons « un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice » (2 P, 3, 13). Et le catéchisme de préciser : « Nous ignorons le temps de l’achèvement de la terre et de l’humanité, nous ne connaissons pas le mode de transformation du cosmos. Elle passe, certes, la figure de ce monde déformée par le péché ; mais nous l’avons appris, Dieu nous prépare une nouvelle demeure et une nouvelle terre où régnera la justice et dont la béatitude comblera et dépassera tous les désirs de paix qui montent au cœur de l’homme » (GS 39, § 1). (Catéchisme de l’Église catholique n° 1048)
Cela ne signifie surtout pas que nous devons jeter l’éponge et attendre les bras croisés la fin du monde et l’avènement du Christ, bien au contraire. Dans la lettre aux Hébreux, nous lisons : « Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit vers un pays qui devait lui être donné comme héritage. Et il partit sans savoir où il allait. » C’est-à-dire qu’il se laissait conduire par l’Esprit de Dieu et il se mettait à son service. Par la foi, il exprimait sa totale confiance au Seigneur, car il avait pensé, avec sa femme Sara, que Dieu serait fidèle à sa promesse.
Nous ne sommes pas les premiers chrétiens de Bretagne à regarder le terme pour mieux vivre le présent. En regardant les taollenou, ces tableaux de mission du 17e siècle que le vénérable Michel LE NOBLETZ et le bienheureux Julien MAUNOIR utilisaient pour transmettre la foi à leurs fidèles, nous constatons qu’ils parlaient beaucoup de l’enfer et du Paradis, et donc du jugement dernier, pour appeler à la conversion et à la foi. Par là même, ils montraient que par la foi, nous pouvons « connaître des réalités qu’on ne voit pas », et que cette perspective, même si elle peut nous paraître lointaine, est comme une lumière qui éclaire notre navigation au milieu des récifs.
Dans le contexte actuel d’incertitude, il me semble donc important de raviver en nous deux aspects de notre foi qui peuvent nous donner du souffle et faire de nous des témoins de l’espérance dans un monde qui semble déboussolé :
La statue de Sainte-Anne qui est dans la chapelle, la représente en train de montrer les Écritures à sa fille. Elle lui transmet la joie de l’espérance. Qu’elle nous aide, par sa prière, à être nous-mêmes des témoins vivants de cette espérance auprès de nos enfants et de ceux que nous rencontrons chaque jour. AMEN.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon