Frères et Sœurs,
Le pardon de Sainte-Anne-la-Palud qui se célèbre à quelques jours de la rentrée scolaire nous donne une occasion de bien commencer une nouvelle année pleine de promesses. Une année pourtant marquée aussi par des incertitudes liées à l’épidémie de COVID-19 et à ses conséquences. Comment vivre cela en disciple du Christ ? Bien sûr, nous participons à l’effort commun pour lutter contre ce virus, mais, dans un contexte marqué par l’anxiété, nous avons aussi à donner aux autres le témoignage de notre foi, de notre espérance et de notre charité.
La Parole de Dieu de ce dimanche nous appelle à vivre cette rentrée en nous engageant résolument à la suite du Christ. Dans l’Évangile, Jésus insiste sur l’aspect vital de cet engagement : « … celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi là trouvera. » Marcher à la suite de Jésus, devenir son disciple est source de vie et, en mettant notre foi en Lui, nous n’avons pas avoir peur de l’avenir ni des difficultés et même des épreuves que nous pouvons rencontrer sur le chemin.
Quand Jésus nous dit qu’il est vital de le suivre, il parle non seulement de cette vie-là, sur la terre, mais aussi de la vie éternelle dans laquelle il veut nous introduire. Cette perspective nous donne une espérance extraordinaire qui nous permet de relever la tête et de ne pas sombrer dans la peur et le pessimisme.
Cette promesse pleine d’espérance suppose une réponse claire de notre part. Cela n’a rien d’automatique. L’engagement à suivre le Christ ne peut pas être une dévotion superficielle, une tradition à laquelle nous serions fidèles, mais qui ne nous toucherait pas en profondeur. Saint Paul nous le rappelle en parlant d’offrir à Dieu notre « personne tout entière » en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu.
L’image est forte, mais elle signifie que nous devons vivre selon l’Évangile en nous mettant comme Jésus au service de nos frères. Il ne suffit pas de faire sa Profession de Foi pour être un vrai disciple ! C’est notre personne tout entière qui est engagée et qui doit plaire à Dieu. Cela concerne notre manière d’être, dans notre vie personnelle, dans notre vie professionnelle, notre vie conjugale, familiale, notre vie consacrée. Pour les jeunes, c’est aussi le comportement à l’école, au collège, au lycée, avec ses amis.
Ce que le seigneur nous demande, c’est une cohérence de vie qui est déterminante pour le témoignage que nous avons à donner. Lorsque Jésus dit que celui qui veut être son disciple doit renoncer à lui-même, prendre sa croix et le suivre, il nous montre qu’être chrétien en ce monde ne va pas de soi et que cela demande des efforts et des renoncements en acceptant aussi avec courage et persévérance les difficultés et les épreuves de la vie.
Être chrétien dans le contexte actuel ce n’est pas facile. Cela ne l’a jamais été, mais il est vrai qu’il est plus difficile d’être chrétien dans une société qui n’est plus fondée sur les valeurs évangéliques, comme nous le constatons actuellement. Cela est difficile pour les jeunes dans les établissements scolaires où on se moque de la religion catholique et où on peut être rejeté par ses amis si on se déclare chrétien. Cela peut être difficile aussi pour les adultes dans leur vie professionnelle.
En fait, vivre en chrétien et ne pas s’en cacher est un vrai défi. Cela ne veut pas dire que nous sommes en conflit avec tout le monde, loin de là. Chacun de nous a des amis, et même de la famille, qui ne sont pas croyants ou pas chrétiens. Cela ne nous empêche pas de les aimer et de travailler avec eux, sans pour autant taire la foi en Jésus et en vivre, car elle est le cœur de notre existence.
Alors que devons-nous faire pour que notre personne tout entière, soit un témoignage vivant de notre engagement à la suite du Christ ? Saint-Paul nous répond dans la deuxième lecture de ce jour : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu ce qui est bon ce qui est capable de lui plaire ce qui est parfait. ».
Autrement dit, il ne s’agit pas d’adopter vis-à-vis des autres une posture idéologique qui serait due à notre sensibilité, notre histoire personnelle ou à ce que nous pouvons trouver sur les réseaux sociaux. Ce qui est malheureusement souvent le cas ! Ce qui doit nourrir l’engagement de toute notre personne c’est la recherche de la volonté de Dieu, qui se révèle dans la Parole de Dieu lu, méditée, priée et même étudiée à la lumière de l’Esprit Saint, avec l’aide des autres et de l’éclairage qu’en donne le Magistère de l’Église.
Cette manière de faire est magnifiquement représentée par l’attitude de Sainte-Anne qui enseigne la Parole de Dieu à sa fille, la Vierge Marie. Nous voyons qu’elle prend le temps de lui apprendre à lire et à interpréter les saintes Écritures. C’est ainsi que la Vierge Marie a été préparée par sa mère pour savoir dire oui à la volonté de Dieu et à offrir toute sa personne par amour.
Rester fidèle est un défi pour nous, car, qu’on le veuille ou non, nous sommes très influencés par l’opinion publique et par l’évolution des mœurs et nous manquons souvent de recul pour savoir discerner si cela va dans le sens de la volonté de Dieu, ou pas. Nous pouvons être entraînés, comme l’apôtre Pierre, à penser nos choix de vie en contradiction avec les pensées de Dieu. « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » dit Jésus.
Nous le constatons notamment sur le plan des évolutions sociétales qui nous donnent le sentiment d’être sur une pente glissante qui nous entraîne inexorablement vers le néant.
Pourtant la lumière du Christ ne cesse pas de briller et nous savons qu’en restant guidés par cette lumière, nous pouvons garder le cap et être en ce monde des témoins lumineux de la foi, de l’espérance et de la charité du Christ et nous sommes certains d’arriver ainsi à bon port « Car le fils de l’homme va venir avec ses anges dans la gloire de son père ; alors il rendra à chacun salon sa conduite. » AMEN.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon