Am 6, 4-7, 1 Tm 6, 11-16, Lc 16, 19-31.
Samuel et Jean,
Frères et Sœurs,
Les Lectures de ce jour commencent par un appel vigoureux du prophète Amos qui, au nom de Dieu, reproche à ceux qui vivent dans l’hédonisme de ne pas se « tourmenter du désastre d’Israël » pour reprendre ses termes, autrement dit de n’avoir aucun souci des autres et du bien commun de leur peuple. Ce passage montre à quel point Dieu se préoccupe de nous, qu’il a de la compassion et de la miséricorde pour son peuple et qu’il compte sur nous pour être aussi préoccupés de ceux qui souffrent.
C’est pour répondre à cet appel de Dieu et nous stimuler que l’Église a institué dès l’origine le ministère des diacres. Des hommes qui sont « consacrés à la diaconie de l’Église par l’imposition des mains et le don du Saint Esprit ». Quand on parle de la diaconie de l’Église, on évoque clairement la consigne que Jésus a donnée à ses apôtres après leur avoir lavé les pieds : « vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres » (Jn 13, 14) ou encore lorsqu’il leur a dit : « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mc 10, 45)
L’Église, en chacun de ses membres, se doit d’être préoccupée de tous ceux qui manquent du nécessaire ou qui souffrent physiquement ou moralement. Elle se doit, non seulement de venir en aide aux plus pauvres, mais aussi de leur donner leur place dans la communauté, car ils sont la richesse de l’Église comme le disait saint Laurent, qui était diacre lui-même.
En ordonnant des diacres, l’Église ne dispense donc pas chaque baptisé d’exercer la charité qui est une des vertus théologales, mais elle consacre des fidèles qui, par le don du Saint Esprit et l’envoi en mission par l’évêque, vont aider toute la communauté chrétienne à mettre en œuvre cette diaconie de l’Église. C’est cet engagement que vous allez prendre dans quelques instants, Samuel et Jean, en acceptant « d’aider l’évêque et ses prêtres et de faire progresser le peuple chrétien. »
C’est un grand défi aujourd’hui qui s’est accentué avec la crise du Covid-19 et maintenant la crise économique due notamment à la guerre en Ukraine mais il y a bien d’autres raisons qui mettent des personnes en dessous du seuil de pauvreté, en France et dans le reste du monde. Je pense au défi climatique qui affecte beaucoup de pays. Aujourd’hui, l’Église célèbre la journée mondiale du Migrant et du Réfugié et, de fait, ce contexte pousse beaucoup de gens à chercher asile dans un autre pays. On estime à 100 millions, le nombre de personnes qui ont dû quitter leur pays. L’Église doit toujours être au plus près de ces personnes. Merci de nous stimuler et de nous aider à progresser afin de lutter contre cette indifférence que Jésus dénonce dans l’Évangile.
Un autre engagement vous sera demandé, c’est de « garder le mystère de la foi dans une conscience pure, et proclamer cette foi par la parole et par vos actes… », j’ai cité le rituel. Les lectures de ce jour nous montrent à quel point la Parole de Dieu est essentielle pour nous faire connaître la volonté de Dieu, nous alerter et nous appeler à la conversion. Dans l’Évangile de ce jour et la parabole du riche et de Lazare, Jésus nous montre qu’en étant indifférents à la souffrance des autres, nous creusons ici-bas un grand abîme qui nous séparera pour toujours de l’amour de Dieu.
Il y a quelques années, on a parlé de la fracture sociale comme un fléau à combattre. Le défi est toujours là ! Nous, chrétiens, croyons que l’Évangile est vital dans ce processus, car c’est Dieu qui nous parle et qui nous fait connaître son amour miséricordieux. En tant que diacres, vous allez être appelés à proclamer l’Évangile et à en assurer la prédication, mais aussi à faire connaître la Bonne Nouvelle aux croyants comme aux non-croyants. C’est un aspect essentiel de la diaconie de l’Église, car le Seigneur veut se révéler à tous sans exclure personne.
Diacres, vous allez « présider aux prières, administrer le baptême, assister au nom de l’Église au mariage et de le bénir, de porter le viatique aux mourants et de présider au rite des funérailles. » (R 199) Vous allez ainsi permettre à la grâce de Dieu de se manifester dans la vie des fidèles, que ce soit dans leurs moments de joie comme dans leurs moments de peine. Encore un aspect de la diaconie de l’Église qui se doit de manifester l’amour de Dieu à tous, sans exclure personne.
Vous allez aussi vous engager au célibat pour signifier le don de vous-mêmes au Christ Seigneur à cause du Royaume des cieux en vous mettant totalement au service de Dieu et de votre prochain. (cf. R 200) C’est un choix de vie qui est très contesté aujourd’hui, même de la part de certains fidèles. Il faut en effet une grâce spéciale pour le vivre comme Jésus nous le dit : « Il y en a qui ont choisi de ne pas se marier à cause du royaume des Cieux. Celui qui peut comprendre, qu’il comprenne ! » (Mt 19, 12) Jésus nous dit clairement que tout le monde ne peut pas comprendre. Mais faisons confiance à Jésus. C’est le don de l’Esprit Saint qui nous permet de le vivre, en ayant aussi un bon équilibre de vie.
Il y a beaucoup de joie spirituelle à vivre ainsi, même s’il y a aussi des épreuves, comme dans la vie de tous les êtres humains, qu’ils soient mariés ou célibataires ! Le célibat à cause du Royaume « … est à la fois signe et aiguillon de la charité pastorale et source de fécondité dans le monde. » (R 199)
Samuel et Jean, vous allez aussi vous engager « à garder et développer un esprit de prière, notamment en célébrant la Liturgie des Heures en union avec le peuple de Dieu, intercédant pour lui et pour le monde entier. » (R 200) Vous n’avez pas attendu ce jour pour vous engager dans cette prière qui structure vos journées. Beaucoup de fidèles laïcs ont découvert également avec joie cette prière de la Liturgie des Heures et la prient seuls ou avec d’autres. En tant que diacres, vous pouvez les encourager et les stimuler dans cette prière et d’autres formes de prière. Prier avec et pour les autres est aussi un acte essentiel de la diaconie de l’Église.
Enfin, vous allez « promettre de vivre en communion avec moi et mes successeurs dans le respect et l’obéissance. » Il ne s’agit pas d’une obéissance servile, car elle se vit dans l’amitié et la confiance mutuelle, mais l’enjeu de cet engagement est la communion de toute l’Église dont l’évêque est le garant. Lorsque des divisions surviennent dans la communauté chrétienne, c’est toute la mission de l’Église qui est en danger et donc le salut de ceux que le Seigneur nous confie. C’est un défi permanent et vous allez donc porter avec moi ce souci de la communion en y engageant toute votre vie.
C’est avec beaucoup de joie que nous allons maintenant invoquer l’Esprit Saint et célébrer votre ordination. Vous pouvez compter sur l’amitié fraternelle et la prière de tous. Que le don de Dieu dans ce sacrement vous comble de joie et porte beaucoup de fruits pour la diaconie de l’Église du Finistère. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon