Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Chers Amis, Chers Catéchumènes.
En méditant ces textes, j’ai été frappé par la phrase de Saint-Paul dans la 2e lecture : « Frère, nous le savons bien, la création tout entière gémit. Elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. » Cela peut nous faire penser à la pandémie que nous sommes en train de vivre avec ses multiples conséquences, et plus largement bien sûr à la situation du monde où il y a encore beaucoup de guerres et enfin à l’évolution de cette planète avec le réchauffement climatique, la pollution. Beaucoup de signes troublants qui pourraient nous faire perdre l’espérance.
Mais justement, dans cette phrase, Saint-Paul n’évoque pas un effondrement, mais il parle d’un enfantement, ce qui n’est pas du tout la même chose ! L’enfantement c’est ce qu’il y a de plus beau dans la vie, c’est une existence qui naît, c’est l’espoir. Au fond c’est une vie nouvelle. Alors, il y a bien sûr de la souffrance, mais ce n’est pas une souffrance stérile.
Or cette expression « vie nouvelle », Saint-Paul l’utilise pour le baptême. Le baptême au nom de Jésus est une vie nouvelle dans l’Esprit Saint. De fait, le baptême lui-même exprime cette souffrance puisqu’il y a le passage par l’eau qui représente la mort du Christ, mais il y a aussi cet enfantement, cette nouvelle naissance, cette vie nouvelle justement, qui vient de la Résurrection de Jésus.
Saint-Paul, toujours dans la 2e lecture, nous dit : « Nous aussi, en nous-mêmes nous gémissons. Nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps. »
Pourquoi l’adoption ? Car par le baptême, chers catéchumènes, vous devenez déjà fils et filles de Dieu et membres du corps du Christ.
St Paul parle aussi de la rédemption de notre corps ? De fait, par le baptême, le Seigneur nous fait entrer dans la vie éternelle avec Jésus, même si bien sûr c’est en espérance encore, car nous devrons tous un jour passer par la mort, comme Jésus ! Mais cette espérance n’est pas vaine, car ce que le sacrement du baptême exprime par des gestes, Dieu le manifeste réellement en nous.
Mais, au fond, cette vie nouvelle, comment se manifeste-t-elle concrètement dans notre existence ? Et bien comme dit Saint-Jean dans l’Évangile : « Comme dit l’Écriture, de son cœur (de Jésus) couleront des fleuves d’eau vive. En disant cela, il parlait de l’Esprit Saint qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui. » Ces fleuves d’eau vive, ils se manifestent donc dans le sacrement de la confirmation que vous allez recevoir aussi tout à l’heure. L’Esprit Saint manifeste concrètement l’amour et la miséricorde de Dieu pour nous, comme Saint Paul le dit : « l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse… » et cela, de multiples manières. Dans la prière de la confirmation, que je dirai tout à l’heure, nous entendrons que le don de l’Esprit se manifeste par sept dons : l’esprit de sagesse et d’intelligence, de conseil, de force, de connaissance et d’affection filiale. L’esprit d’adoration. Ces sept dons de l’Esprit Saint que l’on retrouve dans un texte du prophète Isaïe (Is 11, 2).
Mais pour bien comprendre, à quoi pourrait-on le comparer ? Moi, je le comparerais à l’amour des parents pour leurs enfants. Cet amour qui se manifeste de différentes manières : ils prennent soin de la santé de leurs enfants bien sûr ; ils les vêtissent, ils les nourrissent ; ils les ouvrent à la connaissance du monde et de ses merveilles ; ils leur transmettent leur foi, leur espérance, ce qui leur tient le plus à cœur ; ils leur apprennent à discerner le bien du mal, à se comporter avec les autres d’une belle manière. Et puis, de temps en temps, si c’est nécessaire, ils doivent aussi les punir, justement, pour les aider à comprendre les choses. Cette attitude manifeste pleinement leur amour dans un ensemble d’attitudes qui les fait grandir et qui permet aux jeunes de déployer leurs potentialités, d’exprimer leur personnalité unique et si précieuse.
Il en est de même pour l’Esprit Saint qui nous est donné, et qui se manifeste de multiples manières, mais c’est toujours l’amour de Dieu qui se manifeste à notre égard pour nous aider à grandir en sainteté à l’image du Christ, pour nous aider à répondre aux appels du Seigneur justement pour nous permettre de déployer nos charismes c’est-à-dire les dons que Dieu fait germer en nous pour le bien commun, pour le service des autres.
Cela bien sûr a des conséquences dans notre vie. Par les dons de l’Esprit Saint, les baptisés partagent avec le Christ la dignité de prêtre, de prophète et de roi.
De prêtre d’abord, puisque par notre vie de prière l’Esprit Saint intercède pour nous « car nous ne savons pas prier comme il faut » dit Saint-Paul. La prière, la méditation de la Parole de Dieu, les sacrements et en particulier celui de l’Eucharistie sont des fruits de l’Esprit et ils nous unissent à Jésus. Ils nous permettent à notre tour d’être à même de prier pour les autres, de prier pour notre humanité et pour cette création « qui gémit » précisément. C’est ce que nous faisons par exemple à chaque fois que nous disons la Prière Universelle.
Deuxièmement de prophète, puisque l’Esprit Saint nous permet de témoigner vis-à-vis des autres, d’annoncer la Bonne Nouvelle du Salut, de faire connaître l’Évangile, mais aussi de savoir révéler aux autres ce que le Seigneur a fait dans notre vie, ce qu’Il a fait pour nous, mais aussi ce qu’Il a fait dans le monde. Cette révélation aide les autres à grandir dans la foi.
Enfin, nous sommes aussi roi puisque l’Esprit Saint nous pousse à nous mettre au service des autres, à prendre soin des autres avant de prendre soin de nous-mêmes ; c’est un don qui est particulièrement à mettre en œuvre en ce moment, en cette période où nous voyons la pauvreté se développer un peu partout, car beaucoup de gens souffrent encore de cette pandémie y compris moralement.
C’est en étant pour convaincu de tout cela et dans l’Action de Grâce que nous allons maintenant baptiser et confirmer nos chers catéchumènes. AMEN
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon