Moarvad n’ho-peus morse klevet ano euz al lec’h-mañ ‘Caher Island’! Eun enezenn eo, gouestlet da zant Patrig er mor Atlantel, e hanternoz ar C’honnemara, eun daou-ugent kilometrad bennag a-gleiz da Venez Sant-Patrig. Pal kenta or pelerinaj e Bro-Iwerzon er bloaz-mañ a oa mond di da lida gand tud ar vro gouel braz Hanter-Eost. Evid kement-se e rankem kemer eur vag e Roonagh, ha mond d’en em stalia en eun ti-digemer evid eun nebeud deveziou war Inishturk : war Caher Island ne ‘z-eus na kae, na porz, na ti, netra nemed eun toull dour anvet feunteun, ha rivinou mogeriou chapelig manati ar grenn-amzer-goz ! A-vec’h staliet war Inishturck, eo bet tost deom beza dipitet braz, p’e-neus pôtr ar vag disklêriet deom : «Ne vezo ket a belerinaj braz warhoaz war Caher-Island, rag re rust vezo ar mor…» emezañ, ha warlerc’h eun taol pellgomz pe zaou, «goude lein hirio e c’helfen kas ahanoc’h, ma fell deoc’h!» Eveljust, n’om ket chomet da dermad!
Eun enezenn rohelleg eo Caher-Island, e stumm eur yenn, troet war-zu ar zao-heol, hanter-hent etre Roonagh hag Inishturck. N’eo ket êz dilestra war an enezenn ablamour d’ar rehier. Eun oufig a zo koulskoude ’lec’h m’eo sonnoc’h ar rehier; euz ar vag vraz e tiskennem dre zaou en eur vagig, eur c’hourrac’h, maneet gand daou zen a gase ahanom war rehier. Ha d’an distro e oe red ober ar memez tra. Eur vaouez euz Inishturck a zeuas ganeom da zisplega deom pep tra, ha gand he sikour, e-touez mein mogeriou rivinet ar chapelig on-eus bet ar joa vraz da zizolei eur mên plad kizellet kaer hag anvet «Gwele sant Patrig!»
An devez warlerc’h eta oa gouel Maria Hanter-Eost, a oe lidet war an ton braz e iliz Inishturck, peogwir e oa re fall ar mor evid soñjal tostaad ouz Caher. Ouspenn tud an enezenn, eur c’hant bennag, e teuas eun nebeud tud euz an douar braz, hag ive ar beleg : anad e oa ec’h en em anaveze an oll koulz lavared hag e oa evito an devez-se eun dro vad d’en em gavoud asamblez. Eur seurt menez eo an enezenn-ze, eur roz gand eun ti beb an amzer. E-kreiz an dorgenn ez-eus eun ti debri, ha kalz euz an dud a oa en overenn en em gavas eno evid o lein, ha ni ive. Blaz eur pardon a Vreiz-Izel hanter-kant vloaz ’zo a oa gand an devez-se war Inishturck. Digemeret om bet ’vel er gêr! Labour sant Patrig mil pemp kant vloaz ’zo a ro frouez hirio c’hoaz !
Vous n’avez sans doute jamais entendu parler de ce lieu ‘Caher-Island’! C’est une île dédiée à Saint Patrick dans l’Atlantique au nord du Connemara à une quarantaine de kilomètres à gauche du Mont Saint Patrick. Le premier objectif de notre pèlerinage en Irlande cette année était de nous y rendre pour y célébrer avec les gens du pays la grande fête du quinze août. Pour ce faire, il nous fallait prendre le bateau à Roonargh et nous installer pour quelques jours dans une maison d’accueil sur Inishturck : sur Caher-Island il n’y a ni quai, ni port, ni maison, rien d’autre qu’un trou d’eau nommé fontaine, et les ruines des murs d’une petite chapelle d’un monastère du Haut-Moyen-âge. A peine arrivés sur Inishturck, nous avons faillis être découragés par l’annonce du patron du bateau, disant : « Il n’y aura pas de grand pèlerinage demain à Caher-Island, car la mer sera trop mauvaise.» puis, après un ou deux coups de téléphone, «cet après-midi je pourrais vous y conduire, si vous le souhaitez !» Nous n’avons évidemment pas hésité !
Caher-Island est une île rocheuse en forme de coin, orientée au soleil levant, et à mi-chemin entre Roonargh et Inishturck. C’est difficile de débarquer sur l’île en raison des rochers. Il y a une petite crique pourtant où les rochers sont plus hauts : du grand bateau, nous descendions par deux dans une barque, un coracle manoeuvré par deux personnes, qui nous emmenait sur les rochers. Au retour, il fallut refaire la manoeuvre. Une femme d’Inishturck nous accompagna pour nous donner des explications, et avec son aide, parmi les pierres des murs ruinés de la chapelle, nous eûmes la joie de découvrir une grande dalle plate gravée et dénommée «le lit de saint Patrick».
Le lendemain était donc la fête de l’Assomption de la Vierge, célébrée solennellement à l’église d’Inishturck, puisque la mer était trop mauvaise pour s’approcher de Caher. Outre les gens de l’île, une centaine, il vint quelques personnes du continent, ainsi que le prêtre : c’était évident qu’ils se connaissaient tous pour ainsi dire, et que c’était pour eux une belle occasion pour se retrouver. L’île est montagneuse, une forte colline avec une maison de temps en temps. A mie-pente, il y a un restaurant, et beaucoup de ceux qui étaient à la messe s’y retrouvèrent pour leur repas de midi…et nous aussi. Il y avait ce jour-là sur Inishturck une ambiance de pardon breton d’il y a cinquante ans. Nous avons été accueillis comme à la maison ! Le labeur de saint Patrick il y a plus de mille cinq cents ans porte du fruit aujourd’hui encore !
Tad Job an Irien