Frères et Sœurs,
Le pape François a publié au début du temps de l’Avent une lettre apostolique dans laquelle il nous invite à contempler la Crèche, car elle est porteuse de nombreux signes qui nous font entrer en toute simplicité dans la beauté de la foi. On peut dire qu’elle touche autant les parents que les enfants et je suis frappé de voir tant de monde passer ici devant la crèche, y déposer un lumignon. De fait, la Crèche représente vraiment la fête de Noël ! Elle est incontournable et elle nous fait entrer dans le Mystère de l’Incarnation, c’est-à-dire Dieu qui prend chair de notre chair pour nous sauver de la mort.
Il y a un premier signe qui nous touche beaucoup, c’est la pauvreté des lieux. Comme nous l’avons entendu dans l’Évangile, Jésus, nouveau-né, a été déposé dans une mangeoire pour les animaux, car il n’y avait plus de place pour eux dans la salle commune. Il est entouré de Marie et de Joseph, mais la tradition nous parle aussi de l’âne et du bœuf qui sont les hôtes de ces lieux. Lui qui est vraiment Dieu, a choisi pour lui-même de s’incarner dans un lieu très pauvre.
Nous disons parfois de façon imagée que nous ne vivons « tout de même pas » sur la paille. Lui il a choisi de naître sur la paille justement comme le plus pauvre des pauvres ! Ce premier signe est profondément bouleversant. Comme le dit le pape : « En contemplant la scène de Noël, nous sommes invités à nous mettre spirituellement en chemin, attirés par l’humilité de Celui qui s’est fait homme pour rencontrer chaque homme. Et, nous découvrons qu’Il nous aime jusqu’au point de s’unir à nous, pour que nous aussi nous puissions nous unir à Lui. »
Je dirai que la crèche nous fait contempler l’amour à l’état pur. L’amour de Dieu qui prend l’initiative de venir nous rejoindre dans notre pauvreté humaine. « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. » dit Saint-Jean. Ce signe est aussi un appel à le rencontrer avec miséricorde dans ces frères et sœurs qui manquent du nécessaire (Cf. Mt 25, 40.).
Un deuxième signe est aussi frappant. La crèche est toujours représentée dans le silence de la nuit, notamment parce que l’Évangile fait référence aux bergers qui passent la nuit à garder leurs troupeaux : « La gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière », nous dit l’évangéliste. Dans la Première lecture d’Isaïe également : « Le Peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière… ».
Cette nuit exprime beaucoup de choses que nous pouvons ressentir au fond de nous-mêmes : la nuit de notre solitude, de nos épreuves, de nos deuils, de nos doutes, de nos angoisses, de nos inquiétudes par rapport à l’avenir, celui de nos enfants. Mais aussi, comme le souligne le pape, la nuit « de nos questions décisives concernant le sens de notre existence : Qui suis-je ? D’où est-ce que je viens ? Pourquoi suis-je né à cette époque ? Pourquoi est-ce que j’aime ? Pourquoi est-ce que je souffre ? Pourquoi vais-je mourir ? »
La venue de Jésus rend cette nuit lumineuse, car la naissance de Jésus dans notre monde nous ouvre à la vérité tout entière. Comme le souligne encore le pape : « Pour répondre à ces questions, Dieu s’est fait homme. Sa proximité apporte la lumière là où il y a les ténèbres et illumine ceux qui traversent l’obscurité profonde de la souffrance (cf. Lc 1, 79). »
Enfin un troisième signe me paraît aussi important à souligner, c’est que nous ne sommes pas que des spectateurs devant la Crèche. Les santons représentent la grande diversité des personnes, mais nous aussi sommes là, bien vivants à la contempler. Une relation s’établit entre Jésus et chacun de nous : « C’est précisément cette rencontre entre Dieu et ses enfants, grâce à Jésus, qui donne vie à notre religion, qui constitue sa beauté unique et qui transparaît de manière particulière à la crèche. ».
Frères et Sœurs, en accueillant le message de la Crèche en cette fête de Noël, nous sommes appelés à revenir à l’essentiel, à « ne pas nous laisser tromper par les propositions éphémères de bonheur. » La fête de Noël est je l’espère pour nous, malgré les grèves, l’occasion de nous réunir en famille, entre amis, dans les repas organisés pour les personnes seules ou démunies, dans les hôpitaux ou les EHPAD. Demain matin j’irai à la Maison d’Arrêt de Brest afin de célébrer la messe pour les détenus, car la miséricorde du Seigneur n’a pas de limite.
Devant la Crèche, l’Évangile nous dit qu’une troupe céleste innombrable louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. » Que cette paix de Jésus rejoigne chacun de nous en cette fête de Noël. Faisons taire nos disputes, nos divisions, nos paroles blessantes. Que les rencontres que nous allons vivre durant ces fêtes soient l’occasion de raviver le véritable amour et la tendresse que Jésus est venu faire jaillir dans nos vies. AMEN
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon
[1] Admirabile Signum — 1er décembre 2019