Ac 14, 21b-27 ; Ps 144 ; Ap 21, 1-5a ; Jn 13, 31-33a.34-35
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Chers Amis,
Dans la 1re lecture que nous avons entendue, des Actes des apôtres, Paul et Barnabé passent de ville en ville, car ils veulent à tout prix annoncer la Bonne Nouvelle de la mort et de la résurrection de Jésus. C’est la joie de l’Espérance qui les habite et qu’ils veulent ainsi transmettre à tous. C’est un peu ce que souhaitait Charles de FOUCAULD, qui a voulu aussi rejoindre ceux qui étaient loin, et qui disait « la seule tristesse, c’est de voir que tant d’âmes se perdent et souffrent. » En effet, le fait de ne pas connaître le Christ est pour lui un manque considérable, car reconnaître l’amour du Christ change tout dans la vie : c’est mettre la joie de l’Espérance dans tous les actes de notre vie quotidienne.
Paul et Barnabé, autant que Charles de FOUCAULD, vont rencontrer beaucoup de difficultés et d’opposition pour annoncer cette joie de l’Évangile. À l’image de ce que vous pouvez vivre dans vos collèges et lycées où beaucoup de vos camarades n’ont pas la foi ou sont d’autres religions. Parfois, ils se moquent et cela vous blesse.
Les apôtres ont témoigné de leur joie de croire et de l’expérience qu’ils avaient faite de la rencontre avec le Christ et de son amitié. Ils ont témoigné de leur Espérance, mais ce n’est pas eux, bien sûr, qui pouvaient donner la foi. Comme nous l’avons entendu, « ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux nations la porte de la foi. ». Ainsi, si les apôtres ont témoigné, c’est Dieu qui a ouvert « la porte de la foi ». C’est une belle expression, que Jésus lui-même va s’attribuer, car il se désignera comme la porte, une porte qui ouvre vers une vie en amitié avec lui. Une vie plus forte que la mort. Une vie qui donne la joie de l’Espérance.
Quand vous dîtes à vos amis que vous êtes croyants, ils ne sont pas obligés de vous croire, et Jésus n’a jamais forcé la porte pour s’imposer. Même Jésus s’est vu rejeté. On s’est moqué de lui et il a même été mis à mort ! Pourtant, Paul et Barnabé disent qu’un certain nombre de personnes ont mis leur foi en Jésus et ont été heureux de partager cette joie de l’Espérance.
Charles de FOUCAULD, lui, n’a converti personne… mais, c’est après sa mort que son témoignage a porté et continue de porter du fruit dans le monde entier. Alors, Chers Amis, ne vous découragez pas, et n’ayez pas peur de dire que vous êtes chrétiens, que vous avez, par exemple, passé un week-end formidable à Joyful. Vos camarades vous demanderont « pourquoi, de quoi s’agit-il ? », et vous pourrez expliquer ce que signifie être « joyeux dans l’Espérance ».
Cette Espérance, elle est bien exprimée dans le passage de l’Apocalypse que nous avons entendu en 2e lecture, où l’auteur dit : « Dieu essuiera toute larme de nos yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur… ». Une souffrance que je trouve souvent exprimée dans vos lettres de demandes de confirmation, en particulier par rapport au deuil de vos proches. C’est une souffrance qui vous trouble énormément. Dieu n’enlève pas la souffrance de la séparation d’avec ceux qu’on aime, mais il nous donne la certitude que cette séparation n’est pas définitive. Ce n’est pas seulement un espoir, c’est une Espérance qui est certaine, car Jésus a vaincu la mort, il est vivant pour toujours. Si nous sommes ses amis maintenant que nous communions à la messe à son corps de ressuscité, nous croyons que nous sommes déjà promis à la vie éternelle.
Soyez porteurs de cette Espérance. Qu’elle rayonne auprès de vos familles et amis.
Enfin, dans l’Évangile, Jésus nous dit : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. » (Jn 15, 12-17) Charles de FOUCAULD a fait tout ce qu’il a pu pour imiter Jésus dans cet amour du prochain. C’est ce qu’il a appelé la fraternité universelle. Comme il le dit, « Je veux habituer tous les habitants, chrétiens, musulmans, juifs et idolâtres à me regarder comme leur frère, le frère universel. »
Bien sûr, Charles de FOUCAULD avait des amis préférés, comme vous, j’imagine. Il avait aussi des gens qu’il n’aimait pas beaucoup ou qui ne l’aimaient pas beaucoup non plus. Mais, il a essayé de vaincre ses mauvais sentiments pour se faire proche de tous. Comme Jésus, qui a donné sa vie pour nous tous sans distinction ! Jésus nous dit d’ailleurs dans l’Évangile : « aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. » (Mt 5, 44)
Aujourd’hui, il y a de la violence dans le monde, mais aussi parfois dans vos collèges et lycées ou encore au travers des réseaux sociaux (injures, harcèlement, etc.), vous devenez frères universels quand vous essayez de renoncer déjà pour vous-même à entrer dans ce cercle de violence, mais également lorsque vous aidez les autres à en sortir.
Le monde est pas mal secoué en ce moment par la guerre en Ukraine, et ailleurs, par tous les défis que nous avons à surmonter (défi climatique, environnemental…), et si vous êtes habités par la joie de l’Espérance, vous ferez beaucoup de bien là où vous êtes pour faire grandir la fraternité, le respect des autres et de l’environnement, car « tout est lié » comme nous le dit le pape François, et vous donnerez ainsi de l’Espérance à ceux qui désespèrent. Vous ferez du bien, pas seuls, mais tous ensemble en Église, avec la joie et la force que donne l’Esprit saint que beaucoup d’entre vous vont recevoir en plénitude dans le sacrement de confirmation. Alors, « Soyez joyeux dans l’Espérance, constants dans la détresse, persévérants, dans la prière » (Rm 12 : 12) comme nous le demande saint Paul. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon