Ac 13, 14.43-52 ; Ps 99 ; Ap 7, 9.14b-17 ; Jn 10, 27-30
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et Sœurs,
En cette journée mondiale de prière pour les vocations, les textes de ce jour nous invitent à regarder vers où le Seigneur nous emmène, quel avenir Il nous promet. C’est justement un des aspects du ministère de prêtre que de conduire à la manière du Bon Pasteur tous les fidèles pour leur montrer vers où nous allons et quel est le but essentiel de l’existence humaine. Ils le font en annonçant l’Évangile, en célébrant les sacrements et en nous guidant par leurs conseils et leur accompagnement comme le Bon Pasteur dans l’Évangile. C’est le témoignage que nous donnent aussi Paul et Barnabé dans les Actes des Apôtres, dans le passage que nous avons lu en première lecture. Quels que soient les obstacles qui se présentaient à eux et les épreuves endurées, ils ont annoncé la Bonne Nouvelle à tous ; même la persécution n’a pas été un obstacle, puisque Paul et Barnabé, rejetés de la ville, vont aller prêcher ailleurs dans une autre ville et ainsi la parole de Dieu, va se répandre d’autant mieux. Ils ont donc annoncé la Bonne Nouvelle à Antioche de Piscidie, mais c’est Dieu qu’il la fait fructifier dans le cœur des fidèles. C’est une leçon qui nous est donnée, de ne pas avoir peur de diffuser la Parole de Dieu, de dire sa foi. Ce matin j’ai rencontré les confirmands de votre paroisse et nous avons échangé sur cette question du témoignage, de l’importance de ne pas avoir honte de sa foi et de savoir répondre à toutes les questions que se posent les personnes, car nous vivons dans un monde où beaucoup de personnes de notre entourage (famille, amis,…) ne sont pas forcément croyantes. L’important pour nous, c’est d’avoir la foi, et une foi vivante, et croire que ce n’est pas notre parole que nous annonçons, mais bien la parole de Dieu et c’est Lui qui la fait fructifier. Nous ne sommes plus en régime de chrétienté. Le Pape nous l’a encore rappelé. Ce n’est pas pour autant que la parole de Dieu n’est pas vivante et pertinente, qu’elle ne touche pas le cœur des personnes qui cherchent un sens à leur vie.
C’est justement cette espérance qui nous fait tenir debout tel que cela est décrit dans le texte de l’Apocalypse, que nous avons entendu en deuxième lecture. Nous avons dans ce texte une vision du paradis qui pourrait être un rêve ou même le fruit de l’imagination d’un illuminé, mais en fait, la résurrection du Christ, sa victoire sur la mort, rend justement cette perspective bien réelle.
Dans le Finistère, les enclos paroissiaux manifestent de façon très belle cette foi, cette espérance chrétienne. Nos ancêtres ont mis dans ses enclos une entrée triomphale par laquelle les cercueils entraient au moment des obsèques, un peu s’il s’agissait de l’entrée au paradis. C’est ce qui est exprimé dans ce texte, dans lequel l’auteur utilise le style littéraire assez particulier avec des symboles, très connus à l’époque (l’Agneau pascal, les palmes, les robes blanches, etc.) Tout cela exprime une réalité exprimée par cette phrase, « ceux-là viennent de la grande épreuve », mais ils sont toujours vivants. Qu’est-ce donc que cette grande épreuve ? Ce sont d’une part les persécutions, comme nous l’avons entendu dans les Actes des Apôtres, mais aussi le combat mené sur la terre contre le mal, pour faire grandir l’amour de Dieu en ce monde dans le cœur des personnes ; un combat contre le mal et la mort. Ce combat nous le menons aussi à travers la lutte contre tout ce qui détruit notre humanité : les épidémies, les guerres, les changements climatiques, la pollution. Nous pourrions y ajouter les violences quotidiennes, le manque d’amour et de fraternité, y compris, parfois, au sein de nos familles. Nous avons énormément de défis à relever. L’auteur de l’Apocalypse justement redonne du courage aux croyants qui sont confrontés aux épreuves et qui pouvaient finalement douter de la victoire du Christ sur la mort : « l’Agneau qui se tient au milieu du Trône sera leur pasteur pour les conduire aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux ».
Notre foi est souvent limitée au passé et au présent, mais, nous regardons assez peu vers l’avenir or, c’est justement de voir où nous allons qui nous donne la paix et la confiance par rapport aux épreuves de ce monde. La foi en l’avenir de bonheur qui nous est promis par le Christ. Quelle est cette foi en l’avenir ? Jésus nous le dit dans l’Évangile : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. » Avec, bien sûr, cette condition que les brebis écoutent sa voix et qu’elles le suivent ! C’est un engagement à devenir ses disciples pour entrer dans cette espérance de vivre pour toujours avec le Seigneur après notre mort.
Mais, la foi en l’avenir, c’est aussi de croire à l’avènement du Christ à la fin des temps. Cet avènement, nous le proclamons dans l’anamnèse à la messe lorsque nous disons : « nous annonçons ta mort Seigneur Jésus, nous proclamons ta Résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire », « Nous attendons que tu viennes », « vient Seigneur Jésus. » Ce retour du Christ est un élément essentiel de notre foi. Voilà ce que dit le CATECHISME DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE : « 673 Depuis l’Ascension, l’avènement du Christ dans la gloire est imminent (cf. Ap 22, 20) même s’il ne nous » appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa seule autorité » (Ac 1, 7 ; cf. Mc 13, 32). » […] « 675 Avant l’avènement du Christ, l’Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants (cf. Lc 18, 8 ; Mt 24, 12). » […] « 677 L’Église n’entrera dans la gloire du Royaume qu’à travers cette ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection (cf. Ap 19, 1-9). Le Royaume ne s’accomplira donc pas par un triomphe historique de l’Église (cf. Ap 13, 8) selon un progrès ascendant, mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal (cf. Ap 20, 7-10) qui fera descendre du Ciel son Épouse (cf. Ap 21, 2-4). Le triomphe de Dieu sur la révolte du mal prendra la forme du Jugement dernier (cf. Ap 20, 12) après l’ultime ébranlement cosmique de ce monde qui passe (cf. 2 P 3, 12-13). » Tous ces termes sont évidemment puisés dans les Écritures. Donc, si nous croyons dans cet avenir-là, nous ne pouvons pas désespérer, car nous voyons que les épreuves que nous traversons en ce monde sont une étape, sinon voulue par Dieu, au moins annoncée et assumée comme un passage obligé, exactement comme le Christ qui a dû nécessairement passer par la croix pour ressusciter et vaincre la mort et être ainsi le Sauveur de tous les hommes. Celui qui nous permet de traverser ces épreuves dans la foi, et même de les affronter dans la paix intérieure, la confiance, c’est bien sûr, le don de l’Esprit Saint, que nous avons beaucoup évoqué avec les confirmands. Cet Esprit qu’ils vont recevoir en plénitude au moment de la Confirmation, et qui fait dire aux disciples dans les Actes des Apôtres, malgré leurs épreuves, malgré le rejet qu’ils ont eu à Antioche, qu’ils « étaient remplis de joie et d’Esprit Saint. »
Nous aussi, Frères et Sœurs, en ce Temps Pascal au cœur des épreuves de ce monde et de nos épreuves personnelles, familiales, soyons toujours remplis de joie et d’Esprit saint. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon