Frères et Sœurs,
Chers Catéchumènes,
En entendant cette longue série de textes de la Bible, nous pouvons nous demander : pourquoi lire tout cela ce soir. Je me souviens d’une catéchiste qui m’avait dit : « Pourquoi l’Église continue-t-elle à lire des textes de l’Ancien Testament alors que maintenant, nous avons le Nouveau Testament ? » Je lui ai alors cité la phrase de saint Jérôme, grand traducteur de la Bible au IVe siècle : « Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ. »
Et de fait, la lecture de ces textes ce soir nous rappelle que la mort et la résurrection du Christ ne peuvent pas être comprises en dehors de l’histoire du Salut. Jésus n’est pas un homme comme les autres, il s’agit bien de Dieu qui s’est fait homme pour sauver l’humanité.
À travers les lectures de cette nuit, nous voyons ce dessein de Dieu se réaliser pour l’humanité, en partant d’une méditation sur l’origine du monde dans le livre de la Genèse, avec ensuite la lutte pour se libérer de l’oppression et du mal dans le livre de l’Exode, mais aussi les appels répétés des prophètes à entrer dans l’Alliance de Dieu comme dans le livre d’Isaïe, et malheureusement aussi les infidélités, les appels à la conversion et les renouvellements de cette Alliance dans le livre d’Ézéchiel. Nous sommes arrivés enfin à la venue de Jésus en ce monde, sa mort et, ce soir, l’annonce de sa Résurrection.
Ce passage du Fils de Dieu de la mort à la vie et sa victoire définitive sur les forces du mal est une étape décisive de l’histoire du salut. Nous ne sommes pas encore arrivés au bout, puisque nous attendons l’Avènement glorieux du Christ à la fin des temps, mais déjà tout est changé puisqu’il nous fait participer désormais à sa mort et à sa résurrection comme nous le rappelle la lettre de saint Paul aux Romains.
Il se trouve que par une coïncidence de calendrier nos frères juifs ont célébré aujourd’hui la Pâque, en hébreu Pessah, le passage de la mer, dont nous avons lu le récit tout à l’heure, dans lequel Dieu a conduit le peuple hébreu pour le libérer de la servitude en Égypte et lui permettre, après un temps d’épreuves, à entrer dans la Terre Promise. Si, nous aussi, avons lu ce texte ce soir, c’est que nous reconnaissons dans le passage de la mer, une préfiguration du Baptême qui nous fait passer de la servitude du péché à la vie nouvelle avec le Christ.
Ce soir, nous qui sommes déjà baptisés, nous allons renouveler les promesses de notre baptême, car nous ne sommes pas meilleurs que le peuple élu qui, au cours des siècles, a été souvent infidèle à l’Alliance. Il est important de réaffirmer clairement notre foi en Jésus ressuscité des morts et en l’Église à qui Jésus a confié la charge d’annoncer la Bonne Nouvelle et de nous sanctifier par les sacrements.
En proclamant notre foi, nous redisons notre volonté de vivre comme disciples de Jésus en marchant à sa suite et en mettant en œuvre les Béatitudes. Elles sont la carte d’identité du chrétien, nous dit le pape François. La vie nouvelle avec le Christ est bien de rendre nos cœurs doux et purs, de nous faire artisans de paix et de justice, d’être miséricordieux, compatissants. Et cela, avec la grâce de l’Esprit Saint qui nous a été donné par Dieu.
Comme il est important de renouveler cet engagement. Notre monde en a besoin ; notre société en a besoin ; notre Église aussi en a besoin. C’est avec la grâce de Dieu que nous pouvons construire une fraternité authentique.
Enfin j’aimerais dire quelques mots à Camille, Marie-Amélie et Mélissa qui vont recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne dans quelques instants. Dans la lettre aux Romains que nous avons entendue, saint Paul vous adresse, nous adresse, un message magnifique :
D’abord avec cette phrase : « … nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus… » En effet, devenir chrétien, ce n’est pas seulement être membre de la grande famille de l’Église, cela vous l’êtes depuis votre entrée en catéchuménat. Maintenant, vous allez devenir pleinement des disciples de Jésus et même ses amis. La vie chrétienne se vit dans la relation avec Jésus, nourri par sa parole et par les sacrements. Une relation qui nous fait grandir en sainteté tout au long de notre vie.
Une amitié avec le Christ qui ne sera pas détruite avec notre mort. « Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous dit saint Paul, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. » Cette espérance nous fait tenir debout dans bien des épreuves et elle nous affranchit de la peur de mourir pour toujours.
Chers Catéchumènes, Chers Frères et Sœurs,
Que cette nuit de Pâques ravive notre foi, nous maintienne dans l’espérance et nous donne la joie de témoigner de la Bonne Nouvelle de la Résurrection. Amen.