Rm 9, 15 ; Ps 147 ; Lc 14, 16
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et Sœurs,
Dans l’Évangile que nous venons d’entendre, il y a un homme atteint d’hydropisie qui se présente devant Jésus. Savez-vous ce qu’est l’hydropisie ? Il s’agit d’un œdème généralisé (il y a beaucoup trop d’eau dans le corps) dû à une insuffisance cardiaque.
Je ne vais pas développer, sinon les médecins qui sont présents dans le pèlerinage me feront des remarques, mais je souhaite en faire une lecture spirituelle, car dans cette insuffisance cardiaque, nous pouvons, peut-être, y voir un manque de cœur, c’est-à-dire un manque d’amour autrement dit, une vie qui ne va pas bien, quelque chose de déséquilibré dans notre vie, dans nos relations avec les autres, et donc aussi dans notre relation avec Dieu. Cet homme malade, est là, devant Jésus, il ne lui demande rien. Il l’écoute. Il le regarde. C’est Jésus qui le voit et qui prend l’initiative de le guérir. Et il le guérit le jour du sabbat, alors que c’était interdit. Jésus risque sa vie pour ce malade, comme s’il y avait urgence de sauver cet homme !
Chers Amis, chacun de nous est peut-être un peu concerné par un manque de cœur, c’est-à-dire ce manque d’amour, amour de Dieu et amour des autres. C’est Jésus qui dit que les deux commandements essentiels, c’est justement d’aimer Dieu de tout son cœur, de toute sa force, de toute son intelligence, de tout son esprit et d’aimer son prochain comme soi-même. Jésus ajoute, « il n’y a pas de commandements plus grands que ceux-là » (Mc 12, 28b-34), autrement dit, l’amour de Dieu, l’amour des autres, mais également l’amour de soi, aimer son prochain « comme soi-même », c’est-à-dire, l’estime de soi. Celui qui s’efforce de grandir dans cet amour-là a une vie parfaitement saine et équilibrée, ajustée à l’amour de Dieu. Mais, qui peut prétendre cela ?
Chacun de nous est venu à Lourdes avec sa part d’insuffisance d’amour, pourrait-on dire. En arrivant en pèlerinage à Lourdes, nous avons fait comme cet homme atteint d’hydropisie, nous sommes venus ensemble nous mettre au pied de Jésus, pour l’écouter, le prier, peut-être simplement le regarder, le contempler comme lors de la procession eucharistique. Nous sommes venus tous ensemble : la Pastorale catéchétique, la Pastorale des jeunes, des familles, les pèlerins des paroisses, le Voyage de l’Espérance, les membres des communautés de l’Arche, Santigou, tous ensemble aux pieds de Jésus avec nos infirmités physiques, mais aussi psychiques peut-être, spirituelles en tous les cas. Le Seigneur s’est penché vers chacun de nous de mille manières : au fond du cœur dans la prière, par les relations que nous avons tissées les uns avec les autres, par les amitiés qui se sont développées, par les belles célébrations, nous étions vraiment en communion. Lorsqu’on célèbre tous ensemble, il se passe quelque chose qui nous dépasse. Le Seigneur Jésus a sûrement guéri en nous, bien des choses que nous ne soupçonnons pas toujours, mais que nous découvrirons lors de notre retour.
Maintenant, nous allons repartir. On dit bien que « tout commence en Finistère » et c’est vrai que notre pèlerinage a bien commencé dans le Finistère en montant dans les cars, mais tout continue aussi en Finistère et de belle manière. Rendons grâce déjà à Jésus pour les fruits de ce pèlerinage. Dans l’Évangile, Jésus « saisit le malade, le guérit et le renvoya. » Nous ignorons ce qu’il va devenir, mais nous imaginons qu’il va être très heureux d’être guéri, et que cela va changer beaucoup de choses dans sa vie. C’est cela que nous espérons pour nous. Pas forcément une guérison physique, mais un changement dans notre manière d’être, dans notre regard sur les autres, et dans notre foi
Quoiqu’il en soit, notre vie chrétienne en diocèse va continuer. Et j’aimerais nous encourager : Soyons heureux d’être chrétiens. Soyons heureux d’être amis du Christ et membres de cette Église. Une Église qui est critiquée, à juste titre sans doute en ce moment, peut-être un peu trop parfois, mais dans laquelle nous vivons aussi des événements magnifiques. N’hésitons pas à le dire à ceux qui désespèrent. Exprimons notre joie d’être chrétiens, parce que sauvés, guéris par le Christ qui nous aime et qui nous envoie comme témoins de sa Bonne Nouvelle. Le thème de cette journée était : « Enfant de Marie, Missionnaire de l’Évangile ». C’est cela que nous avons à vivre avec le soutien de la Vierge Marie. Témoigner de notre joie de croire, de notre joie d’être chrétien. Amen
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon