Is 53, 10-11 ; Ps 32 ; He 4, 14-16 ; Mc 10, 35-45
Frères et Sœurs,
L’installation de votre Curé, le Père Matthieu GONDEK, et l’arrivée du Père Marius HIEN, nous donnent l’occasion d’approfondir le Mystère de l’Église. Cela est d’autant plus nécessaire en cette période éprouvante où sont révélés au monde des péchés d’une gravité et d’une ampleur insoupçonnées.
La 2e lecture de la Lettre aux Hébreux nous met d’emblée au cœur de ce Mystère : « Frères, en Jésus-Christ, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a traversé les cieux… » C’est donc bien le Christ Jésus lui-même qui est la tête de l’Église, comme le dira aussi saint Paul dans la lettre aux Éphésiens (cf. Eph 1, 22). C’est Jésus qui, dans son Église, et par son Église, est le Sauveur du monde. Comme le dit encore la Lettre aux Hébreux : « En effet, nous n’avons pas un grand prêtre, incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. »
Le prophète Isaïe l’avait annoncé, dans la première lecture : « Le Juste, mon Serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes. » Ces mots retentissent d’une façon très forte en cette période où le mal absolu est révélé au grand jour. Le Christ vient sauver le monde par l’annonce de la Bonne Nouvelle et par le don de l’Esprit Saint qui fait entrer chacun de nous dans le combat spirituel. Et par là même dans la lutte de l’Église tout entière qui s’efforce de vaincre le mal avec la force de Dieu.
Nous proclamons dans le Credo que l’Église est sainte. Elle l’est par le Christ, mais les membres que nous sommes sont pécheurs, c’est pourquoi, au début de chaque messe, nous demandons tous pardon pour nos péchés, y compris le prêtre, ou l’évêque, qui célèbre ! Ce geste, que nous faisons peut-être de façon machinale, nous rappelle pourtant sans cesse que nous avons besoin d’être sauvés par le Christ, et que ce salut n’est jamais acquis !
L’Évangile de ce jour tombe bien pour nous rappeler que le prêtre n’est pas supérieur aux autres fidèles. Il est d’abord un baptisé qui a à grandir lui-même en sainteté et à être fidèle à l’appel qu’il a reçu de Dieu. Il a besoin de se convertir sans cesse pour être à la hauteur de ce que le Seigneur attend de lui.
Contrairement aux fils de Zébédée, le Père Mathieu n’a pas demandé à être Curé de la paroisse, c’est moi qui l’ai appelé au nom de Christ pour être, non pas le plus grand, mais le serviteur qui reçoit la charge d’enseigner, de sanctifier et de conduire le peuple de Dieu qui lui est confié.
Ces trois tâches réalisent pleinement l’œuvre de Salut que Jésus accomplit dans son Église et par son Église.
La tâche d’enseigner d’abord, car le prêtre a la charge d’annoncer la Bonne Nouvelle et de la faire comprendre comme l’a fait Jésus quand il enseignait les foules. Cela passe par les homélies, les enseignements, la catéchèse. Et toutes les générations sont concernées, pas seulement les enfants. De plus en plus d’adultes demandent à recevoir eux-mêmes une catéchèse et les sacrements, car ils ne se contentent plus de ce qu’ils ont pu apprendre dans leur jeunesse.
Maintenant, c’est toute la famille qui est appelée à grandir dans la foi dans un contexte de société qui n’est plus porteur. C’est pourquoi nous avons décidé de lancer dans le diocèse de Quimper un chemin synodal de trois ans qui a pour thème « Devenir chrétiens en famille ». Cette démarche a pour objectif de nous donner un élan pour connaître les familles, mieux les accueillir. Celles qui vont bien, mais aussi celles qui vivent des épreuves, qui connaissent la séparation. Cela n’exclut donc pas les familles monoparentales et les personnes qui n’ont plus de liens familiaux et qui sont seules.
Un temps pour les accompagner et être à même de mieux les soutenir dans leur vie et dans leur foi. Cette démarche rejoint le temps de préparation au synode des évêques qui aura lieu à Rome pour réfléchir à une meilleure participation des fidèles à la vie de l’Église.
La deuxième tâche du prêtre est de sanctifier le peuple qui lui est confié. C’est-à-dire, de susciter une vie de prière personnelle et communautaire, et de célébrer les sacrements par lesquels le Seigneur nous communique sa vie. L’initiation chrétienne, baptême, confirmation, mais aussi le sacrement du pardon et de l’eucharistie, qui sont les moyens privilégiés que le Seigneur nous donne pour nous aider à tenir bon dans le combat spirituel.
De fait, la prière et les sacrements nous sanctifient pour que nous soyons capables d’être de fidèles disciples de Jésus. Comment ne pas entendre cela comme une exigence en cette période de conversion et de renouveau qui s’ouvre pour l’Église !
La troisième tâche, enfin, est celle de conduire le peuple de Dieu à la suite du Christ. Lui qui est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6). Comme nous l’avons entendu dans l’Évangile, les prêtres doivent assumer cette charge à la manière du Christ qui s’est fait le serviteur en accueillant les pécheurs et ceux qui étaient rejetés, en se faisant proche des malades et des personnes éprouvées. Le Curé prend soin de son peuple, comme l’évoque l’étymologie du mot Curé. Il prend soin des âmes ! C’est cela sa vocation !
Ces trois charges, le Curé ne peut pas les porter seul bien évidemment. Il les met en œuvre avec les autres prêtres, mais aussi avec la collaboration des diacres, des LEME, des Délégués pastoraux, de l’équipe d’animation pastorale, du Conseil économique et des nombreux fidèles qui sont engagés d’une manière ou d’une autre dans la paroisse.
Frères et sœurs, je compte sur vous pour soutenir votre nouveau Curé, mais aussi le Père Marius et leurs collaborateurs, et vous engager résolument dans la mission que nous a confiée le Seigneur d’annoncer la Bonne Nouvelle du Salut. Et j’attire votre attention sur deux écueils que je perçois un peu partout : c’est la résistance au changement pourtant si nécessaire tant les conditions de la mission évoluent sans cesse. Nous entendons trop souvent cette phrase : « mais on a toujours fait comme ça ! ». Et bien maintenant, on ne peut plus « faire comme ça » !
L’autre défi, c’est d’être des serviteurs de l’unité en faisant tout pour éviter les divisions qui minent l’Église et qui altèrent le témoignage que le Seigneur attend de nous. Soyez donc unis autour de vos prêtres et de leurs collaborateurs, en mettant toujours le Christ au centre, engagez-vous avec eux pour que tous les habitants de la paroisse Notre-Dame de la Mer en Pays Fouesnantais, puissent entendre le message de la Bonne Nouvelle et grandir dans la foi, l’espérance et la charité. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon