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Chronique du Père Job an Irien : Girzier / Des haies

Girzier

«Ar vugale a blij dezo garzata da glask neiziou»… Ar frazenn-ze a droe em fenn ’vel eun diskan abaoe an taol-pellgomz am-boa resevet da fin ar mintinvez. Eur mignon deom, Yann e ano, o kaoud eun tamm amzer vak dirazañ, a ginnige dond goude lein da ober war-dro ar c’harz deuet da veza gouez. Eur c’harz koz-noe a zisparti al liorz e diou lodenn, hag abaoe miziou n’am-boa ket kavet amzer da ober war he zro. Mall ’oa krenna anezi, rag dond a rae muioc’h-mui war ar wenojenn a gas d’ar penn all euz al liorz… Pa zoñjan mad bremañ e kav din eo or mignon e-noa implijet ar ger ‘garzata’, ar ger e-noa troet va spered war-zu va bugaleaj : alese moavad e teue va frazenn-diskan.

Ar ger ‘garz’ e-unan a droidell ive em fenn, rag unani ’ra or yezou, peogwir e ra din soñjal e Tal-Garth e Bro-Gembre, e Penharz amañ, e ‘garden’ e saozneg, e ‘jardin’ e galleg… Med awalc’h a huñvreou : Yann a zeuas gand e ostillou, hag a stagas gand al labour. Diharza a reas diouz an daou du, ar pez a oa dija eur mell labour. Goude-ze e krogas da grenna anezi, rag savet e oa kalz re uhel, hanter kant santimetrad a re d’an nebeuta. Med buan e rankas chom a-zav peogwir ec’h en em gavas tost d’eun neiz, laboused bian ennañ. Hag e teuas da lavared din : «Ne gredan ket kenderhel, rag daou neiz all d’an nebeuta a zo c’hoaz pelloc’h. Dond a rin en-dro da fin miz eost. Araog miz even ne ouien ket e c’helle beza kement a vuez en eur c’harz !»

Hag en em lakeas da gonta din ar pez a oa c’hoarvezet gantañ. Etre e liorz dezañ hag hini e amezog, med war zouar hemañ, e oa eur c’harzig eur metrad hanter a uhelder ha tri-ugent a ledanded. Diou pe deir gwech ar bloaz ec’h en em glevent evid krenna anezi brao, pep hini diouz e du, ar pez a roe tro dezo da varvaillad. Laboused a veze gwelet tro-dro dezi, hag amprevaned a veze klevet o fraoñval enni zokén… hag a-wechou eur ger bennag gand an amezog. Yann a yeas e vakañsou e fin miz even. Pa zeuas en-dro e oe spontet : garz ebed kén, med en he flas eur voger e brikennou simant war eur metrad uhelder hag eur metrad all a banellou koad. Pa c’houlennas digand e amezog petra a oa c’hoarvezet e resevas ar respont sklaset-mañ ; «Netra nemed ar c’hovid ! Pep hini en e di, ha netra kén !» Al laboused a oa dinijet kuit da vad. N’eo ket diêz laza ar vuez !


Des haies

«Les enfants aiment bien fouiller les haies pour chercher des nids»… Cette phrase me trottait dans la tête depuis le coup de téléphone que j’avais reçu à la fin de la matinée. Un de nos amis, du nom de Jean, s’apercevant qu’il disposait d’un peu de temps libre, m’offrait de venir l’après-midi s’occuper de la haie devenue un peu sauvage. Une très vieille haie sépare le jardin en deux parties, et depuis des mois je n’avais pas trouvé le temps de m’en occuper. Il était plus que temps de la tailler, car elle s’étalait de plus en plus sur l’allée qui conduit au fond du jardin… Quand j’y réfléchis bien je crois que c’est notre ami qui avait employé l’expression ‘fouiller les haies’ qui m’avait évoqué mon enfance : de là cette phrase refrain !

Le mot ‘haie’ (garz) lui-même me trotte dans la tête, car il réunit nos langues puisqu’il m’évoque Tal-garth au Pays de Galles, Penharz chez nous, garden en anglais, jardin en français… Mais assez rêvé : notre homme arriva avec ses outils et commença le travail. Il tailla des deux côtés, ce qui était déjà un gros chantier. Puis il se mit à la raccourcir car elle avait poussé beaucoup trop haut, au moins cinquante centimètres de trop. Mais il dût bientôt s’arrêter car il approchait d’un nid dans lequel il y avait des oisillons. Il vint me dire : «Je n’ose pas continuer, car il y au moins deux autres nids plus loin. Je reviendrai fin août. Avant le mois de juin je ne savais pas qu’il pouvait y avoir tant de vie dans une haie !»

Et il se mit à me raconter ce qui était arrivé. Entre son propre jardin et celui du voisin, mais sur le terrain de celui-ci, il y avait une petite haie d’un mètre cinquante de hauteur et de soixante d’épaisseur. Deux à trois fois l’an ils s’entendaient pour bien la tailler, chacun de son côté, ce qui leur donnait l’occasion de bavarder. Des petits oiseaux la fréquentaient, et on entendait même le bourdonnement d’insectes… et parfois quelques échanges avec le voisin. Jean prit ses vacances à la fin juin. Quand il revint, il fut effrayé : la haie… disparue ! A sa place, un mur de briques de ciment sur un mètre de haut, puis un autre mètre de panneaux de bois. Quand il demanda au voisin ce qui était arrivé, il reçut cette réponse glaçante : «Rien que la Covid. Et puis chacun chez soi. C’est tout !» Les oiseaux avaient définitivement disparu. Ce n’est pas dur de tuer la vie…

Tad Job an Irien