Vers le milieu du XIVè siècle vivait dans une clairière de la forêt lesnevienne, un homme nommé Salaün. Les habitants le nommaient familièrement « Le Fou du Bois » (Fol ar Coat).
Considéré comme un « innocent », Salaün mendiait son pain de ferme en ferme. Il demandait l’aumône, en répétant inlassablement : « Ave Maria ! Salaün mangerait bien un morceau de pain ! » (Salaün a zebfre bara !)
Il aimait à se balancer sur la branche d’un arbre, au-dessus de la fontaine, et il chantait à pleine voix : « Ô Maria ». En même temps, il se plongeait dans l’eau jusqu’aux épaules. Croix Salaün
Sa mort survenue vers 1358 (à 48 ans) laissa les gens indifférents. Il fut enterré au village de Lannuchen qui occupe l’ancien emplacement du cimetière et de l’église d’Elestrec (ancienne paroisse du Folgoët), près du manoir de Kergoff. Aujourd’hui encore on peut voir le calvaire encadré des quatre pierres ovoïdes qui proviennent de son tombeau. Mais peu de temps après sa mort, on découvrit sur sa tombe, près du chêne où il se balançait et de la fontaine où il trempait son pain, un lys sur lequel on lisait ces mots écrits en lettres d’or : « AVE MARIA ». En ouvrant la tombe, on constata que ce lys avait pris racine dans la bouche du défunt. Le miracle attira rapidement les foules et on voulut bâtir une chapelle sur la tombe de « l’innocent ».
Averti des merveilles qui se déroulaient au Folgoët, Jean IV de Monfort, pour se faire pardonner les exactions commises par ses alliés dans tout le Léon durant la guerre : pillages d’églises, de monastères, et pour accomplir son vœu d’édifier un sanctuaire à Notre-Dame, favorisa la construction de l’église actuelle.
Dès 1365, il vint au Folgoët et posa la première pierre de l’édifice. Mais les guerres qui survinrent à cette époque firent suspendre les travaux.
Jean IV mourut en 1399 en recommandant à son fils Jean V de continuer son oeuvre. Il vint au Folgoët en 1404 et les travaux recommencèrent. En 1419, Monseigneur de La Rue, évêque de Léon, bénit le sanctuaire qui fut érigé en Collégiale par Jean V en 1423.
L’architecture
L’ originalité de la basilique réside pour partie dans sa forme particulière, en « L », l’aile sud faisant saillie et abritant l’une des pièces maîtresses du Folgoët, le porche des apôtres. Son unité de style, le gothique flamboyant, lui confère par ailleurs une grande élégance. L’autre originalité est l’utilisation massive, pour la première fois, de la pierre de Kersanton dans la décoration et pour la statuaire. C’est une innovation qui donnera naissance au jubé, le seul jubé en pierre de Bretagne , au maître-autel, au porche des apôtres et à maintes statues : une véritable école « d’imagiers » ( sculpteurs) naît au Folgoët pour deux siècles environ.
Les vitraux
Les vitraux d’origine étaient l’œuvre d’Alain Cap (1578-1644), maître verrier de Lesneven. Dégradés lors de l’incendie de 1708, ils ont été complètement anéantis en 1793 pendant la révolution. Il nous reste cependant les dessins des cartons d’origine de plusieurs d’entre eux.
Les vitraux actuels sont l’œuvre de deux grands maitres-verriers : Émile Hirsch, et Auguste Labouret. Tous deux furent célèbres à leur époque.
Émile Hirsch fut chargé par Mgr Sergent, évêque de quimper et Léon, de refaire les vitraux de la basilique à partir de 1866. Il en reste aujourd’hui les cinq grandes verrières du chevet et la rosace de la partie sud.
Auguste Labouret responsable de l’entretien des vitraux de Bretagne refit à partir de 1954, les 14 fenêtres de la nef sur le thème des saints fondateurs des paroisses du voisinage. Auguste Labouret réalisa entre autre la décoration de la salle à manger du paquebot « Normandie ».
La bannière
La bannière du Folgoët par sa taille et son style est reconnaissable parmi toutes les autres. Elle est l’œuvre d’une seule personne qui l’a brodée en trois années environ vers 1894. Elle contient dans sa doublure une lettre d’intention retrouvée il y a peu lors de sa restauration. Cette bannière est aujourd’hui (2015) classée et ne pourra être montrée que dans une enceinte adaptée.
L’orgue
Le premier orgue de la basilique en provenance d’Anvers fut installé en 1584. Ce qui témoigne de la belle attractivité du sanctuaire et de l’activité maritime des Bretons à cette époque.
En 1708 un grand incendie se déclara précisément lors de son entretien et provoqua sa disparition. Il fallut attendre trois siècles pour que retentissent dans la basilique les accords d’un nouvel instrument. C’est en effet le 31 août 2009 que furent bénies les nouvelles sorgues, œuvre du facteur d’orgues nantais Bernard Urvy.
Le Cantique
Le cantique a été composé par M l’abbé Guillou recteur de Penmarch sur une musique de sœur Anne de Mesmeur , une religieuse de Crozon. Il fut chanté pour la première fois le 25 mai 1873 lors du dernier dimanche des Pemp sul . Il devint immédiatement l’hymne du Folgoët, il comporte à l’origine 14 couplets.
refrain
Patronez dous ar Folgoad
Or Mamm hag hon introun
An dour en hon daoulagad
Ni ho ped a galon
Harpit an iliz santel
Avel diroll a ra
Tenn hag hirr eo ar brezel
Ar peoh O Maria ! Douce Patronne du FOLGOAT
Notre Mère et notre Dame
Nos yeux mouillés de larmes
Nous vous prions de tout cœur.
Secourez la Sainte Eglise
Le vent souffle en tempête
Dure et longue est la guerre
La paix ! Ô Maria !
1 / Eus an Arvor, ar Goure
Ni deu d’ho saludi
Oll ez omp ho pugale
Oll ho karom, Mari
Tud ar goure, Arvoriz
Diredet omp hirio
Da bedi ‘vid an iliz
Da bedi ‘vid or bro
Gens du bord de mer et de l’intérieur des terres
Nous venons te saluer
Tous, nous sommes tes enfants
Tous nous aimons, Marie
Gens des terres et du bord de mer
Nous sommes tous accourus aujourd’hui
Pour prier pour l’Eglise
Pour prier pour notre Pays
2 / Gwechall er vro man ‘veve
Eur paour berr a spered
Salaun ar Foll ne ouie
Netra Koule lavared
Daou her « Ave Maria »
Setu e oll bedenn
N’ehane ket d’o hana
Diwar skourr e wezenn Jadis, vivait en ce pays
Un pauvre, simple d’esprit,
Salomon Le Fou ne savait
Pour ainsi dire rien, sinon
Deux mots « Ave Maria »
Voilà toute sa prière
Qu’il ne cessait de chanter
Perché sur la branche d’un arbre
3 / Pell amzer, kan a zavas
A-us d’ar wezenn deo.
Eun deiz ar vouez a davas,
Salaün ne oa mui beo.
E ene gant an Elez
Oa aet d’ho lez, Itron,
Da gana ho madelez
Bepred e-tal ho tron.
Longtemps, le chant s’éleva
Au-dessus du gros arbre.
Un jour, la voix se tut,
Salaün n’était plus en vie.
Avec les anges, son âme
Vous a rejoint, Notre-Dame, en votre cour,
Pour chanter votre bonté
Chaque jour devant votre trône.
Deux grandes manifestations ponctuent l’année du sanctuaire :
Au mois de mai, mois de Marie, intervient un pèlerinage particulier appelé « Pemp Sul » : il se déroule sur les « cinq dimanches » du mois de mai, incluant la fête de l’Ascension. Dans ce haut lieu de foi qu’est Notre-Dame du Folgoët, cette tradition populaire remonte à plusieurs siècles.
Plus tard dans l’année, le Grand Pardon a généralement lieu le premier samedi de septembre. Cependant, si le 8 septembre, fête de la Nativité de la Vierge Marie, est un dimanche, il est reporté à cette date.
En 2019, ce pardon a donc lieu les 7 et 8 septembre.
Il se déroule en plein air et débute le samedi à 18 heures par la messe en breton.
À 20 h 30, une veillée animée par les jeunes de la paroisse précède la célébration eucharistique ; puis, un temps d’adoration est proposé à la Basilique.
Le dimanche matin, a lieu la grand-messe pontificale. L’après-midi vient ensuite la procession des paroisses avec leurs bannières puis les vêpres et la bénédiction du Saint-Sacrement.