Sg 7,7-10.15-16 ; Ps 18B ; Mt 7,21-29
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Frères et Sœurs,
Les femmes sont à l’honneur aujourd’hui dans l’Évangile que nous avons entendu, et parce que nous faisons également mémoire de sainte Hildegarde de Bingen, une moniale qui a vécu au XIIe siècle, qui est une femme assez exceptionnelle. En effet, dès l’âge de trois ans, elle a eu une vision mystique, qui a été suivie par de nombreuses autres, qu’elle a mises par écrit. C’était une excellente prédicatrice qui enseignait énormément, qui a été Mère-Abbesse de son monastère et qui en a fondé deux autres. Elle était experte en sciences naturelles, en médecine et en musique ! Elle est proclamée Docteur de l’Église (ce qui signifie que son enseignement enseigne toute l’Église). À la basilique Saint-Pie X, il y a des reliques de sainte Hildegarde dans la chapelle du Saint-Sacrement. Nous pouvons donc dire qu’elle a une grande place dans l’Église, et une place complémentaire par rapport au clergé, qui représente la figure du Christ Bon Pasteur, un ministère très particulier. Cela nous fait découvrir que, dans l’Église, le problème de l’égalité hommes/femmes se situe plutôt comme une complémentarité selon les grâces que chacun, et chacune, peut recevoir. Une complémentarité qui est indispensable à l’Église, et qui serait, évidemment, à développer davantage.
Cela, nous le retrouvons dans l’Évangile d’aujourd’hui, avec les femmes qui accompagnaient Jésus et qui l’aidaient de leurs ressources, assurant ainsi la « logistique » indispensable pour qu’Il puisse aller de villages en villages pour annoncer la Bonne Nouvelle. Sans cet accompagnement, cela Lui aurait été plus difficile. Il me semble que cet accompagnement de Jésus dans sa mission rejoint ce que vous vivez, que ce soit les Hospitaliers, les malades ou les personnes handicapées. Le pèlerinage que nous sommes en train de vivre est une image d’une Église qui permet à chacun d’avoir sa place, son rôle et où chacun est indispensable aux autres, dans la complémentarité, en « accompagnant Jésus ». Au sein de l’Hospitalité, il y a ceux qui assurent la logistique, ceux qui assurent les soins avec une présence bienveillante auprès de nos frères malades et handicapés, mais aussi nos frères malades ou handicapés, eux-mêmes, qui « accompagnent Jésus » dans sa mission par leur témoignage de vie et leur foi.
Ainsi, nous accompagnons tous Jésus lorsque nous nous mettons à son écoute, et que nous ouvrons notre cœur à son amour miséricordieux, en particulier, lors des temps de prière, des temps de célébration.
Nous accompagnons Jésus en nous mettant au service les uns des autres selon nos compétences, notre disponibilité, notre santé ou notre âge.
Ceci étant dit, il ne faut pas rêver pour autant. La vie communautaire n’a rien d’évident. Saint Paul en parle dans la première lecture, même si le contexte est différent, c’est bien des difficultés qui peuvent exister à l’intérieur de l’Église dont il nous parle. Il nous montre bien à quel point la communauté chrétienne peut être blessée par « l’orgueil, les jalousies, les rivalités, les soupçons malveillants » qui sont malheureusement des attitudes toujours présentes dès que nous voulons construire quelque chose ensemble. C’est un message que nous devons tous entendre, et particulièrement les Hospitaliers qui vont s’engager aujourd’hui. Ils peuvent accueillir cette phrase de saint Paul : « Mais toi, homme de Dieu, fuis tout cela, recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance, la douceur. Mène le bon combat, celui de la foi. Empare-toi de la vie éternelle. » Cette conclusion est magnifique, car elle indique que par nos efforts, notre foi, nous entrons dans cette amitié avec le Christ, et Lui, qui est vivant, qui est ressuscité, nous ressuscitera aussi. Accompagner Jésus, dans les épreuves, mais aussi sa Résurrection, c’est pour nous une Espérance extraordinaire.
J’invite les Hospitaliers, ceux qui le sont déjà et ceux qui vont s’engager, à être serviteurs des personnes malades ou handicapées, mais à être aussi les serviteurs de la communion pour toujours améliorer la qualité des relations entre vous ; relations qui se doivent d’être toujours vécues dans l’amour, dans la charité, dans l’amitié, dans l’humilité aussi.
C’est un message pour nous tous, et notamment au sein de l’Église où il y a souvent des divisions ou des polémiques sur les décisions du Pape, sur ses propos, sur les mesures sanitaires, le vaccin, le pass, … Il ne faut pas que cela devienne source de division entre nous. Nous avons tous à prendre de la hauteur avec le Seigneur. À puiser dans l’amour du Christ et dans les grâces que nous donnent, la foi, l’espérance et la charité, pour sortir de toutes ces polémiques et accompagner Jésus dans son œuvre de Salut, en nous laissant vraiment conduire par l’Esprit Saint. C’est cette grâce que nous pouvons demander pour les Hospitaliers qui vont s’engager tout à l’heure, mais également pour chacun de nous à la place qui est la nôtre aujourd’hui, et où le Seigneur nous a mis. Une place tellement importante pour faire grandir cet amour de Dieu sur la terre dans la cohésion et l’unité. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon