Accueil  -  Les homélies de Mgr Laurent Dognin  -  23 mai 2021 — Pentecôte — Année B — Confirmation jeunes et adulte — Église Saint-Louis (Brest)

23 mai 2021 — Pentecôte — Année B — Confirmation jeunes et adulte — Église Saint-Louis (Brest)

Ac 2, 1-11 ; Ps 103 ; Ga 5, 16-25 Sq Veni Sancte; Jn 20, 19-23

Frères et Sœurs,

En ce jour de la Pentecôte, je suis heureux de donner le sacrement de confirmation aux adultes et aux jeunes des paroisses Brest Centre Saint-Louis et Brest Notre-Dame au Levant. Cela me donne l’occasion de rappeler à tous ceux qui n’auraient pas reçu ce sacrement de l’initiation chrétienne qu’il est toujours possible de le recevoir, même à l’âge adulte, comme vous pouvez le constater aujourd’hui.
Ce sacrement n’est pas une option qui s’ajouterait au sacrement du baptême. Le don de l’Esprit Saint en plénitude fait partie intégrante des sacrements de l’initiation chrétienne avec le baptême et l’eucharistie. Et si Jésus a promis l’Esprit Saint à ses apôtres et le leur a donné, ainsi qu’à tous les baptisés, c’est qu’il sait que nous en avons besoin pour être pleinement témoins du Christ en ce monde.

Je vous remercie, vous les confirmands, pour les lettres que vous m’avez adressées pour me demander à recevoir ce sacrement. J’ai pu lire à quel point l’Esprit Saint était déjà au travail dans votre vie, parfois depuis de longues années. Un travail de libération, de vérité et de joie spirituelle même si vous avez bien conscience que le chemin n’est pas terminé.
Nous voyons se réaliser dans votre vie ce que Jésus nous a dit dans l’Évangile de ce jour en nous promettant de nous envoyer le « Défenseur », comme il l’appelle, « l’Esprit de vérité qui procède du Père ». Celui qui nous guide « vers la vérité tout entière » pour faire de nous ses témoins.
Des témoins de qui ? De quoi ? De l’Évangile du Christ, le Fils de Dieu, mort sur la Croix et ressuscité des morts pour nous sauver. « L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. », dit Jésus. L’Évangile n’est plus alors simplement un texte écrit sur du papier, mais une parole vivante inscrite dans notre cœur. Une parole qui change beaucoup de choses dans notre vie, et en bien !
Une parole vivante qui se communique à d’autres, enfants, proches, ou même des inconnus au gré de nos rencontres, qui vont à leur tour connaître Jésus et trouver en lui la vérité tout entière qui donne sens à leur existence et à celle de notre humanité. Une parole qui sauve de la mort éternelle.

Témoins, nous le sommes d’abord par notre manière de vivre, comme l’exprime saint Paul dans la deuxième lecture : « Marchez sous la conduite de l’Esprit Saint, et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair. » Dans la suite du texte, nous comprenons bien qu’il ne s’agit pas ici de la passion amoureuse qui est un merveilleux don de la nature voulu par Dieu. Mais en parlant des convoitises de la chair, saint Paul désigne toutes les dérives qu’il cite expressément dans une longue liste en évoquant les inconduites, les haines, les rivalités, les divisions, les beuveries, et j’en passe. Et là nous voyons très bien aujourd’hui ce que cela veut dire !
Comme chrétien, nous ne pouvons pas suivre sans discernement toutes les tendances de la société qui n’est plus fondée sur l’Évangile et l’anthropologie chrétienne qui en découle. Ce n’est pas nouveau dans l’histoire de l’Église comme nous pouvons le lire dans la lettre à Diognète écrite au 2e siècle, mais qui redevient très actuelle, les chrétiens : « … sont dans la chair, mais ils ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies, et leur manière de vivre est plus parfaite que les lois. (…) L’âme habite dans le corps, et pourtant elle n’appartient pas au corps, comme les chrétiens habitent dans le monde, mais n’appartiennent pas au monde. (…) Le poste que Dieu leur a fixé est si beau qu’il ne leur est pas permis de déserter. »
Bien sûr, c’est l’idéal, car les chrétiens sont aussi des pauvres pécheurs, mais l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse comme l’exprime encore saint Paul, pour faire fructifier en nous « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » et il ajoute : « En ces domaines, la Loi n’intervient pas ». L’Esprit Saint nous permet donc de devenir témoins du Christ et de son Évangile déjà par notre manière de vivre, à condition bien sûr de marcher « sous la conduite de l’Esprit. », comme nous y invite saint Paul. Un appel à se convertir sans cesse !

Et nous avons aussi à être témoins du Christ ressuscité par nos paroles, par l’expression verbale de notre foi. Les actes et les paroles se complètent. Cela peut nous paraître étrange de lire que le jour de la Pentecôte, les gens entendaient les apôtres leur parler dans leur langue maternelle. Cela veut dire que par le don de l’Esprit Saint, la Bonne Nouvelle peut être entendue et comprise par tout le monde. Même par ceux qui nous paraissent bien loin de la religion.
Notre langue maternelle, c’est aussi notre culture, notre place dans la société. Vous les jeunes, vous avez le langage des jeunes et la proximité avec eux qui vous permet d’être mieux compris lorsque vous témoignez de votre foi. Il en est de même pour les adultes : dans le milieu étudiant, le milieu familial ou professionnel, nous savons utiliser le langage qui peut toucher les cœurs de ceux qui partagent la même culture que nous.
Cela ne veut pas dire que c’est facile. Jésus lui-même a dû affronter les oppositions, l’incroyance, le rejet. Pourtant beaucoup ont cru en lui et ont été sauvés. Là aussi, l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse et nous donne la joie d’exprimer notre foi sans avoir peur des réactions.

Enfin, vous les confirmands, vous allez recevoir l’Esprit Saint en plénitude. Les apôtres ont reçu chacun une langue de feu, mais ils étaient réunis tous ensemble dans la prière. On n’est pas chrétien individuellement ! Nous avons tous à prendre notre place dans l’Église dont nous sommes les pierres vivantes. Et pour cela à répondre généreusement aux appels que le Seigneur nous adresse par l’Église.
Nous avons tous une vocation. Dans le célibat, consacré ou non, dans le mariage, la vie religieuse, le diaconat, le sacerdoce, et même dans ces états de vie nous recevons au cours de notre existence des appels pour différents ministères ou responsabilités. C’est ainsi que nous pouvons accueillir en plénitude le don de Dieu et le faire fructifier pour le bien de tous. Amen.

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon