Ac 10, 34a.37-43 ; Ps 117 (118), 1,2, 16-17, 22-23 ; Col 3, 1-4 ; 1 Co 5, 6b-8) ; Séquence ; Jn 20, 1-9 ; Lc 24, 13-35
Frères et Sœurs,
Chers Catéchumènes,
Dans le passage d’Évangile que nous venons d’entendre, on parle beaucoup de linges. Pas de n’importe quels linges évidemment, puisque ce sont ceux dans lesquels le corps de Jésus avait été enveloppé après avoir été descendu de la croix. Les linges, et « le suaire qui avait entouré la tête de Jésus », dit saint Jean.
Les linges sont bien là, mais pas le corps de Jésus et cela va être un premier signe très important pour les disciples. Plus important même que le tombeau vide qui pouvait laisser penser que le corps de Jésus avait pu être emmené ailleurs comme le croyait Marie-Madeleine.
Ce signe leur montre qu’il s’est passé quelque chose d’inouï, d’inimaginable. Il ne s’agit que d’un signe bien sûr, et non d’une preuve de la Résurrection de Jésus. Pourtant ce signe suscite déjà la foi, au moins pour l’un des disciples puisque l’évangéliste nous dit : « Il vit, et il crut. », et il ajoute : « Jusque-là en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. » Et il ne s’agit clairement pas d’une réincarnation ! Jésus leur apparaîtra ensuite pendant 40 jours et ce sera bien lui, et pas un autre !
Chers Catéchumènes, dans les lettres que vous m’avez écrites pour me demander le baptême, vous faites toujours référence aux signes qui vous ont permis, à vous aussi, de grandir dans la foi en Jésus, ressuscité des morts et vivant parmi nous. Souvent vous avez été touchés par la foi de chrétiens que vous avez rencontrés lors de vos études, dans votre vie professionnelle, dans votre famille ou belle famille, voire chez vos propres enfants. Certains d’entre vous ont aussi vu des signes dans des événements marquants comme le climat de silence et de prière dans une église qui révélait déjà une présence, mais aussi d’autres événements plus douloureux dans lesquels vous avez senti la présence réconfortante du Seigneur.
Bien sûr, ces signes ne suffiraient pas. D’ailleurs, les disciples de Jésus avaient dû vivre tout un cheminement avant de croire vraiment à la Résurrection, car même en voyant Jésus vivant, certains avaient encore des doutes. Et les doutes sont inévitables, sinon il n’y aurait pas de foi ! La foi des disciples s’est affermie et a trouvé sa maturité grâce au don de l’Esprit saint à la Pentecôte qui a fait d’eux des témoins pour le monde entier.
Nous, nous n’avons jamais vu Jésus avec les yeux, mais comme Il l’a dit à Thomas qui doutait : « heureux ceux qui croiront sans avoir vu. », car l’Esprit saint vient au secours de notre faiblesse et nous permet de dire comme saint Jean que nous avons vu et que nous avons cru !
Les signes nous aident à grandir dans la foi, mais c’est bien sûr l’expérience de la rencontre avec Jésus qui fait vraiment de nous ses disciples et même ses amis. Dans son Exhortation LA JOIE DE L’ÉVANGILE, le pape François nous invite tous à nous efforcer de rencontrer Jésus : « Celui qui risque, le Seigneur ne le déçoit pas, et quand quelqu’un fait un petit pas vers Jésus, il découvre que celui-ci attendait déjà sa venue à bras ouverts. », « Personne n’est exclu de la joie que nous apporte le Seigneur » (EVANGELII GAUDIUM n° 3).
Chers Catéchumènes, vous avez déjà commencé à être amis de Jésus comme j’ai pu le lire dans vos lettres ! Mais en recevant les sacrements de l’initiation chrétienne, vous allez accueillir la grâce de devenir pleinement ses disciples et ses témoins.
Saint Paul, dans la deuxième lecture, nous a donné un bel éclairage sur ce que ces sacrements vont changer dans votre vie. J’en retiens trois aspects.
D’abord cette phrase un peu surprenante : « Vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. » En parlant du passage par la mort, saint Paul évoque le baptême que vous allez recevoir. L’eau y signifie déjà le pardon des péchés comme l’apôtre Pierre l’affirme dans la première lecture, mais il marque aussi notre entrée dans une vie nouvelle avec Jésus qui est plus forte que la mort. Nous devrons évidemment passer comme Jésus par la mort, mais nous savons déjà que nous portons en nous, de façon « cachée avec le Christ en Dieu » la promesse de la vie éternelle puisque Jésus a déjà vaincu la mort même si elle règne encore en ce monde jusqu’à son retour.
Saint Paul exprime un autre aspect du baptême quand il dit : « Frères, si vous êtes ressuscités avec le Christ, rechercher les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. » Cela ne veut pas dire que nous devons vivre à l’écart de la société, bien au contraire. Comme baptisés, nous continuons à vivre comme les autres… mais pas tout à fait, car même si nous prenons une part active dans la vie de la cité, nous ne mettons pas nos priorités dans ce qui est superficiel et périssable ou pire, dans ce qui est mortifère.
Notre mode de vie doit s’ajuster à la volonté de Dieu. Ce doit guider nos choix de vie et nos actions, c’est l’Évangile, avec l’engagement à répondre aux appels que le Seigneur nous adresse. Et cela nous met parfois à contre-courant de l’opinion publique, mais toujours pour faire grandir la dignité humaine et la vie.
Enfin saint Paul nous dit : « quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, apparaîtrez avec lui dans la gloire. » Nous attendons l’Avènement du Christ à la fin des temps, quand « il viendra juger les vivants et les morts et que son Règne n’aura pas de fin », comme nous le proclamons dans le Credo.
Comme disciples de Jésus, nous avons ce phare de l’Avènement du Christ qui nous guide, dans la nuit et les tempêtes de nos existences, et nous avons aussi un pilote puisque le Seigneur est toujours avec nous et ne cesse pas de nous combler de ses dons, notamment dans les sacrements. Ces sacrements que vous allez commencer à recevoir aujourd’hui avec nous, chers Catéchumènes, et nous en sommes très heureux. Amen.
† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon