Santig Du
Paour-kêz Yannig ! N’ouzom ket da ano famill zokén, ne jom ganeom nemed da ano-bihan, Yannig, an ano implijet gand an dud pa gomzent ouzit pe pa veze ano ahanout. Ha c’hoaz, goude da varo, ez eus bet roet dit eun ano all « Sant-Yann discalceat », sant Yann diarhen, sant Yann divoutou. Du-mañ, pa vedon bian, e veze lavaret atao sant Yann diarhenn. P’o-deus ar fransiskaned cheñchet liou o zae ha kemeret liou du, eo bet livet e du an delwenn a oa e iliz-veur Kemper hag a zigase soñj da Gemperiz euz da vadelez en o c’heñver da vare ar vosenn e 1349, hag out deuet da veza, da viken moarvad, « Santig Du »! Unan all a zo, eur paour ive, hag a veve er memez amzer ha Santig-Du, ha n’anavezom ket e ano famill kennebeud : Salaün ar Foll, roet dezañ an ano-ze, peogwir e oa o veva er « Foll-Goad », da lavared eo Koajou Lampigou e Landevenneg. Gwir eo e vedom boazet gwechall, pa reem ano euz unan bennag, da implij e ano-bian hag ano e garter.
Med distroom da Zantig-Du. Beteg-henn n’on-eus kavet nemed peder delwenn anezañ, oll e koad e Penn-ar-Bed : e iliz-veur Kemper, e iliz Pluwenn, e chapel ar vered e Ploueskad hag e chapel Lezkelen e Plabenneg, araog ma kouezas houmañ en he foull e 1884. Teir anezo a zo du penn-da-benn, med unan a zo e liou, hini Ploueskad. Koz-noe eo, ha debret dija gand ar preñved. Mall eo ober war he zro. Gwisket eo Yannig gand dillad-overenn a liou euz ar grenn-amzer, en e zorn kleiz eul leor, en e zorn dehou eur vaz. Gouzoud a reer e kouezas ar vosenn war Ploueskad ha Kleder e 1627, hag e kasas buan d’ar vered pemp kant deg a dud e Ploueskad, hervez ar person, da lavared eo ar c’hard euz poblañs ar barrez. Ne vijen ket souezet o c’houzoud o-deus d’ar mare-ze Plouezkadiz pedet kaloneg Santig Du, hag a oa bet providañs ar re baour da vare ar vosenn e 1349 e Kemper. Yannig a oa evito eun amezog, o veza ginidig euz Sant-Nouga, ar barrez e-kichenn. Ploueskdiz ne ouezont ket moarvad o-deus eun teñzor e chapel o bered : eur Zantig Du ha n’eo ket du ! Er mare-mañ a gleñved-red e c’heller pedi anezañ c’hoaz, rag ne c’hell ket ankounac’haad ar re o-deus da c’houzañv! E vuez e-neus roet evito !
Santig Du
Pauvre Petit Jean ! Nous ne savons même pas ton nom de famille, il ne nous reste que ton prénom, Petit Jean, le nom qu’ils utilisaient quand ils te parlaient ou qu’il était question de toi. Et encore, après ta mort, on t’a donné un autre nom « Saint Jean déchaussé », Saint Jean nu-pieds, Saint Jean sans souliers. Chez moi, quand j’étais petit, on disait toujours Saint-Jean nu-pieds. Lorsque les franciscains ont changé la couleur de leur bure et choisi la couleur noire, on a peint en noir la statue qui se trouvait à la cathédrale de Quimper et qui rappelait aux quimpérois ta bonté à leur égard durant la peste de 1349 et tu es devenu, sans doute pour toujours « le Petit Saint Noir »! Il existe un autre, un pauvre aussi, qui vivait à la même époque que Santig Du, et dont nous ne connaissons pas davantage le nom de famille : « Salaün ar Foll », ainsi appelé parce qu’il vivait dans « le bois de feuillus », c’est à dire les bois de Lampigou à Landévennec. Il est vrai que nous avions l’habitude autrefois, lorsque l’on parlait de quelqu’un, de le désigner par son prénom et le nom de son quartier.
Mais revenons à Santig Du. Jusqu’à présent nous n’en avons trouvé que quatre statues, en bois, dans le Finistère : à la cathédrale de Quimper, à l’église de Pleuven, à la chapelle du cimetière de Plouescat et à la chapelle de Lesquélen en Plabennec, avant que celle-ci ne s’écroule en 1884. Trois sont entièrement noires, mais celle de Plouescat est en couleurs. Elle est très ancienne, et déjà la proie des vers. Il est plus que temps de s’en occuper. Le Petit-Jean est revêtu d’ornements sacerdotaux du moyen-âge, avec dans la main gauche un livre, et dans la droite un bâton. Nous savons que la peste s’abattit sur Plouescat et Cléder en 1627, et qu’elle conduisit rapidement au cimetière cinq cent dix personnes, selon le recteur, soit le quart de la population da la paroisse. Cela ne m’étonnerait pas d’apprendre que les gens de Plouescat ont alors prié instamment Santig-Du qui avait été la providence des pauvres au temps de la peste de 1349 à Quimper. Le Petit-Jean était pour eux un voisin, puisqu’il était originaire de Saint-Vougay, la paroisse voisine. Les gens de Plouescat ne savent sans doute pas qu’ils ont un trésor dans la chapelle de leur cimetière : un Santig Du qui n’est pas noir ! En ce temps d’épidémie on peut encore le prier, car il ne peut oublier ceux qui souffrent ! Il a donné sa vie pour eux !
Tad Job an Irien