20 février 2021 — Appel décisif — 1° dimanche de Carême — Cathédrale Saint-Corentin – Quimper (29)

Gn 9, 8-15 ; Ps 24 ; 1P 3, 18-22 ; Mc 1, 12-15

Chers catéchumènes, Chers amis,

Dans l’Évangile de ce jour, saint Marc nous relate en peu de mots les tentations de Jésus au désert qui résument toutes celles qu’il a eues durant sa vie. Jésus n’a pas été à l’abri des tentations de ce monde. En particulier de la part de tous ceux qui, consciemment ou non, voulaient le détourner de sa mission. Ces tentations sont même passées par ses proches. Je pense en particulier à Simon-Pierre qui voulait empêcher Jésus de monter à Jérusalem pour y mourir sur la Croix : « Passe derrière moi, Satan ! dit Jésus, Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » (Mt 16, 23).

Jésus en est sorti vainqueur en s’appuyant sur la Parole de Dieu dont il se nourrissait et sur sa fidélité inébranlable à la volonté du Père. Nous aussi, nous devons tenir bon face aux tentations de ce monde, à tout ce qui peut nous rendre infidèles à notre vocation de baptisés, à notre devoir d’état, que nous soyons célibataires, mariés ou consacrés. Comme Jésus, nous avons à vivre ce qu’on appelle le combat spirituel.
Un combat de toute la vie, mais un combat salutaire, car avec la force de la foi et le don du Saint-Esprit, Jésus nous donne la force de résister au mal, lui qui a vaincu Satan au désert, et il nous fait entrer dans une vie nouvelle. Non pas une vie surhumaine, car nous serons toujours tentés et, comme tout chrétien, il nous arrivera de chuter, mais il nous donnera toujours le moyen d’en sortir et de reprendre pied sur le roc de sa Parole et de nous abreuver à son amour miséricordieux par le sacrement de pénitence et de réconciliation.
Chers catéchumènes, le baptême, que vous recevrez durant la Vigile Pascale, vous fera entrer dans cette vie nouvelle. Comme le dit saint Pierre dans sa lettre : « le baptême ne purifie pas de souillures extérieures, mais il est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite et il sauve par la résurrection de Jésus Christ. » En demandant le baptême, et en vous y préparant avec vos accompagnateurs, vous avez pris conscience que devenir chrétien nécessitait un engagement de toute la vie afin que votre existence devienne toujours plus fidèle à ce que le Seigneur attend de vous.

Vous êtes donc invités aujourd’hui à entrer avec tous les baptisés dans cette période de quarante jours, d’où le nom de « Carême ». Quarante jours au désert pour vous préparer à recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne.
Ce Carême, nous le vivons dans le contexte de pandémie mondiale de COVID-19 qui affecte considérablement notre vie sociale depuis un an. On peut dire que nous ne manquons pas de privations depuis un an !
Nous pouvons vivre cela de façon passive, mais dans ce cas nous en sommes d’autant plus affectés, physiquement, moralement, psychologiquement et même spirituellement. Le Seigneur nous invite au contraire à le vivre dans la foi, à l’accueillir comme un entraînement au combat spirituel en prenant les moyens d’en faire un temps de conversion. Un temps pour trouver la paix et l’espérance que donne le Seigneur.

J’aimerais vous adresser trois appels qui peuvent vraiment nous aider à entrer dans ce combat spirituel avec Jésus dans ce contexte si particulier.

D’abord, je vous invite à prier chaque jour et si possible un peu plus longuement que vous ne le faites en temps ordinaire. Jésus nous dit : « Priez pour ne pas entrer en tentation » (Mt 26, 41). Dieu nous remplit de force dans la prière pour nous aider à vivre le combat spirituel. De fait, quelle que soit notre manière de prier, le Seigneur nous donne sa paix dans la prière.
On ne perd jamais son temps à prier même si nous avons beaucoup d’activités. L’important est de vivre dans la foi ce cœur à cœur avec le Seigneur, comme fils et filles bien-aimés du Père. Durant ce Carême, prions pour être en communion avec le Seigneur, et aussi prions les uns pour les autres et pour notre humanité en ces temps difficiles.

Deuxièmement, dans ce contexte de pandémie qui provoque des tensions dans la société et dans l’Église. Où aussi la vérité côtoie le mensonge au point qu’on ne sait plus trop en qui nous pouvons mettre notre confiance, il est plus que jamais essentiel de nous nourrir de la Parole de Dieu. Jésus a pu résister à Satan en s’appuyant sur la Parole de Dieu. C’est par elle que l’Esprit saint nous guide vers la vérité tout entière.
Nous pouvons méditer la Parole de Dieu en prenant par exemple les textes de la liturgie de chaque jour qui nous conduisent, en ce temps de Carême, à vivre un réel approfondissement de notre foi. En nous familiarisant avec la Lectio divina, c’est-à-dire non seulement lire ces passages de la Bible mais aussi essayer de les comprendre et adresser une prière à partir de que le Seigneur nous aura inspiré. C’est de cette manière que nous pouvons vraiment nous nourrir de la Parole de Dieu et nous enraciner dans la fidélité à la volonté de Dieu.

Enfin, on ne peut pas s’approcher du Seigneur sans s’approcher des autres. En ce temps de pandémie, beaucoup de gens souffrent physiquement, mais aussi moralement et d’autres tombent dans la précarité. Le Carême nous pousse à sortir de notre égoïsme et à faire quelque chose pour les autres. Le soutien matériel est important, mais aussi le soutien moral, les gestes d’amitiés. Comme le dit saint Pierre : « Avant tout, ayez entre vous une charité intense, car la charité couvre une multitude de péchés. » (1 P 4, 8)

Ces quarante jours sont donc un temps de combat spirituel, mais nous y recevons aussi beaucoup de joie spirituelle comme l’évoque saint Marc en disant, qu’après que Jésus ait vaincu Satan, « les anges le servaient ». Belle expression pour désigner la grâce de Dieu qui nous est donnée. Nous avons un beau témoignage d’espérance à répandre autour de nous. Dieu ne nous laisse pas tomber.

À partir du 3° dimanche de Carême, vous serez invités par votre Curé à célébrer les scrutins afin de faire apparaître dans votre cœur « ce qu’il y a de faible, de malade et de mauvais, pour le guérir, et ce qu’il y a de bien, de bon et de saint, pour l’affermir.  » Vous ne serez pas seul sur ce chemin, vos accompagnateurs seront à vos côtés, mais aussi tous les baptisés qui ont à vivre aussi ce combat spirituel du Carême pour renouveler leur foi et vous entourer fraternellement lors de la Vigile Pascale. Amen.

† Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon